(c) BSIP

Agir sur la prévention des maladies chroniques

Par Cécile Menu

Cecilemenu

Le CESE a adopté le mardi 11 juin 2019 le projet d'avis « Les maladies chroniques », présenté en session plénière par Anne Gautier (Groupe de l’agriculture) et Michel Chassang (Groupe des professions libérales), au nom de la section des affaires sociales et de la santé, présidée par Aminata Koné.

En France, 10,7 millions de personnes sont concernées par le dispositif des Affections longue durée (ALD). Ces ALD représentent 60% des dépenses de santé équivalant à 84 milliards d’euros. Elles sont en réalité bien plus nombreuses, 20 millions de personnes ont recours à des soins liés à une pathologie chronique selon l’Assurance maladie, soit 35% de la population couverte par le régime général.

→ La prévalence des maladies chroniques est en constante évolution et concerne essentiellement la tranche d’âge de 55 à 85 ans. Les admissions en ALD montrent en effet, entre 2011 et 2017, une croissance annuelle moyenne de + 5,1% et l’on prévoit une croissance de la prévalence de certaines maladies chroniques de plus de 20 % entre 2015 et 2020.
→ La durée de vie des patients augmente.
→ Parmi les personnes admises en ALD, un tiers d’entre elles souffre de polymorbidités.

Cette augmentation de la prévalence s’explique en partie par le vieillissement de la population et les progrès de la médecine contribuant à la chronicisation de maladies autrefois aigües et favorisant un accroissement de la durée de vie des patients.
Enfin, l’environnement physique, biologique, chimique mais aussi psychique, social et médical, ainsi que les changements dans l’alimentation et les modes de vie, jouent un rôle majeur dans l’apparition, le développement et l’aggravation de ces maladies chroniques.

 

Répartition des maladies chroniques les plus représentatives en termes d’effectif dans la population

Maladies cardiovasculaires : 32%
Diabète : 25%
Tumeurs malignes 20%
Psychiatrie longue durée 14%


Les défis majeurs identifiés par le CESE

L’annonce de la maladie est un moment clé car il contraint autant les adultes que les plus jeunes à réorganiser leur vie. Ce bouleversement de la vie professionnelle, privée et familiale touche également l’entourage susceptible de voir sa santé en danger. Même si des dispositifs existent pour accompagner les patients et les aidants (1), le système de santé français, bien que performant, reste malgré tout trop cloisonné et non adapté à la maladie chronique. Le système souffre d’un manque de coopération entre les parties prenantes : professionnels de santé, sécurité sociale et médico-social. Aujourd’hui, la spécialisation est valorisée mais la coordination non rémunérée. 

Le système de santé français [...] souffre d’un manque de coopération entre les parties prenantes : professionnels de santé, sécurité sociale et médico-social.

De fortes inégalités sont observées face aux facteurs de risque. Sur les 20 millions de patients atteints de maladies chroniques, seule la moitié bénéficie d’un régime ALD, les populations les plus défavorisées restant les plus vulnérables. Les conséquences sur l’emploi, l’insertion et la vie sociale ne sont pas les mêmes pour tous. Les femmes, les plus touchées par cette dégradation de la situation sociale, sont deux fois plus nombreuses à perdre leur emploi et subissent une perte de revenus significativement plus importante que les hommes. Aujourd’hui 15 % de la population active est atteinte d’une maladie chronique. D’ici 2025, elle représentera 25 %. Salariés, employeurs et travailleurs indépendants sont donc impactés.

La recherche quant à elle montre également ses limites. Bien qu’elle soit d’une contribution majeure pour la guérison de certaines pathologies ou du mieux-vivre, elle n’intègre pas suffisamment les interactions entre les dimensions sanitaires, médicosociales et sociales et n’implique pas suffisamment les malades eux-mêmes.

Face à ces défis, les préconisations du CESE

La réponse s’inscrit sur le long terme car la durée d’un traitement ou de la prise en charge n’est plus limitée à la guérison mais à l’espérance de vie des patients. Dans cet esprit, 20 préconisations ont été formulées autour de trois axes.

Agir sur les causes et la connaissance des maladies chroniques passe par la prévention primaire. Devant la dilution de la responsabilité, le CESE préconise que soit confiée conjointement aux ministères de la Santé et de l’Environnement la mission de définir, mettre en œuvre, évaluer et contrôler une politique publique de prévention des maladies chroniques. L’information donnée par les industriels (étiquetage) aux consommateurs doit être transparente, fiable et compréhensible. Donner plus de place aux formations initiales et continues des professionnels de la santé et à l’accompagnement social et médico-social amènerait les différents acteurs à travailler ensemble plus efficacement.

Le CESE recommande de passer d’une logique de suivi à une logique de parcours global, coordonnée, fluide et efficace, impliquant l’ensemble des acteurs de l’hôpital à la ville. Cela passe par un partage de l’information, notamment l’ouverture d’un DMP au moment de l’annonce de la maladie chronique, une meilleure coordination des professionnels et une révision de la tarification. Le déploiement de la télémédecine est un levier efficace de prévention à condition que tous en bénéficient.

La prise en charge des maladies chroniques doit s’organiser autour de deux notions clé, l’autonomie et la participation, l’éducation thérapeutique est donc le troisième axe des préconisations. Le CESE recommande de développer les programmes indépendants de recherche sur les maladies chroniques multidisciplinaires et participatifs. Enfin, il rappelle le rôle essentiel de la médecine du travail dans le maintien ou le retour à l’emploi des salariés souffrant de maladies chroniques, un objectif majeur. Et comme les pathologies chroniques concernent également les enfants et les jeunes, le CESE insiste sur la nécessité de mettre en œuvre le droit à une scolarité adaptée.


Note

(1) Loi n° 2019-485 du 22 mai 2019 visant à favoriser la reconnaissance des proches aidants

par Cécile Menu

Actualités

Mise au point

Maladie de Basedow chez l’enfant

Un garçon de cinq ans est adressé par son médecin traitant pour prise en charge d’une tachycardie sinusale ...

Cas clinique

Hématémèse de l’enfant

L’enfant F., de sexe masculin, âgé de 2 ans et demi, est hospitalisé pour hyperthermie et survenue de ...

Médicaments

Santé numérique

Recherche et innovation