Saison Psy – Décrypter les maladies psy pour les ados

Aborder le sujet de l’alcoolisme ou des addictions avec les ados n’est pas simple. Trouver le ton juste qui permette d’informer et de dédramatiser, sans tomber dans le piège des jugements moraux est une gajure qu’a relevée Christine Deroin !

Par Laurent Joyeux.

LaurentJoyeux

Le Muscadier, petite maison d’édition aux neurones malins, a lancé la collection « Saison Psy » pour le public adolescent. Les deux premiers volumes « Anomalie, au secours ma mère boit ! » et « Blake-out, au secours la fête est finie ! » abordent le thème du binge drinking chez une adolescente et de l’alcoolisme d’une mère.

christine deroin le muscadierChristine Deroin, vous êtes auteure et vous dirigez cette collection, comment est-elle née ?

J’anime des ateliers d’écriture auprès de collégiens et des lycéens, ainsi que des malades psychiatriques. Je me suis rendue compte qu’il n’existait rien pour les ados sur ces thèmes sensibles. J’ai proposé le sujet à mon éditeur, il a accepté immédiatement ! Nous avons choisi un format court qui alterne des épisodes de mini-fictions avec le décryptage d’un psychiatre spécialisé. Pour les deux premiers titres qui parlent de l’alcool, c’est le Dr Fatma Bouvet de la Maisonneuve, spécialisée en addictologie à l’hôpital Sainte-Anne à Paris qui a analysé les difficultés vécues par Sonia, adepte du binge drinking, et Julie qui découvre un jour l’alcoolisme de sa mère.
Nous avons prévu des pages blanches pour que l’ado puisse noter ses questions ou ses réflexions sur le sujet. Tout à la fin des livres, une liste d’adresses utiles, d’associations, de sites ou de services de santé permet de trouver de l’aide ou des conseils.

Vous allez à la rencontre des ados, comment réagissent-ils ?

Je vais dans les lycées lorsque l’on m’invite. Les livres sont bien soutenus par les bibliothèques et les CDI des établissements. Les adolescents se posent tellement de questions sur eux-mêmes qu’ils se passionnent. Ils abordent facilement et sans a priori des sujets sensibles comme les migrants ou la PMA.

Je me souviens d’une collégienne, dans une école de Normandie. Elle finissait toutes mes phrases sur l’autisme. Je lui ai fait remarquer « Tu es vraiment bien renseignée ! - Oui mon frère est autiste ». Elle n’en avait jamais parlé en classe.

Une autre fois, dans un lycée, une jeune fille ne me quittait pas des yeux. Après mon intervention, elle m’a confié que son père était schizophrène et paranoïaque et qu’elle voulait devenir psychologue.

Je rencontre aussi les parents, ainsi que les médecins, dans les colloques où je suis invitée. Beaucoup d’entre eux proposent les livres à leur patientèle.

Vous travaillez toujours avec les mêmes psychiatres ?

Non, chacun a sa spécialité. Pour le prochain livre, qui portera sur les filles Asperger, je travaille avec le Dr Gilles Martinez qui exerce dans le groupe hospitalier universitaire Paris psychiatrie & neurosciences. Ces jeunes filles sont souvent considérées comme surdouées et leur syndrome autistique Asperger n’est pas détecté. Le psychiatre Alain Dervaux, professeur des universités et praticien hospitalier de l'université d'Amiens, commentera le danger des écrans. Un autre livre en projet traitera de la bipolarité chez les enfants diagnostiqués hyperactifs par erreur.

Je rencontre aussi les parents, ainsi que les médecins, dans les colloques où je suis invitée. Beaucoup d’entre eux proposent les livres à leur patientèle.


Une diversité de thèmes et une collection qui devraient permettre non seulement d’alléger le désarroi des adolescents et de leurs parents mais aussi d’aider les enseignants, les personnels de santé et les assistants sociaux à trouver les mots justes.

Dans la même collection :

  • Deroin, C., Black-Out, Ed. Le Muscadier
  • Deroin, C., Anomalie, Ed. Le Muscadier
par Laurent Joyeux