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Radiologie/Crise sanitaire : une période propice aux innovations

La crise sanitaire a été révélateur d’un nouvel enjeu autour de l’usage des technologies médicales. Et la radiologie n’échappe pas à la règle.

Par Laure Martin.

 LaureMartin

« Nous sommes assez fiers de ce que l’Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM) a mis en place pendant près d’un an pour faire face à la crise sanitaire, sauver les patients, les accompagner, les dépister, s’est félicité Jean-Olivier Arnaud, directeur de l’AP-HM, lors d’une conférence de presse organisée mi-décembre par Ortus Santé. Nous avons su innover à grande vitesse dans les parcours. » La crise sanitaire a en effet été la manifestation de nombreuses innovations ou déploiement de pratiques, au premier rang desquels la télémédecine. « Dès les premières semaines de la crise, nous avons pu déployer ces actes rapidement, notamment parce que l’Assurance maladie a modifié les critères de prise en charge, a-t-il rappelé. Cela a permis aux patients, confinés chez eux, de trouver un médecin. Cette période a été un moment de très grand développement de ces innovations. »

« Le déploiement de la télémédecine est un point sur lequel je me suis trompé, a reconnu volontiers l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué. Je pensais que les patients préféreraient maintenir un contact physique avec leur professionnel de santé et que la télétransmission concernerait par exemple l’anatomopathologie ou l’imagerie. Je n’avais pas imaginé que les patients accepteraient de ne pas voir leur médecin. Pourtant, ils se sont adaptés et ont réussi à faire évoluer l’Assurance maladie, qui s’est elle aussi très vite adaptée. Elle a permis, grâce à des technologies, de répondre à l’impossibilité de se voir tout en assurant les soins. »

Une imagerie de pointe

En parallèle, les établissements hospitaliers ont également dû adapter leur service de radiologie à la crise sanitaire. Au CHU de Dijon par exemple, la radiologie des urgences est organisée autour d’un plateau technique dédié. « Nous avons une structure où nous n’effectuons que de l’imagerie d’urgence intra et extra hospitalière, a fait savoir le Pr Frédéric Ricolfi, chef du service de neuroradiologie et du service de radiologie des urgences du CHU. Lors de la première vague de la crise sanitaire, les urgences ont réorganisé le flux pour éviter le croisement des patients. Nous avons donc dédié un scanner aux patients Covid, ce qui a été très utile. » Et de poursuivre : « Pour la deuxième vague, nous étions un peu mieux organisés, et conscients des règles d’hygiène à respecter, ce qui nous a permis de mélanger les flux. »

Aujourd’hui, pour l’accès à l’imagerie, en France, « nous n’avons pas de liste d’attente grâce à la présence des établissements du secteur privé, secteur qui fait face à moins de contraintes réglementaires que le public », a soutenu Jean de Kervasdoué. Un constat partagé par le Pr Vincent Dousset, chef du service de neuroradiologie du CHU de Bordeaux. « Nous sommes à la fin d’un système public/privé qui est usé, épuisé, à bout de souffle. Notre expertise est très peu reconnue dans le monde hospitalier, notamment en termes financiers. Il faut une réforme pour mieux réorganiser l’offre de soins. Il faudrait mettre en place un maillage et permettre une convergence entre le public et le privé afin d’être plus réactifs face à la demande. » Et d’ajouter : « Les CHU ont été à la pointe pendant la crise sanitaire et ont permis de bien la gérer. Mais aujourd’hui, il faut harmoniser le territoire du point de vue de l’offre publique et privée. » Actuellement, le réseau France Life Imaging permet une coordination entre les établissements de neuf territoires afin de disposer d’équipements d’imagerie biomédicale. « C’est une approche très jacobine, car nous centralisons les équipements entre nous, a expliqué le Pr Dousset. Mais c’est très bénéfique car l’investissement d’avenir de l’Etat à hauteur de 40 millions d’euros a permis de rééquiper la France en imagerie de manière non redondante. »

Actuellement, le réseau France Life Imaging permet une coordination entre les établissements de neuf territoires afin de disposer d’équipements d’imagerie biomédicale.


De son côté, l’APHM a lancé en juin 2020 son projet ″Imagerie avenir Marseille ″ (IAM). « L’intégration d’un plateau technique dans le patrimoine de l’AP-HM est une procédure lourde et fastidieuse, a fait savoir Jean-Olivier Arnaud. Nous avons donc lancer notre projet IAM, qui consiste dans le renouvellement complet de notre parc d’imagerie médicale. » Il repose sur un contrat de location-maintenance de douze ans, signé avec quatre industriels. L’ensemble des équipements du pôle d’imagerie médicale, répartis selon sept segments est ainsi renouvelé : la radiologie conventionnelle, la radiologie interventionnelle, les scanners et les TEP-scan, la médecine nucléaire, les IRM et les échographes. « Ce contrat nous assure la mise à jour permanente de l’ensemble de nos technologies, a rapporté Jean-Olivier Arnaud. Nous avons ainsi l’un des parcs d’imagerie le plus moderne de France. »

par Laure Martin