Doctoconsult : la téléconsultation dédiée à la psychiatrie

Depuis le 15 septembre 2018, les actes de téléconsultation sont pris en charge par l’Assurance maladie. C’est l’avenant 6 à la convention nationale des médecins qui a permis cette évolution après de nombreuses années d’expérimentation. La téléconsultation concerne de nombreux types de prises en charge, dont la psychiatrie. Le point avec le Dr Fanny Jacq, psychiatre, présidente et co-fondatrice de Doctoconsult.

propos recueillis par Laure Martin.

LaureMartin

Comment est née l’idée de créer Doctoconsult ?

Je suis médecin psychiatre, et l’idée de créer Doctoconsult est née du besoin de mes patients chez qui j’ai détecté deux problématiques. En psychiatrie, je propose une spécialité qui n’est pas très répandue puisque je fais de la thérapie comportementale et cognitive, et je travaille en périnatalité auprès des femmes enceintes, ainsi que sur la prise de traitements médicamenteux pendant la grossesse. Lors de ma pratique, je recevais de nombreuses femmes enceintes, faisant de longs trajets pour venir en consultation, alors que ce n’était pas évident pour elles de se déplacer. Idem post-accouchement. J’ai donc pensé que dans certaines situations, la psychiatrie pouvait se prêter à la téléconsultation. Mon idée est aussi partie du sentiment que certains patients ont besoin, entre deux rendez-vous, d’être accompagnés, de se sentir soutenus, avec un filet de sécurité. Or, généralement, entre deux rendez-vous, ils sont seuls. La téléconsultation peut donc être l’outil compagnon du patient, afin qu’il sente le lien et qu’il soit aidé dans son quotidien avant de retourner en consultation.

Comment avez-vous déployé la plateforme ?

La réflexion remonte à 2015/2016. À l’époque, la téléconsultation était soumise à une autorisation de l’Agence régionale de santé (ARS). Je me suis associée avec un entrepreneur, et nous avons contacté l’ARS. Cette idée de plateforme est aussi née de mon échange avec l’ARS. Nous avons constaté que le besoin en psychiatrie était très important puisque les professionnels du secteur sont mal répartis sur le territoire. Les délais d’attente des patients pour l’obtention d’un rendez-vous sont longs. Nous avons adressé notre demande d’accréditation à l’ARS et l’avons obtenue fin 2016 pour deux ans. Puis, en 2018, avec la signature de l’avenant 6 à la convention médicale, la téléconsultation a été reconnue comme un acte de télémédecine pris en charge par la sécurité sociale. Nous entrons désormais dans ce champ.

Comment fonctionne Doctoconsult ?

Sur le site Doctoconsult, 150 médecins psychiatres, pratiquant tous une activité libérale exclusive ou libérale et hospitalière, sont référencés. Ils peuvent utiliser la plateforme de deux façons. Dans la plupart des cas, ils y ont recours pour leur patient et alternent la consultation en cabinet avec une téléconsultation, notamment lorsque le patient habite loin, lorsqu’il a des difficultés à se déplacer ou encore pour éviter de rompre le lien, par exemple lorsqu’un étudiant part une année à l’étranger. Cela concerne les deux tiers de l’usage de la plateforme environ.

Les médecins peuvent nous appeler s’ils ont besoin d’hospitaliser un patient. Nous prenons alors le relais pour trouver une place en établissement.

Par ailleurs, certains psychiatres ouvrent des créneaux dans leur agenda parce qu’ils proposent des consultations particulières ou pour des patients ayant des difficultés d’accès aux soins. Ils vont alors être uniquement suivis en téléconsultation.

Le médecin tout comme le patient, doivent disposer d’une connexion Internet et d'une webcam. Nous demandons au médecin d’utiliser son ordinateur et non un téléphone ou une tablette au cours de la consultation. De son côté, le patient peut utiliser le matériel qu’il souhaite.

Lorsque le psychiatre connaît son patient, le lien sur la plateforme s’effectue très facilement. Mais si un patient a besoin d’un psychiatre et n’en a pas, il se rend alors sur Doctoconsult où il va avoir accès à des présentations vidéo des psychiatres inscrits (explication de la prise en charge offerte, honoraires). Il peut ainsi trouver celui qui correspond à ses besoins, à ses horaires, à ses moyens. Il clique alors sur le créneau, ce qui génère une invitation avec des identifiants. Il va pouvoir constituer son dossier puis bénéficier de la consultation sécurisée le jour-J.

Quel abonnement proposez-vous ?

C’est le médecin qui s’abonne à Doctoconsult. Il a alors accès à la plateforme mais aussi à un agenda dans lequel il peut noter tous ses rendez-vous en lien ou non avec la téléconsultation. Nous proposons aussi d’autres services comme une conciergerie médicale. Les médecins peuvent nous appeler s’ils ont besoin d’hospitaliser un patient. Nous prenons alors le relais pour trouver une place en établissement.

Concernant la rémunération, c’est le patient qui règle les honoraires directement sur la plateforme. Le médecin leur envoie ensuite par voie postale, la feuille de soin pour son remboursement, et l’ordonnance ou encore un arrêt de travail, si besoin. Le patient est remboursé de la consultation comme s’il était venu au cabinet.

Avez-vous suffisamment de praticiens pour répondre à la demande ?

Avec les 150 psychiatres inscrits, nous pouvons assurer un suivi des patients dans les 24 heures. Nous sommes donc satisfaits. Mais notre objectif serait de faire en sorte qu’il y ait toujours un psychiatre connecté pour qu’un patient puisse obtenir une consultation immédiate si besoin. J’aimerais aussi que nous puissions renforcer notre offre dans certaines spécialités difficiles d’accès comme en pédospychiatrie ou en gérontopsychiatrie.

Enfin, nous avons un projet application (Monsherpa/ à visionner ci-dessous) qui accompagne le patient dans sa maladie pour l’aider à prendre son traitement ou encore lui apporter du contenu spécifique et adapté à ses symptômes si besoin. Et pour finir, nous changeons de dénomination pour être plus immédiatement identifiés :  Doctopsy !

 

Présentation de Mon Sherpa from Benjamin Maquet on Vimeo.

par Laure Martin

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