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CHASSENET / BSIP

La Suisse mise sur les médecines non conventionnelles

La Suisse reconnaît officiellement que 4 médecines complémentaires remplissent les exigences légales en matière d’efficacité, de qualité et de sécurité. Le remboursement par l’Assurance maladie est entériné. 

Ainsi, à partir du 1er août 2017, les prestations médicales relevant de la médecine anthroposophique *, de l’homéopathie, de la médecine traditionnelle chinoise et de la phytothérapie seront prises en charge par l’assurance obligatoire des soins de santé (OPAS). Cette décision du Conseil fédéral, prise le 16 juin 2017, intervient au terme d’une longue mise à l’épreuve de ces médecines appelées complémentaires, douces, alternatives, naturelles, traditionnelles, parallèles, intégratives**… Cinq d’entre elles (les 4 visées par la décision de remboursement définitif, plus la thérapie neurale***) avaient été provisoirement inscrites au catalogue des soins en 1999, puis retirées en 2005 pour insuffisance de preuves de leur efficacité. Enfin après un référendum en 2009 qui a largement plébiscité ces cinq médecines conventionnelles, s’en est suivi une seconde période probatoire de six années pendant lesquelles celles-ci ont été remboursées par l’assurance de base.


C’est donc avec soulagement que la fédération de la Médecine complémentaire, l’intergroupe parlementaire Médecine complémentaire et l’union des Sociétés suisses de médecine complémentaire saluent la prise en compte définitive de la médecine complémentaire dans le système suisse de santé publique. Cette avancée est assortie d’une exigence que ces techniques soient appliquées par des médecins académiques ayant obtenu un certificat de capacité reconnu par la fédération des Médecins suisses (FMH) dans une des quatre disciplines et que ceux-ci « ne fournissent que des prestations efficaces, appropriées et économiques ».


Les associations de médecine complémentaire comptent que des décisions similaires suivent en matière d’autorisation et de remboursement des médicaments. Elles espèrent également que cette décision fédérale conduira à un développement de l’enseignement et de la recherche dans les universités.
www.fedmedcom.ch

En France

En France, l’ordre national des médecins reconnaît quatre pratiques : l’homéopathie, l’acupuncture, la mésothérapie et l’ostéopathie. Ces thérapies sont remboursées par la Sécurité sociale si c’est un médecin qui dispense ou prescrit ces soins. De son côté, le code de la santé publique stipule que « les médecins ne peuvent proposer aux malades comme salutaire ou sans danger un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé ». Selon l’ordre des médecins, 40 % des Français ont déjà eu recours à des médecines complémentaires

Dans le monde

L’Organisation mondiale de la santé a lancé en 2014 sa « Stratégie de l’OMS pour la médecine traditionnelle pour 2014-2023 ». Étant le suscite un intérêt grandissant de ces médecines alternatives et leur hétérogénéité (l’OMS en a recensé quelque quatre cents), ce plan a pour objectif d’aider les États à :
- intégrer plus étroitement les médecines complémentaires aux systèmes de santé nationaux
- favoriser un usage sûr et efficace de ces médecines par une réglementation des produits, des pratiques et des praticiens.
www.who.int/publications/list/traditional_medicine_strategy/fr/

 

* Elle considère l’être humain dans sa globalité – corps et esprit - et intègre la notion de compétence du patient

** Collaboration entre la médecine traditionnelle et complémentaire

*** Pratique, née en 1923 de la collaboration du Dr Ita Wegman avec Rudolf Steiner, philosophe, consistant à injecter de petites doses d'anesthésique au niveau de certains centres neurologiques. Le but est de réguler la circulation d'énergie dans le corps et de stimuler les mécanismes d'autorégulation