Inzee.care et Entr’Actes : une interopérabilité fonctionnelle en IDF

Sous l’égide de l’Union régionale des professions de santé (URPS) Infirmiers Ile-de-France, les deux plateformes de coordination et mise en relation Entr’Actes et Inzee.care sont devenues, depuis le printemps dernier interopérables. Cette expérimentation vise à offrir une prise en charge optimale aux patients et permettre une meilleure coordination entre les professionnels de santé.

par Laure Martin.

LaureMartin

« Ce projet d’interopérabilité est en expérimentation pendant un an, a fait savoir Jean-Jules Mortéo, président de l’URPS Infirmiers Île-de-France, lors de la conférence de lancement début avril. Il est né de l’idée que les infirmiers libéraux (idels) sont assez peu visibles. De fait, les établissements hospitaliers ont tendance à appeler d’autres types de structures comme les Hospitalisations à domicile (HAD) pour des soins légers ou lourds. Une pratique qui peut-être génératrice de problèmes sur le terrain puisqu’ils arrivent que des idels ne puissent plus suivre leur patient en sortie d’hospitalisation, ces derniers étant pris en charge par l’HAD. » En permettant l’interopérabilité d’Entr’Actes et d’Inzee.care l’objectif est de déployer un service sur toute l’Île-de-France afin de simplifier le recours à l’infirmière de famille pour les patients, et faciliter l’organisation des sorties d’hospitalisation des patients tout en assurant une prise en charge sécurisée et coordonnée. « Nous controns aussi les offres des plateformes commerciales payantes, qui organisent des filières et créent des distorsions de concurrence, alors que notre solution est gratuite pour les professionnels de santé car prise en charge par l’URPS », a fait savoir Jean-Jules Mortéo.

Faciliter la coordination avec Entr’Actes

Entr’Actes est une application mobile qui vise à répondre à un constat de terrain : « chaque professionnel à tendance à travailler dans son silo, a soutenu le Dr Philippe Paranque, fondateur d’Entr’Actes. Pourtant, en mutualisant les compétences de l’ensemble des professionnels de santé, nous organisons une offre de soins déjà existante sur le terrain. » La plateforme répond d’ailleurs à des impératifs fléchés par le plan Ma Santé 2022 à savoir l’organisation libérale de proximité. Deux objectifs sont visés : faire en sorte que le patient soit maintenu à son domicile lorsque les urgences sont évitables, puis accompagner et sécuriser un retour à domicile après une hospitalisation.

Chaque professionnel à tendance à travailler dans son silo. Pourtant, en mutualisant les compétences de l’ensemble des professionnels de santé, nous organisons une offre de soins déjà existante sur le terrain.


Entr’Actes ne s’adresse qu’aux professionnels de santé afin qu’ils puissent solliciter la compétence d’autres soignants dans le cadre d’une demande qualifiée. Quatre traits de qualification sont nécessaires au déclenchement d’une demande d’un professionnel de santé vers un autre soignant : le type de compétences recherchées, le type de prise en charge demandée (visite à domicile, consultation de télé-expertise, etc.), le délai d’acceptation de la demande et le délai dans lequel le professionnel demandeur à besoin de l’avis. Sont concernés les professionnels du premier recours, les associations de permanence des soins, les spécialistes, les HAD, les Services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), les prestataires de santé à domicile, les hôpitaux, les transports sanitaires, etc. « Lorsqu’une demande est envoyée, l’ensemble des données du patient restent anonymisées tant que le professionnel n’a pas accepté la prise en charge », a précisé le Dr Paranque. La fonction principale de la plateforme est donc l’adressage. Il est ensuite possible pour le professionnel de santé de déclencher d’autres ressources pour une bonne coordination du patient. Une fois que le lien est effectif entre les professionnels, ces derniers peuvent partager entre eux le dossier patient. 

Inzee.care pour simplifier l’accès aux infirmiers

Si Entr’Actes se déploient du côté des professionnels de santé, la plateforme Inzee.care a quant à elle pour fonction d’être ouverte au grand public. Aujourd’hui mise en œuvre sur sept régions, avec 10 000 infirmières connectées et une cinquantaine d’établissements utilisateurs, l’application a pour objectif d’améliorer le parcours patient et permettre une visibilité et accessibilité aux professionnels de santé. « La première étape est de motiver les idels à s’inscrire et à se connecter sur la plateforme, a expliqué Frédéric Bénéat, président co-fondateur d’Inzee.care. Ils doivent ensuite remplir leur profil qui répond à leur activité habituelle à savoir leur civilité, les soins dispensés, les horaires et la zone de tournée. » Parallèlement, un patient qui a besoin de soins infirmiers peut prendre rendez-vous en se connectant sur inzee.care. Après avoir formulé sa demande de soin et son adresse, l’algorithme d’inzee.care identifie les infirmières disponibles pour le soin souhaité et dans le périmètre demandé. « La demande est dans un premier temps envoyée à l’infirmier référent du patient », précise Frédéric Bénéat. À défaut, le patient reçoit une liste d’infirmiers et c’est à lui de choisir celui qu’il souhaite pour la réalisation de ses soins. Le libre choix du patient est ainsi respecté. La demande de soins est envoyée à l’idel, qui reçoit par sms ou via une notification, un lien pour se connecter à la plateforme et lire les informations sur la prise en charge. Si l’idel décline la demande, celle-ci est envoyée au soignant le plus proche et le patient en est informé. Il est également possible pour le patient d’adresser une demande de soin à des infirmiers qui ne sont pas connectés à inzee.care car la plateforme est rattachée à l’annuaire de l’Assurance maladie, ameli.fr. « Les infirmiers ont un délai de 60 minutes pour répondre mais le délai moyen est de trois minutes », a fait savoir Frédéric Bénéat. Sur la plateforme inzee.care a été ajouté un ″bouton″ Entr’Actes qui permet à l’infirmier, s’il l’estime nécessaire, de déclencher une prise en charge coordonnée du patient afin de l’intégrer dans un parcours de soins plus global.

« Après un an d’expérimentation, nous allons évaluer le dispositif et nous tourner vers des financeurs potentiels comme l’Agence régionale de santé, a fait savoir Jean-Jules Mortéo. Nous verrons ainsi si nous pouvons passer de l’expérimentation à une mise en place réelle, mais nous avons bon espoir que cela porte ses fruits. » Outre l’Ile-de-France, la Bretagne expérimente également cette interopérabilité entre les deux plateformes.

par Laure Martin (avril 2019)

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