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Renforcer la lutte contre les maladies sexuellement transmissibles

Les infections sexuellement transmissibles (IST) représentent un problème majeur de santé publique en France, notamment les principales : infection à VIH/Sida, hépatites virales B et C, syphilis, gonococcie, infections à chlamydia. Depuis 2015, certaines IST (lymphogranulomatoses vénériennes, gonococcies, méningocoque du sérogroupe C) connaissent une augmentation inquiétante témoignant du déclin de l’utilisation des préservatifs.

par Cécile Menu.

Cecilemenu

Le fait que le  VIH puisse être traité est l’une des raisons pour lesquelles la population se désintéresse de l’usage du préservatif, c’est ce que les acteurs de terrain, dont font partie les membres de la Fédération Française de Sexologie et de Santé Sexuelle (FF3S)*, ont pu constater. Devant ce phénomène, des mesures de prévention ont été mises en place par le gouvernement dans le cadre de la Stratégie nationale de santé sexuelle (Agenda 2017 – 2030, https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/strategie_nationale_sante_sexuelle.pdf). Ainsi, le préservatif fait l’objet d’une prise en charge par l’Assurance maladie depuis le 10 décembre 2018. Cette prise en charge concerne les femmes comme les hommes. La délivrance, sous forme de boîtes de 6, 12 ou 24 préservatifs, s’effectue en officine de pharmacie sur présentation d’une prescription d’un médecin ou d’une sage-femme. Le remboursement des préservatifs est une avancée considérable car elle remet le professionnel de santé au sein même de la prévention des grossesses non désirées et des IST. Le préservatif devient une prescription comme la contraception, le traitement des IST et des bilans biologiques nécessaires. « Le remboursement des préservatifs est  une première avancée mais il reste encore beaucoup à faire pour que nos concitoyens aient une meilleure qualité de vie, la sexualité étant un facteur essentiel » précise le Dr Rosa Carballeda, Présidente de la FF3S*.

VIH, une offre de dépistage variée qui répond aux besoins de chacun
Depuis janvier 2016, l’offre de dépistage s’est développée. Il existe quatre façons de faire un test de dépistage VIH, associé ou non à un dépistage d’autres IST :
• Le test dans un laboratoire d’analyses médicales est remboursé sur ordonnance d’un médecin, confidentiel et on peut également y faire des tests de dépistage des autres IST (sur prescription).
• Le test dans un CeGIDD (centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic du VIH, des hépatites et des IST) est gratuit, anonyme, sans rendez-vous et ces centres proposent également des tests de dépistage des autres IST.
• Le TROD (Test Rapide d'Orientation Diagnostique) VIH proposé par les acteurs associatifs est gratuit, anonyme et permet d’avoir un résultat rapide et d’être accompagné par des chargés de prévention spécialisés.
• L’autotest VIH, en vente dans les pharmacies, permet de faire le test soi-même et d’obtenir un résultat rapide, quand on veut, où l’on veut. 

Source Santé Publique France


Une augmentation du nombre d’infections à gonocoque déclarées et une stabilisation de la syphilis

Le nombre d’infections à gonocoque déclarées continue d’augmenter (+ 32% entre 2015 et 2016), aussi bien en Ile-de-France que globalement dans les autres régions. L’augmentation est plus marquée chez les hommes ayant des rapports sexuels avec les hommes – HSH – (+ 41% sur la même période) comparativement aux hétérosexuels (+ 4%). Les HSH représentent 69 % des cas rapportés en 2016 ; Les classes d’âges les plus touchées sont les 20-39 ans chez les HSH (72 % des cas) et les 20-29 ans pour les femmes (59 %) et les hommes hétérosexuels (64 %). L’âge médian au diagnostic est de 29 ans chez les HSH, de 25 ans chez les hommes hétérosexuels et de 22 ans chez les femmes hétérosexuelles. À noter que chez les moins de 25 ans, on observe une prévalence élevée des infections uro-génitales à Chlamydia et des infections à gonocoque, conséquence d’un nombre de partenaires plus important couplé à une utilisation non systématique du préservatif. En revanche, on constate dans la population générale une stabilisation de la syphilis et des infections uro-génitales à Chlamydia trachomatis (plus de 90% des cas concernent des HSH). Chez les HSH et les hommes hétérosexuels, les 20-49 ans représentent la classe d’âge la plus touchée par la syphilis, tandis que chez les femmes, la majorité a moins de 39 ans. L’âge médian au diagnostic est de 37 ans chez les HSH, de 36 ans chez les hommes hétérosexuels et de 32 ans chez les femmes hétérosexuelles.

Sur les 6 003 personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2016, 20 % d’entre elles était des seniors

Progression IST


Le VIH n’épargne pas les séniors

Une étude parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de Santé Publique France du 27 novembre dernier mettait en évidence que sur les 6 003 personnes ayant découvert leur séropositivité VIH en 2016, 20 % d’entre elles était des seniors, pourcentage comparable à celui observé dans l’ensemble des pays de l’UE/EEE (19% en 2016). La très grande majorité, 73%, avait entre 50 et 59 ans. Plus de la moitié des séniors touchés étaient nés à l’étranger principalement en Afrique subsaharienne. L’étude révélait que le nombre annuel de découvertes chez les seniors de 2008 à 2014 avait augmenté de 22% pour se stabiliser ensuite. Cette augmentation concernait essentiellement les 50-59 ans et les 60-69 ans, tandis que chez les 25-49 ans, cette occurrence diminuait de 14 % sur la période 2008-2016. En 2016, près des trois-quarts des seniors ayant découvert leur séropositivité VIH étaient des hommes, la moitié d’entre eux ayant été contaminés lors de rapports hétérosexuels et l’autre moitié par des rapports sexuels entre hommes. Le nombre d’HSH de 50 ans et plus ayant découvert leur séropositivité a d’ailleurs fortement augmenté entre 2008 et 2016, qu’ils soient nés en France ou à l’étranger. La quasi-totalité des femmes, les seniors comme les plus jeunes, ont été contaminées lors de rapports hétérosexuels. La situation chez les seniors hétérosexuels pourrait s’expliquer par une moindre appropriation des mesures de prévention dans cette classe d’âge. Ces résultats soulignent l’importance d’accroître le recours à leur dépistage, en les sensibilisant au risque d’infection à tout âge de la vie, et de promouvoir la proposition de dépistage par les professionnels de santé chez les plus de 50 ans.

OnSexprime.fr : un site dédié à la sexualité des jeunes
OnSexprime.fr est le site de référence qui accompagne les jeunes vers une sexualité positive et responsable. Il aborde ce sujet de manière globale : prévention des IST, contraception, mais également vie affective, relations amoureuses, corps, violences... Il s’appuie sur les outils interactifs plébiscités par les jeunes (vidéos, modules interactifs, témoignages), utilise les réseaux sociaux (page Facebook animée, chaîne YouTube) et développe ses nouveaux contenus en lien avec les dernières technologies et tendances observées. Source Santé Publique France

Notes

(1) La FF3S, composée de professionnels de santé titulaires d’un diplôme inter universitaire de sexologie médicale, participe à la prévention, au dépistage et à l’accompagnement sur le plan de l’intimité psycho-affective et sexuelle des patients souffrants de maladies chroniques. Elle permet également, par le biais de ses campagnes d’informations auprès du grand public, de ses formations envers les professionnels de santé et des travailleurs sociaux, de participer au développement de la santé sexuelle sur le territoire français et Outre-Mer. La FF3S avait salué la mise en place de la Stratégie nationale de santé sexuelle à laquelle elle contribue.
La FF3S rappelle qu’il est primordial avant toute consultation avec un spécialiste de sexologie médicale de vérifier qu’il soit bien qualifié, en consultant les annuaires présent sur les sites du Syndicat national des médecins sexologues, de la Société française de sexologie clinique SFSC ou sur «  Trouver un sexologue.fr ».

Pour prolonger votre lecture sur ce thème : Informer sur les IST, une tache délicate pour le médecin qui dérange les croyances de son patientInformer sur les IST, une tache délicate pour le médecin qui dérange les croyances de son patient