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Compléments alimentaires : informez vos patients sur les risques liés à leur usage

Dans son dernier rapport « Les compléments alimentaires contenant des plantes », l’Académie nationale de Pharmacie (AnP) dénonce les risques de santé publique liés à la consommation de certaines plantes utilisées dans la fabrication de compléments alimentaires.

 par Carole Ivaldi

Carole Ivaldi

Évalué à 1,8 milliard d’euros en 2017, le chiffre d’affaires du marché français des compléments alimentaires ne cesse d’augmenter. La France est l’un des plus gros consommateurs des pays de l’Union européenne. Entre 2009 et 2016, le dispositif nutrivigilance de l’Anses (agence nationale de sécurité sanitaire) a recensé 2 389 signalements d’effets indésirables liés à la consommation d’aliments, de boissons ou de compléments alimentaires.  Dans la grande majorité des cas, ces signalements sont liés à des compléments alimentaires, et une partie des cas déclarés peuvent être graves. Dans 15% des cas, il s’agit de compléments alimentaires « minceur ».  Par exemple, l’Anses a publié en 2013 deux cas d’hépatite imputables très vraisemblablement à la prise d’un complément alimentaire contenant des extraits de Curcuma longa et d’Harpagophytum procumbens. Il est par ailleurs démontré que le nombre de signalements est sous-évalué car les professionnels de santé ne les déclarent pas automatiquement, et de nombreuses déclarations reçues par l’Anses sont non recevables car incomplètes.

Entre 2009 et 2016, le dispositif nutrivigilance de l’Anses a recensé 2 389 signalements d’effets indésirables liés à la consommation d’aliments, de boissons ou de compléments alimentaires.

Retirer certaines plantes potentiellement dangereuses de l’arrêté

Devant un tel constat, l’AnP préconise de réviser à la baisse la liste des 540 plantes autorisées dans la composition des compléments alimentaires jointe à l’arrêté du 24 juin 2014 du ministère de l’Économie, du redressement productif et du numérique. Elle dénonce particulièrement « l’usage de plantes ne comportant aucun effet nutritionnel ou alimentaire et /ou qui présentent un danger pour les utilisateurs », comme par exemple celles contenant des dérivés hydroxyanthracéniques (aloe-émodine) car elles contiennent des principes actifs identiques à ceux de médicaments classés comme « laxatifs stimulants ». Citons notamment l’aloès (suc), la bourdaine (écorce), le cascara (écorce), la rhubarbe (racines), le séné (fruit), le cassier (pulpe du fruit) et le nerprun. Ces compléments alimentaires s’apparentent davantage à des médicaments.
Le rapport de l’Académie indique qu’un « usage prolongé provoque une dépendance, il n'est plus possible d'aller à la selle sans médicament. À long terme, des lésions définitives de la paroi interne de l'intestin peuvent apparaître », ce qu'on appelle la « maladie des laxatifs ». D’autre part, l’AnP recommande de retirer également les plantes pour lesquelles il n’existe pas à ce jour de données de sécurité suffisantes dans la littérature scientifique.

Ajouter les contre-indications et les interactions à l’arrêté

L’AnP pointe aussi les risques existants en matière de sécurité sanitaire au travers des évaluations faite par un groupe de travail de l’Anses en 2016. Celui-ci associe « les accidents les plus sévères au mésusage (consommation de plusieurs produits, dépassement des doses recommandées) ainsi qu’à des problèmes de qualité, aux propriétés pharmacologiques de certains ingrédients aux doses recommandées, et enfin à la consommation concomitante de médicaments ou de substances vénéneuses ».
Les interactions existant entre les divers constituants des compléments alimentaires ou avec d’autres traitements, devraient aussi figurer clairement  sur les étiquettes. Si c’est déjà chose faite pour le Ginkgo Biloba, ce n’est pas le cas du Citrus maxima (le pamplemoussier), du millepertuis, du ginseng, de l’ail, du kava, de la valériane, ou de compléments alimentaire à base de soja.  Ces derniers peuvent  altérer les effets  de certains traitements anticancéreux.
Pour diminuer ces risques, l’AnP demande dans son rapport que l’ensemble des mises en garde formulées par les agences sanitaires (nationales, européennes et internationales) soient notées dans la partie « observations » de l’arrêté.
La Fondation contre le cancer belge propose d’ailleurs un guide fort utile présentant les interactions des principaux compléments alimentaires avec les traitements cancéreux.

par Carole Ivaldi

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