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Risque d'obésité chez les anciens sportifs professionnels

Le centre de l’obésité de l’Institut Montsouris sous la direction du Dr Guillaume Pourcher propose un accompagnement spécifique pour les anciens sportifs professionnels qui en fin de carrière sont particulièrement exposés aux troubles du comportement alimentaire.

par Cécile Menu.

Cecilemenu

Même si aucune étude n’a établi significativement que le risque d’obésité était accru chez certains anciens sportifs professionnels, il est avéré que les troubles du comportement alimentaire (TCA) sont plus fréquents chez ces athlètes (18 à 20 %) que dans la population générale et peuvent engendrer un surpoids (1). Mais chez ces anciens grands sportifs, l’impact de ce surpoids est encore plus important et la survenue de la maladie obésité est courante.

Afin d’entretenir leur masse musculaire, les athlètes ont des habitudes alimentaires et comportementales hors du commun. Certaines disciplines (notamment rugby, boxe, judo, bodybuilders…) exigent un apport de protéines dans le but de développer de la masse musculaire spécifique pour la compétition ou pour changer de catégories. Ces exigences sont à l’origine de grandes modifications de poids. En présence d’une masse musculaire importante, la dépense énergétique est forte (métabolisme de repos élevé). Un athlète présente ainsi des capacités métaboliques extraordinaires. À la retraite, les TCA développés par ces athlètes sont parfois à l’origine d’un déséquilibre de la balance énergétique pouvant mener au stade d’obésité sévères (IMC > 35) et morbides (IMC > 40).

Ce dérèglement du corps donnant lieu à la maladie obésité a pour origine causale quatre grands facteurs : génétiques, hormonaux, microbiotiques et psychologiques (dépression, gestion du stress, période de transition de vie…). Mais il existe deux facteurs aggravants : le comportement alimentaire et sportif, et la discrimination ou le regard culpabilisant porté par les autres. La prise de poids des anciens sportifs de haut niveau est essentiellement liée à ces facteurs aggravants.

« Que ce soit dans la population générale ou chez les anciens sportifs, une fois en situation de maladie obésité, il ne faut pas rester seul(e) », martèle le Dr Guillaume Pourcher. « Il est indispensable de se faire examiner au-dessus d’un IMC à 35 et de faire le point ». C’est pourquoi, le centre de l’obésité de l’Institut Montsouris propose également un accompagnement spécifique dédié aux anciens grands sportifs. Le passage de l’état de grands sportifs (recherche et goût de la performance, de la réussite, grande motivation aux changements) vers un état civil normal (perte de reconnaissance, absence d’enjeux…) est très difficile à vivre. Le sportif de haut niveau a une liberté de comportement singulière liée à son corps. Se retrouver face à cette nouvelle réalité est d’autant plus difficile. Cette situation peut ainsi participer au développement de troubles plus importants notamment sur les plans psychologique et comportemental. « Les troubles comportementaux seront par conséquent davantage recherchés que dans la population générale afin de mettre en place des suivis adaptés.  Aussi notre prise en charge met-elle l’accent sur un suivi très particulier tant diététique que psychiatrique. Regarder en déculpabilisant est fondamental » conclue le Dr Guillaume Pourcher.

ADDICTIONS ET TROUBLES PSYCHIATRIQUES CHEZ LES SPORTIFS DE HAUT NIVEAU

La littérature internationale suggère que les addictions et les troubles psychiatriques sont surreprésentés chez les sportifs de haut niveau.

Dans une étude spécifique chez les joueurs de rugby (N=333), Gouttebarge et al (2018) ont constaté que 28 % des joueurs présentaient un trouble anxio-dépressif, 22 % présentaient une addiction à l’alcool et 11 % un TCA. Dans une population de joueurs de hockey, les chiffres sont similaires : 24 % présentaient un trouble anxio-dépressif, 8 % une addiction à l’alcool et 22 % des critères d’un TCA (Gouttebarge et al, 2018). Chez les gymnastes, les pratiquants des arts martiaux et les coureurs, Reistenbach Goltz (2013) rapportent un taux de 27,6 % de TCA.

Enfin, la seule étude française publiée à ce jour sur ce sujet rapporte des chiffres encore plus importants. Après collecte de données d’un an environ à travers des examens somatiques, d’évaluations diététiques, psychologiques et psychiatriques, Rousselet et al (2017) ont retrouvé 32,9% de TCA (N=340) chez des sportifs de haut niveau tous sports confondus.

Note

 (1) La prévalence de surpoids en France (IMC > 25 kg/m2) est de 50% référence ?

par Cécile Menu

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