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La médecine de l'encyclopédie

La médecine de l’Encyclopédie


Gilles Barroux


De 1751 à 1772, parurent les 17 volumes de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. Ils se proposaient de rassembler l’ensemble des connaissances éparses sur la surface de la Terre et de les connecter les unes aux autres par un système de renvois. Le fruit de cette connaissance serait exposé aux hommes du siècle et légué aux générations futures pour que, devenus plus instruits, ils deviennent plus vertueux et plus heureux…


Sur les 150 auteurs qui ont contribué à sa rédaction, une vingtaine, parmi lesquels des médecins, des chirurgiens, des pharmaciens et des vétérinaires, ont consacré plusieurs milliers d’articles à la médecine. Ils avaient en commun une tension entre tradition et modernité. Une pensée féconde en références scientifiques, historiques et philosophiques nourrissant questionnements, réflexions de fond et problèmes d’éthique : A-t-on le droit d’inoculer des personnes saines pour les préserver de la petite vérole ? Peut-on expérimenter sur des condamnés à mort ? Jusqu’à quel point l’autorité des médecins anciens doit-elle être respectée ? L’hommage rendu au corpus hippocratique « l’étoile polaire de la médecine » est tempéré par la raison et l’indispensable expérimentation.


Un siècle avant les grandes avancées de la chimie, ce condensé des Lumières françaises s’attache à décrire symptômes, remèdes et études de cas et entre en guerre contre l’obscurantisme et la charlatanerie. Fièvre acritique, colliquative putride, hongroise ou sympathique : la seule litanie des 75 types de fièvres répertoriées devait rassurer les patients sur la science de leur médecin… et donner beaucoup de travail au quinquina. Mais l’encyclopédie rapporte aussi de précieuses études sur les épidémies, les effets de la malnutrition ou les observations faites pendant les sièges,


Une somme irremplaçable sur l’état des connaissances et des pratiques médicales au XVIIIe siècle. Après tout : Dis moi de quoi tu souffres et je te dirai qui tu es.


CNRS éditions

par Laurent Joyeux