Le mouvement One health pour le rapprochement des médecines humaine, animale et environementale
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Décloisonnons la communication entre médecins et vétérinaires

Homme, animal, environnement : entre les trois domaines, les interconnexions sont nombreuses. Améliorer la communication entre les experts de ces trois secteurs permettrait de prévenir des contaminations. Le point avec le Dr Marc Prikazsky, président du laboratoire vétérinaire, Ceva Santé Animale.

Propos recueillis par Laure Martin.

LaureMartin

Pouvez-vous expliquer le concept One Health ?

C’est un sujet que l’on comprend mieux aujourd’hui en raison de la crise sanitaire. Mais nous l’abordons de longue date dans notre formation vétérinaire. Nous sommes baignés dans la santé de l’animal, dans une démarche épidémiologique et d’éradication des maladies. En tant que vétérinaire, nous sommes formés sur les zoonoses et sur la façon d’en protéger l’homme. C’est d’ailleurs ce que nous apprenons au travers de la Covid-19, à savoir comment éradiquer une maladie. Cela fait partie de notre expertise vétérinaire et relève moins du ressort initial des médecins.

Le concept One Health y fait écho puisque la finalité est de dire que nous vivons dans un système au sein duquel les interconnexions entre l’homme, l’animal et son environnement sont nombreuses. L’animal pouvant transmettre des maladies à l’homme, mettre en place plus d’échanges et de communication entre les différents professionnels de santé s’avère être la clef pour éviter leur développement.

La modification de l’environnement peut favoriser l’apparition de vecteurs de transmission. On le voit avec les tiques, les moustiques.

L’animal peut en effet être une sentinelle de ce qui peut arriver à l’homme. Certaines zoonoses sont très bien contrôlées comme la rage par exemple. Mais dans certains cas, c’est plus compliqué, par exemple avec les animaux errants. De même que la modification de l’environnement peut favoriser l’apparition de vecteur de transmission. On le voit avec les tiques, les moustiques. Le rapprochement du médecin généraliste et des vétérinaires est donc la clef, le décloisonnement est vital.

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Quid de ce décloisonnement en France ?

Le décloisonnement entre la médecine humaine et de la santé animale est très compliqué à mettre en œuvre. Pourtant, il faut vraiment travailler au niveau local pour effectuer des tests et obtenir des résultats concrets. En Nouvelle-Aquitaine, nous avons pu mettre en place des projets à moyens termes. Nous en avons un avec l’Institut national de la recherche agronomique (Inrae) sur les vecteurs. Nous savons que les maladies qui vont être problématiques sont celles qui sont associées à ces vecteurs. Or il est possible de connaitre la façon dont ils migrent. Pourquoi ne pas mettre en place une cartographie de la migration des moustiques tigres ?

Le problème aujourd’hui, c’est que nous avons des réseaux d’épidémiologie de surveillance mais ils ne sont pas interopérationnels.

Il est impératif d’améliorer la communication sur la manière d’intervenir sur les écosystèmes à l’échelle locale.

Le médecins et vétérinaires ont-ils des bases de données communes ?

Les médecins sont au bout de la chaîne et voient apparaître les pathologies. La finalité est donc de pouvoir les prévenir en amont afin de mieux contrôler la maladie sur l’homme. Le problème aujourd’hui, c’est que nous avons des réseaux d’épidémiologie de surveillance, mais ils ne sont pas interopérationnel !

Le cabinet libéral devrait avoir accès à toutes les informations qui circulent sur les animaux car elles existent ! Il faut les rendre facilement disponibles avec par exemple une plateforme commune permettant alors d’obtenir des diagnostics précoces.