Stratégie nationale de santé
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POINT

Agnès Buzyn lance les travaux de la stratégie nationale de santé

D’ici à la fin de l’année, la France sera dotée d’une nouvelle « stratégie nationale de santé » a annoncé la ministre, Agnès Buzyn, le 18 septembre dernier. Le haut conseil de la santé publique venait de lui remettre son diagnostic sur l’état de santé des Français. « Ce rapport a identifié quatre thèmes prioritaires autour desquels s’organiseront les grands chantiers en matière de santé à moyen et long terme » a expliqué Agnès Buzyn devant la presse.

4 priorités

Il s’agit de la prévention et de la promotion de la santé, de la lutte contre les inégalités sociales et territoriales d’accès à la santé, de la nécessité d’accroître la pertinence et la qualité des soins et enfin du chantier de l’innovation.

Sur le premier thème, « une attention particulière sera portée aux enfants et aux jeunes » a précisé la ministre. Sur le second, Agnès Buzyn prend un peu d’avance, en présentant dès la première semaine d’octobre, « un plan d’accès aux soins » contre les déserts médicaux qui aura vocation à être complété par la suite. Sur le sujet de la qualité des soins, la ministre qui a été présidente de la Haute autorité de santé (HAS) souhaite « engager une réflexion sur l’évolution de la tarification à l’activité qui prenne davantage en compte les parcours, la qualité et la pertinence des soins et des actes ». Elle estime en outre que « la formation des professionnels est un second levier indispensable pour développer cette culture et ce souci permanent de qualité ». Enfin, la question de l’innovation est pensée au sens « organisationnel, médical, technologique et numérique ». Le président de la République avait annoncé un fonds de 5 milliards d’euros sur ce champ.

Changement de méthode

Concrètement, d’ici à la mi-octobre, les directeurs du ministère de la Santé rencontreront les principaux représentants du secteur de la santé, des élus et des usagers pour « recueillir leurs attentes et leurs propositions autour des quatre thèmes prioritaires ». Un premier projet de stratégie sera rédigé à ce moment-là par le ministère. Le projet sera ensuite mis en ligne sur internet pour donner la possibilité aux Français, tout au long du mois de novembre, de « réagir, de faire des propositions et de partager leurs expériences de terrain ». En décembre, c’est le Premier ministre qui réunira un « comité interministériel de la santé » pour « acter le contenu de la stratégie nationale de santé » laquelle sera publiée dans un décret avant la fin de l’année. C’est un changement de méthode par rapport aux ministres de la Santé précédents qui avaient tous (Marisol Touraine, Roselyne Bachelot, Xavier Bertrand, Philippe Douste-Blazy, Bernard Kouchner) eu l’occasion de bâtir un projet de loi de santé au cours de leur mandat, le plus souvent après une période de plusieurs mois de concertations ou autres états généraux.

Une collaboration avec les autres ministères

« Cette stratégie nationale de santé va fixer pour cinq ans les priorités du gouvernement afin de donner de la lisibilité et de la cohérence aux actions du ministère, a souligné Agnès Buzyn. Notre système de santé a beaucoup de forces notamment le haut niveau de compétences de ses professionnels mais également des faiblesses en particulier la persistance des inégalités face à la santé. Nous devons commencer à sortir d’un système de santé encore trop souvent construit en silos comme nous devons apprendre à sortir du tout hôpital ».

Concrètement, la stratégie sera mise en musique au courant de 2018 par les agences régionales de santé (ARS) qui doivent justement écrire l’année prochaine leurs nouveaux projets régionaux de santé. Elle le sera aussi au niveau national dans un vaste « programme de santé publique » qui vise à remplacer les différents plans de santé publique existants. Agnès Buzyn a également beaucoup insisté sur sa volonté de travailler en collaboration avec les autres ministères sur les questions de santé : l’éducation nationale sur l’éducation à la sexualité, l’agriculture sur l’alimentation ainsi que l’environnement et le travail. « La volonté des autres ministères de travailler sur les questions de santé est réelle » veut croire la ministre.

Dans son diagnostic, le Haut conseil de la santé publique a identifié « quatre grands problèmes de santé à prendre en compte » :

  • les risques sanitaires liés à l’augmentation prévisible de l’exposition aux polluants et aux toxiques,
  • l’augmentation de l’exposition aux risques infectieux,
  • l’augmentation de la prévalence des maladies chroniques et de ses conséquences
  • l’adaptation du système de santé aux enjeux démographiques, épidémiologiques et sociétaux.
par Véronique Hunsinger