Alice S. BSIP

La médecine de prévention passe par le numérique

Lors du dernier colloque annuel consacré à la santé numérique, Doctors 2.0, à Paris en juin, une session a été consacrée à la médecine préventive et prédictive dans différents pays.

« Le monde médical n’est pas en avance sur ce qui est en train de se passer » estime le Dr Philippe Coucke, chef du service de radiothérapie du CHU de Liège en Belgique, lors de la session consacrée à la médecine préventive et prédictive lors de la dernière édition du colloque Doctors 2.0. à Paris au mois de juin. Il a rappelé les données du « 50-42-10-5 ». Selon les études internationales, la moitié des actes de médecine seraient dangereux et 42% inefficients. Dans 10% des hospitalisations, le patient ressort en moins bonne santé qu’en rentrant et 5% de l’ensemble des diagnostics médicaux seraient même totalement faux. « Ces quatre indicateurs clés sont notamment la résultantes de systèmes de santé datés et de complexités administratives, a expliqué le Dr Coucke. Ils ont aussi pour conséquence une explosion des coûts ».

Vers l’intelligence artificielle

Le Dr Philippe Coucke avec sévérité estime qu’il faut dépasser l’evidence based medicine (EBM) car la plupart des études cliniques ne sont pas reproductibles, pour aller vers l’ « intelligence based medicine ». « L’intelligence artificielle est en train de devenir un sujet chaud dans le domaine de la médecine pour la raison simple que les médecins vont bientôt être débordés par les données produites par les patients, poursuit-il. Et il est évident que les diagnostics et les prises de décision médicale vont être totalement modifiés dans les prochaines années ». Une approche qui commence à être appréhendée au sein de la Haute autorité de santé (HAS). « Il n’y a pas de limite technique à la connectivité et aujourd’hui 40% des Français disent utiliser des objets connectés en santé » a souligné Jacques Belghiti, président de la commission d’évaluation des dispositifs médicaux de la HAS.

La HAS a publié les « 101 règles de bonnes pratiques » sur les applications santé et les objets connectés en insistant beaucoup sur la nécessité de s’assurer de la fiabilité de ces dispositifs. « La question aujourd’hui est de savoir lesquels ont un intérêt clinique suffisant pour être proposé au remboursement » a fait remarqué le Pr Belghiti. Deux dispositifs ont obtenu récemment ce statut, les deux dans le domaine du diabète. « Une étude sur le dispositif Diabeo a montré que l’utilisation du dispositif améliore le contrôle de la glycémie par rapport à un dispositif standard, a indiqué le Pr Belghiti. Mais le plus intéressant est que le résultat est encore meilleur quand l’utilisation du dispositif connecté est couplé avec un support de télémédecine ».

Des économies en perspectives

En Grande-Bretagne, la digitalisation du monde de la santé semble également en marche. « La transformation digitale c’est d’une part, la digitalisation des services existants, a expliqué Andy Wilkin, CEO de Be Advisory, un cabinet de consultant britannique. Mais il faut aussi repenser le système de santé avec les concepts du digital ». Selon le cabinet de conseil américain McKinsey, les opportunités du digital pourraient faire économiser entre 8 et 14 milliards de dollars aux systèmes de santé dans le monde. En Grande-Bretagne, 80% de la population est équipée d’un smartphone et il existe plus de 100 000 applications dans le domaine de la santé. Le NHS a été un des premiers systèmes de santé a lancé ses propres applications et a créé une division consacrée au digital. Ainsi par exemple, l’application « Find the sugar » qui permet de savoir à combien de morceaux de sucres correspond un aliment a été téléchargé plus de deux millions de fois.

par Véronique Hunsinger

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