Le diabète : tête de pont de la santé numérique

Médecins et patients s’emparent progressivement des opportunités offertes par la santé numérique. Mais quand l’offre correspond à un véritable besoin, comme dans le diabète, les applications sont de plus en plus utilisées. 


Nombre de médecins pensent encore parfois que les outils digitaux et les applications sur smartphone destinés à leurs patients sont davantage des gadgets que des outils thérapeutiques. Mais s’il est une pathologie où les patients sont entrés de plain-pied dans la santé numérique, c’est certainement le diabète.


L’émergence des appli santé


En 2016, tout confondu, on recense environ 165 000 applications dans le domaine de la santé. « Le nombre d’offres en matière d’application santé a été multiplié par près de 30 entre 2010 et 2015 au niveau mondial », souligne Guillaume Marchand, psychiatre et président de DMD santé, une plate-forme d’évaluation médicale et informatique des applications santé. Mais toute application téléchargée sur un smartphone n’est pas forcément ensuite utilisée par le patient. Une appli sur cinq est même désinstallée après le premier usage et 90 % le sont au bout de cinq fois. « Le marché des applications n’est pas du tout sur le curatif, rappelle le Dr Marchand. Mais elles peuvent être très utiles en revanche dans la prévention primaire et secondaire. Elles sont également très pratiques pour scorer par exemple les impériosités pour l’urologue ou l’humeur et le sommeil pour le psychiatre ». Rien d’étonnant donc que les diabétologues aient été parmi les premiers intéressés et que nombre de leurs patients aient vite adopté le carnet de suivi électronique grâce aux objets connectés à des applications en lieu et place de leur encombrant carnet papier. « Dans le diabète de type I, l’offre est très importante, confirme Guillaume Marchand. Nous avons recensé 900 applications dans ce domaine en France, mais malheureusement de qualité très diverse ».


Carnet de suivi électronique


Le réseau social de patients, Carenity, a réalisé en juin dernier une étude sur la manière dont les diabétiques s’approprient ces outils à la demande du laboratoire Roche Diabetes Care. « Les applications mobiles sont de plus en plus utilisées, confirme Thomas Verjus, Business Developement manager de Carenity. Les attentes les plus fortes vont effectivement vers les carnets de suivi glycémique ». L’étude a porté sur un panel de 200 patients dont 54 % d’hommes, d’âge moyen 58 ans (44 % de diabétiques de type 1 et 56 % de diabète de type 2). Dans ce panel, 20 % des patients sont déjà utilisateurs d’applications mobiles dédiées au diabète : 56 % utilisent des fonctionnalités d’analyse et de visualisation des données glycémiques, 41 % des carnets d’autosurveillance intégrés, 37 % connectent l’application mobile à leur lecteur de glycémie, 29 % utilisent des modules pour le suivi de l’alimentation, 22 % des modules pour le suivi de l’activité physique et 17 % transmettent des données à un professionnel de santé ou à l’entourage. En revanche, l’utilisation des applications pour s’informer sur la maladie est assez marginale dans ce panel et seulement 5 % des utilisateurs des applications s’intéressent aux jeux éducatifs permettant de mieux connaître le diabète. Chez les non-utilisateurs, 31 % n’ont, en fait, pas de smartphone, 30 % ne savaient pas que de telles applications existent et seulement 14 % ont peur que ce soit trop compliqué à utiliser. Cependant, la moitié des répondants seraient prêts à se lancer, sur la recommandation d’un professionnel de santé. C’est ce qu’aimeraient bien entendu des laboratoires comme Roche, qui a lancé en 2013 Gluci-check.


 

Gluci-check


Gluci-check est une application destinée aux diabétiques traités par insuline qui permet d’évaluer les valeurs nutritionnelles de leurs repas, surtout des glucides. Un calendrier permet aussi de noter les événements survenus, comme les hypo et hyperglycémies ou l’activité physique. La nouvelle version de l’application intègre depuis cet été un journal d’autosurveillance de la glycémie, à la demande des patients. Elle a été chargée plus de 60 000 fois et est utilisée de manière régulière par 92 % des patients l’ayant dans leur smartphone. Roche a également récemment mis à disposition une application pour les jeunes diabétiques de 13 à 25 ans (Novi-Check) afin de les aider à acquérir les connaissances et les savoir-faire utiles à la gestion de leur pathologie.


par par Véronique Hunsinger