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POINT

Offre de soins : les projets des professionnels du territoire

Dans son rapport Améliorer l’offre de soins : initiatives réussies dans les territoires, publié le 22 février dernier, le Conseil national de l’ordre des médecins (Cnom) a souhaité mettre en avant les initiatives de terrain élaborées par les professionnels de santé.

Le rapport du Cnom, fruit d’un recensement de plus d’une centaine d’initiatives portées dans toutes les régions de France par des acteurs locaux, « vient confirmer la pertinence », d’après l’Ordre, de quatre grands principes au cœur du projet de réforme qu’il porte : libérer en offrant un cadre qui permette de catalyser les énergies des acteurs individuels, décentraliser, simplifier et garantir un réel accès aux soins à tous. « Les solutions existent et c’est ce que nous voulons dire aujourd’hui, a souligné le Dr Patrick Bouet, président du Cnom lors du débat organisé pour la sortie du rapport. Depuis deux ans, nous prenons en compte la situation du système de santé et sa problématique. S’il continue à pouvoir apporter des soins de qualité, c’est parce que les professionnels de santé le portent et offrent des soins pertinents. »

Solutions innovantes

Ce rapport permet ainsi de faire l’inventaire des solutions innovantes. « Ce n’est pas en calquant des solutions nationales que nous apporterons des réponses aux besoins spécifiques des territoires, a soutenu le président de l’Ordre. Nous avons des centaines d’expérimentations qui n’en sont plus car ce sont des actions de terrain. » « Les réponses à apporter dans les territoires ne sont pas unique ni reproductible en l’état sur l’ensemble du territoire, sinon ce serait un constat d’échec, a renchéri Cécile Courrège, directrice de l’Agence régionale de santé (ARS) Pays-de-la-Loire.

Un exemple : la Mayenne qui fait partie des territoires où la démographie de médecine générale est la plus faible de France pourtant il s’agit du territoire pour lequel « je suis la moins saisie pour l’accès aux médecins généralistes car ils se sont pris en main, avec des leaders médicaux qui ont su mobiliser et cela se traduit par des pôles et des maisons de santé. » affirme Cécile Courrège. « Une vraie démocratie sanitaire c’est partir du territoire pour demander aux professionnels de santé leurs idées pour améliorer l’offre de soins, a ajouté Patrick Romestaing, vice-président du Cnom. Notamment parce que les acteurs locaux connaissent les problématiques qui se posent à eux.

« Il ne faut plus être dans le constat mais dans les propositions et ce sont les territoires qui doivent nous donner les solutions », a expliqué le Dr François Arnault, auteur du rapport. Dans le cadre de son élaboration, il a constaté que partout où les initiatives ont réussi, l’ensemble des partenaires étaient aux manettes : l’Etat, par l’intermédiaire des ARS et quelquefois des préfets, les collectivités territoriales, communes, conseils départementaux et conseils régionaux, les URPS, l’Université ou encore l’Ordre.

Des exemples précis

Le rapport du Cnom identifie d’ailleurs les principales catégories d’initiatives qui portent d’ores et déjà leurs fruits dans les territoires.

1er exemple : la création de maisons pluridisciplinaires de santé (MSP), accompagnée d’un travail mené par tous les acteurs pour en assurer la meilleure répartition géographique au sein d’un territoire. Le Cnom, qui est très souvent un partenaire de ces MSP, met cependant en garde contre la tentation de voir dans ces maisons de santé un nouveau modèle unique d’organisation à déployer dans tous les territoires car elles ne sont pas nécessairement la réponse à tous les problèmes.

Autre initiative : l’accompagnement et l’encouragement aux stages professionnalisants pour les étudiants en médecine ainsi que la mise en œuvre de lieux multiples d’exercice pour les praticiens. Enfin, la promotion de l’assistanat auprès de médecins installés, sous toutes ses formes.

Le rapport dresse également un état des lieux des initiatives les plus originales et les plus pertinentes. Par exemple, en plein désert médical, dans l’agglomération dijonnaise, une maison universitaire de santé et de soins primaires (MUSSP) qui se veut être le véritable pendant ambulatoire des CHU pour former les jeunes médecins a vu le jour. Elle regroupe près de 25 professionnels de santé aux compétences complémentaires. Les professionnels libéraux sont structurés en société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA), accueillent des étudiants en médecine stagiaires et coordonnent trois projets de recherche en soins primaires.

Certains territoires ont par ailleurs intégré le statut de médecin adjoint. Ce dispositif consiste à autoriser les étudiants, ayant validé leur cursus de troisième cycle et en possession d’une licence de remplacement, à être affectés en tant qu’adjoints auprès de médecins généralistes sur le territoire. Ce statut leur permet, dans le même temps que le médecin auprès duquel ils sont autorisés, d’exercer avec le matériel informatique et les feuilles de soins du médecin installé. Ce contrat présente l’avantage de permettre temporairement à un jeune médecin, non thésé, de collaborer avec un médecin installé. Il doit légitimement être accompagné par un arrêté préfectoral avec accord de l’ARS. De nombreux départements ont recours à ces postes d’adjoints : dans les Deux-Sèvres, dans la Vienne, dans la Loire ou encore dans l’Aube.

Des solutions multiples pour lutter contre les déserts médicaux
· Maisons pluridisciplinaires de santé (MSP)
· L’encouragement aux stages professionnalisants pour les étudiants
· Mise en œuvre de lieux multiples d’exercice pour les praticiens
· Société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA)
· Le statut du médecin adjoint

par Laure Martin