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Perturbateurs endocriniens : comment protéger ses patients ?

L’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a publié un guide à destination des praticiens afin qu’ils puissent dispenser des conseils à leurs patients pour éviter la contamination chimique et les perturbateurs endocriniens.

Comme le rappelle le Dr Laurent Saccomano, président de l’URPS médecins PACA, en préambule du guide réalisé avec l’Association santé environnement France (Asef), les perturbateurs endocriniens (PE) font partie de notre quotidien. Emballages alimentaires, cosmétiques, jouets, ils sont partout et leur toxicité sur la santé n’est plus à démontrer. L’URPS a décidé de se saisir de cette problématique, pour apporter des clefs et des éléments de réponses aux professionnels de santé, qui ne sont pas toujours en mesure d’informer et d’aider leurs patients. Mine d’informations, ce guide apporte des renseignements précis sur les PE, sur les maladies qui découlent de l’exposition aux PE et donne des conseils que les praticiens peuvent diffuser auprès de leur patientèle.

Les perturbateurs endocriniens, qu’est-ce que c’est ?

Les PE appartiennent à un ensemble très vaste de substances chimiques. Ils ont en commun une action démontrée sur l’axe hypothalamo-hypophysaire et potentiellement sur toutes les glandes endocrines et hormones, notamment sexuelles (oestrogènes et testostérone) et thyroïdiennes. Certaines périodes de la vie rendent les populations plus vulnérables à l’action des PE : la période embryonnaire, fœtale, la petite enfance ainsi que la puberté, périodes auxquelles les organes sont en formation ou développement et soumis à la régulation des hormones.

Les maladies

Les PE peuvent être à l’origine de dommages irréversibles in utero et lors de la période périconceptionnelle. Les épidémiologistes observent que les maladies non infectieuses (troubles de la fertilité, maladies métaboliques, cardiovasculaires, cancers, maladies de l’immunité) ont pris le pas depuis plusieurs décennies sur les maladies infectieuses. Cette transition épidémiologique s’explique par des facteurs environnementaux dont les PE. Les principales voies d’exposition sont aériennes et alimentaires, mais aussi la voie cutanée ou la voie sanguine à travers le matériel de perfusion.

  • Les cancers

L’augmentation rapide de l’incidence de certains cancers (prostate, sein, testicule chez l’homme jeune, ovaire) dans de nombreux pays, leur répartition géographique hétérogène ainsi que leur caractère hormono-dépendant sont des arguments en faveur de la responsabilité des facteurs environnementaux, notamment des PE dans la génèse de ces cancers. Les facteurs de risques déjà connus (facteurs de risque génétiques, alimentaires) et d’autres facteurs explicatifs comme l’amélioration du dépistage, du diagnostic et l’augmentation de l’espérance de vie, n’expliquent pas l’explosion de ces pathologies à travers le monde.

  • Les maladies métaboliques

L’épidémie de maladies métaboliques, responsables de plus de la moitié de la mortalité dans le monde, n’est plus à démontrer. L’augmentation rapide et globale de ces pathologies, notamment l’obésité et le diabète, semble indiquer que des facteurs environnementaux jouent un rôle dans cette épidémie.

  • Les troubles du neurodéveloppement

Les troubles du spectre autistique (TSA), les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH), la baisse du coefficient intellectuel et les troubles des apprentissages, sont de plus en plus fréquents chez l’enfant. Cette augmentation ne pourrait pas être attribuée de manière exclusive aux facteurs génétiques, diagnostiques et de dépistage. Elle doit aussi être reliée à une exposition à des facteurs environnementaux dont les PE.

  • Malformation de l’appareil génital masculin et troubles de la fertilité

Dans les pays occidentaux, ces dernières décennies ont été marquées par une augmentation de l’incidence des malformations de l’appareil génital masculin. Est née la notion de syndrome de dysgénésie testiculaire, qui désigne un ensemble d’anomalies telles que la cryptorchidie, l'hypospadias et le cancer du testicule.

Par ailleurs, dans de nombreux pays industrialisés, une augmentation des consultations pour infertilité est constatée. La qualité du sperme, mesurée par le nombre de spermatozoïdes par millilitre, a diminué de 50 % entre 1938 et 1991. Cette baisse générale de la qualité du sperme est variable selon les régions, ce qui fait suspecter le rôle des facteurs environnementaux dont les PE. Les troubles de fertilité chez la femme (troubles de l'ovulation, anomalies de l’utérus ou des trompes, endométriose…) pourraient en partie résulter d’une exposition aux PE.

  • Les maladies neurodégénératives

Maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson, sclérose latérale amyotrophique sont des pathologies de plus en plus fréquentes liées au vieillissement de la population. Elles posent de nombreux problèmes en termes de diagnostic, de prise en charge et d’impact sur la qualité de vie. Les facteurs environnementaux sont évoqués dans leur étiologie.

Comment se protéger ?

Des conseils pratiques peuvent être transmis des praticiens à leur patientèle pour se protéger des PE. Ces conseils sont d’autant plus importants en cas de projets de grossesse, pour les femmes enceintes ou allaitante et pour les enfants en bas âge et adolescents.

  • Air intérieur

Il est important d’aérer en grand tous les jours au moins dix minutes quelle que soit la saison, d’éviter les émanations de produits chimiques dans son intérieur (tabac, aérosols), la peinture à l’huile (COV) et privilégier les peintures naturelles, à l’eau, écolabellisées. De même qu’il est fortement déconseillé d’utiliser des pesticides et insecticides.

  • Alimentation

Il est recommandé de consommer de préférence des produits frais et des produits alimentaires «bio», locaux et de saison, de bien laver et éplucher les fruits et légumes (pesticides), de varier les espèces de poissons consommées et de limiter la consommation à deux portions de poissons par semaine dont un gras (saumon, sardine, maquereau). Il faut également éviter la consommation des produits ultra-transformés (parabènes et additifs dont nanoparticules).

  • Conservation et cuisson des aliments

Le guide recommande de privilégier les matériaux suivants : fonte, fer, verre, grès et les biberons en verre. Il faut éviter de chauffer les aliments dans des récipients en plastique, éviter d’utiliser les emballages alimentaires en papiers et cartons recyclés pouvant contenir des hydrocarbures saturés d'huile minérale (MOSH) et des hydrocarbures aromatiques d'huile minérale (MOAH). Certaines de ces substances pourraient migrer et contaminer des produits alimentaires courants (pâtes, riz, céréales, biscuits…) et agir comme cancérogènes.

  • Cosmétiques et produits d’hygiène

Il est conseillé de privilégier les produits bio avec écolabels. Mieux vaut éviter d’utiliser les produits contenant: triclosan, triclocarban, alkylphénols, parabènes, phtalates, métaux lourds, formaldéhyde (non classé comme PE mais cancérigène) présents dans les dentifrices, déodorants, crèmes, maquillage, etc.

  • Produits ménagers

Les produits naturels sont à privilégier comme le vinaigre blanc, le bicarbonate de soude, le savon, ainsi que les produits avec écolabels.

 

Source : http://www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2018/10/Guide-Perturbateurs-Endocriniens.pdf

 

par Laure Martin

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