Week-end

Rome hors des sentiers battus

Le quartier Coppedè, les thermes de Dioclétien, ou encore Ostia Antica, l’ancien port de Rome : de quoi redécouvrir autrement la ville éternelle.


 

Loin des hordes touristiques patiemment agglutinées devant le Vatican, le Colisée ou Piazza Navona, choisissez de visiter des lieux que vous aurez l’impression de découvrir presque tout seuls. Ce peut être tout simplement le paisible jardin botanique dans le Trastevere, mais aussi le quartier méconnu de Coppedé, les thermes de Dioclétien, longtemps fermés, et à 35 km de la capitale, Ostia Antica, l’incroyable site de l’ancien port de Rome, tous lieux où savourer, même en plein été, la beauté romaine dans la quiétude et la sérénité.


Le quartier Coppedè


Depuis la gare centrale de Termini, contournez en tram l’immense parc de la villa Borghèse, jusqu’à la piazza Buenos-Aires. À deux pas, une grande arche théâtrale vous invite à la découverte à la fois grandiose et intime du « quartier Coppedè », ensemble architectural d’une joyeuse originalité. L’entrée monumentale, dont le faîte est orné d’un lustre en fer forgé, fait référence à l’arc de triomphe des empereurs romains. Sur cette arche imposante, toutes sortes de sculptures entremêlent les références : un masque de Minerve, l’écusson des Médicis, des abeilles emblèmes de la famille Barberini… L’architecte, ou plutôt le décorateur florentin Gino Coppedé, a laissé libre court à son imagination, tout en honorant la commande qui lui était faite de concevoir un nouveau quartier au moment où Rome est devenue capitale en 1870. Si au départ, la destination des bâtiments neufs était floue, la fantaisie créatrice de Coppedè a fini par rencontrer le goût ostentatoire des nouveaux riches pas assez fortunés pour s’offrir des palais mais ouverts à la nouveauté des courants esthétiques européens : Art nouveau, Liberty, modernisme, bref, tout ce qui faisait un pied de nez au conformisme…


Construit entre 1903 et 1927, ce projet, qui n’a jamais été terminé en tant que quartier, est un ensemble architectural hétéroclite composé de 18 immeubles et de 27 villas, disposés autour d’une petite place (piazza Mincio), ornée de la fontaine aux grenouilles, espiègle petite sœur de la fontaine des tritons du Bernin (piazza Barberini). Ces bâtiments - ambassades, logements privés et administrations - ne se visitent pas, on ne peut que s’imprégner de l’esprit mutin qui se dégagent de cette architecture de conte de fée avec tout son patchwork d’ornements colorés : guirlandes rococo, bacchanales d’angelots, drapés de fleurs de lys, bas-reliefs aux thèmes fantastiques, petite chouette en vitrail ou grande araignée en mosaïque, tourelles médiévales, lion de saint Marc et aigle de saint Jean… Un mélange de genres et de styles qui, étonnamment, dégage une réelle harmonie et un charme certain.


Mais il serait dommage de se contenter d’une simple balade à travers ce décor théâtral en compagnie du chant des cigales. Pour apprécier vraiment les subtilités et les richesses de l’insolite quartier Coppedè, un guide s’impose, comme le sympathique et compétent Ivano, par exemple, historien de l’art, l’un des trois membres de l’association de guides francophones « Visiterome ». 


 

Les Thermes de Dioclétien


Pas de visite à Rome sans découvrir quelques ruines bien sûr. Celles des thermes de Dioclétien, qui viennent de rouvrir après rénovation, donnent une idée de l’importance des établissements de bain dans l’ancienne société romaine. L’ensemble, construit au début du IIIe siècle, - bassins d’eau chaude, tiède et froide, piscine, sauna, gymnase, espaces de jeu, bibliothèques… - couvrait plus de 11 hectares et pouvaient accueillir 3 000 personnes qui venaient autant pour les ablutions que pour les bavardages. Le caractère imposant du lieu apparaît surtout dans la basilique érigée au centre des thermes (abandonnés au VIe siècle, pour cause de destruction de l’aqueduc par les Goths) dix siècles plus tard. L’imposante Sainte-Marie-des-Anges-et-des-Martyrs, probablement le dernier projet de Michel-Ange, mesure 90 mètres de large ! À admirer : les portes modernes en bronze du sculpteur Igor Mitoraj (dont les œuvres monumentales sont exposées au cœur de Pompéi jusqu’au 8 janvier 2017).


Une autre partie des thermes abrite un musée qui présente une grande collection archéologique dont des épigraphes (inscriptions latines) et des objets se rapportant à la vie quotidienne de la Rome antique. L’un des anciens halls d’entrée des thermes expose des sarcophages sculptés, une tombe familiale et un colombarium. Et pour terminer en beauté, toujours dans la majesté des volumes, il faut déambuler dans le vaste cloître, attribué à Michel-Ange, avec ses sculptures, ses sarcophages, et ses sept têtes colossales d’animaux, provenant certainement du forum de Trajan.


Enfin, la générosité ne s’arrête pas aux volumes de l’architecture : le billet d’entrée pour les thermes de Dioclétien ouvre les portes de la plus importante collection archéologique au monde, puisqu’il permet de visiter en plus du musée des thermes, trois autres lieux dédiés à la Rome antique et médiévale : le Palais Massimo, le Palais Altemps et la Crypte Balbi.


Ostia Antica, port de Rome au IIe siècle


Le site d’Ostia Antica (à ne pas confondre avec Ostie, cité balnéaire toute proche) est idéalement situé entre Rome et l’aéroport de Fumicino. Il suffit de partir quelques heures avant de prendre l’avion pour s’arrêter dans ce site absolument grandiose.
Au milieu des pins parasols, on se promène dans les ruines de toute une ville, dont les fondations remontent au IVe siècle av. J.-C. De part et d’autre du majestueux axe commercial de la ville (Decumano Massimo), s’alignent de nombreux entrepôts et échoppes bien conservés et des villas dont les mosaïques au sol affichent la prospérité de leurs propriétaires. On y trouve aussi des thermes, des latrines, des teintureries, des sanctuaires, des moulins, une poissonnerie, etc., et un grand théâtre, qui est encore utilisé pour des concerts et spectacles estivaux.
Marcher sur les larges pavés de pierre volcanique que des millions de pas ont foulés et admirer l’ordonnancement de la cité sur quelque 35 hectares (soit les deux tiers de la superficie originelle de la ville) permet de s’imprégner de l’esprit qui animait Ostia Antica pendant une très longue période, avant d’être abandonnée au Moyen-Âge.
Les fouilles se poursuivent toujours. Au sein du site archéologique, le musée des fouilles conserve une très riche collection de sculptures, sarcophages, peintures et mosaïques polychromes.www.ostiaantica.beniculturali.it

Informations touristiques :


www.visiterome.com 


www.turismoroma.it


www.italia.it 


par Evelyne Simonnet