(c) Phanie - Voisin

Grève des Urgences : le mécontentement gagne toute la France

Commencée en mars dernier, la grève des services d’urgences n’en finit pas de s'étendre.

par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

Le 10 octobre, le Collectif Inter Urgences recensait 267 services en grève, ce qui représente plus de la moitié des services d’urgences (1). Et le mouvement semble loin de s’essouffler.

Un mouvement pas assez pris au sérieux

De quelques services début mars, 95 se revendiquaient en grève le 11 juin dernier.

Le personnel soignant en grève réclame 10 000 postes supplémentaires, l’arrêt de la fermeture des lits et une hausse de salaire de 300 euros nets par mois (2).

La grogne s’amplifiant, Agnès Buzyn annonce le 14 juin, lors de l’ouverture du congrès des Urgences à Paris, le déblocage d’une enveloppe spécifique de 70 millions d’euros, dont 55 millions financeraient une prime de risque de 100 euros pour le personnel urgentiste ainsi qu’une prime de coopération de 100 euros bruts mensuelle consistant à déléguer certains gestes médicaux aux infirmiers urgentistes dans certains services seulement. Les 15 millions d’euros restants sont alloués à l’embauche de personnel paramédical durant l’été.

Ces annonces ne suffisent pas car la colère gronde à la rentrée des vacances : 233 services d’urgences sont en grève le 1er septembre. Les médecins urgentistes rejoignent le conflit aux côtés des soignants.

Une réponse du ministère jugée hors sujet

Les revendications restent les mêmes, la ministre tente d’y répondre de nouveau avec un pacte de refondation des urgences annoncé le 9 septembre, et doté de 754 millions d’euros. L’esprit de ce plan est de miser sur une meilleure organisation des soins. C’est encore une réponse hors sujet pour les grévistes car ce plan ne prévoit ni des réouvertures de lits, ni de revalorisation des salaires des soignants. Les salaires des infirmiers français se situent pourtant au 22e rang sur 33 pays à niveau économique similaire d’après l’OCDE.

Le 15 octobre, les urgentistes en grève se joignent aux quelques 8 à 10 000 pompiers en colère à Paris…

Et la suite du mouvement s’organise déjà : un nouvel appel à la manifestation le 14 novembre prochain à Paris a été lancé par plusieurs centaines de médecins et des milliers de soignants.

(1) Carte de France des services d’urgences en grève.

(2) La crise des urgences s'enlise

par Carole Ivaldi