Infirmie.r.es : le dévouement pour étendard

Les élèves infirmières et infirmiers sont la relève. Un métier, une passion, une vocation, qui suscite toujours un très grand intérêt. Le dernier film du très talentueux documentariste Nicolas Philibert, De chaque instant, a pour héroïnes et héros les élèves en soins infirmiers de la Fondation Œuvre de la Croix-Saint-Simon à Montreuil.

Interview de Nicolas Philibert, réalisateur du film-documentaire de chaque instant  par

Pascal Pistacio

PascalPistacio

Les élèves infirmières et infirmiers sont la relève.
Un métier, une passion, une vocation, qui suscite toujours un très grand intérêt.

Plus de 330 instituts de formation en soins infirmiers en France.
Les grands centres accueillent des promotions de 300 élèves ; les plus petits d’une quarantaine.

Chaque année 30 000 candidats dont 12 % d’hommes.

Le dernier film du très talentueux documentariste Nicolas Philibert, De chaque instant, a pour héroïnes et héros les élèves en soins infirmiers de la Fondation Œuvre de la Croix-Saint-Simon à Montreuil.

De chaque instant (documentaire)

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 Sortie 29 août 2018

La rencontre et la révélation

Bien souvent c’est quand on devient un souffrant, alité à l’hôpital que l’on réalise la beauté de l’engagement, en toute simplicité, des soignants. C’est la belle aventure qui est arrivée au réalisateur de De chaque instant. Le cœur ragaillardi par cette chaleur humaine, il venait de trouver le thème de son prochain film : ceux qui choisissent de se consacrer – à chaque instant – à soulager les gens dans la détresse physique ou mentale, les élèves infirmières et infirmiers.

Le lieu, l’école

La vie est parfois simple. Pour tourner son film Nicolas Philibert cherchait un lieu pas trop éloigné de chez lui pour éviter la perte de temps des transports. L’équipe de la Croix-Saint-Simon a tout de suite adhérée au projet. Le grand mélange culturel et social des élèves a convaincu Philibert qu’il était à la bonne place. La Fondation Œuvre de la Croix-Saint-Simon est laïque ; elle doit son nom à la rue de la Croix-Saint-Simon du 20ème arrondissement de Paris où elle a vu le jour.

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La grâce

Le film s’ouvre sur un magnifique plan : des mains sous un abondant filet d’eau. La première scène du film, comme la première leçon pratique donnée aux élèves, est le nettoyage des mains. L’hygiène, socle incontournable du métier ; indispensable pour mener à bien leur trois ans d’études.
Ce plan fixe la grâce absolue de ces deux mains qui dans un ballet contenu s’adonnent aux sept gestes nécessaires pour passer de la propreté au geste de santé.

Découvrir, apprendre toujours plus

Les professeurs sont tous des femmes et des hommes d’expérience, qui guident, rassurent et encouragent. Le sérieux et la fantaisie font bon ménage.
Au commencement tout est nouveau, l’uniforme, le code de déontologie qui est quasiment équivalent au Serment d’Hippocrate, le stéthoscope avec lequel on n’arrive pas encore à entendre le cœur. Le formateur leur raconte que pour sa première fois il avait bien les écouteurs dans les oreilles mais le stéthoscope dans la poche. Voilà les élèves rassurés.

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Les premières piqûres sur mannequins en silicone et les bulles dans les seringues déclenchent des rires un peu crispés chez les futurs patients en puissance que nous sommes. Ouf ! Ce sont des premières années. Franche rigolade quand un élève infirmier fait office de mannequin accouchant.

Pour un documentariste au budget serré, Nicolas Philibert s’offre même une scène digne d’une comédie musicale. Une vingtaine d’élèves en uniforme blanc, à genoux sur des tapis de sol verts, qui en mesure et en cadence font un massage cardiaque sur mannequin rose, impulsé rythmiquement par leur formateur. 120 compressions, à raison de 2 par seconde ! « Attention ! 1, 2, 3… » Fous rires et contre-rythmes font réaliser à tous que l’exercice n’est pas si simple.

Au contact du réel

Les stages en milieu hospitalier sont l’occasion pour tous de se confronter à la souffrance, à la douleur et à la mort. Certaines ont peur d’échouer, certains réalisent qu’ils servent enfin à quelque chose, d’autres font deux, parfois trois, « petits » boulots pour payer leurs études. Leur persévérance fait chaud au cœur, une maturité rayonnante les habite.

Une pêche miraculeuse !

La caméra de Nicolas Philibert est posée, calme, sans nervosité. Le plus souvent en plan fixe, comme un pêcheur tenant sa canne sur la rive, il attend. Il laisse les situations venir. Les protagonistes, les élèves et leurs formateurs, sont une pêche miraculeuse !

Il filme ses contemporains avec bienveillance. Avec une élégance respectueuse, une tolérance sans a priori. Le regard qu’il porte sur ses congénères se nourrit de la vitalité que ceux-ci dégagent. La « nourriture » humaine que Nicolas Philibert en tire, il nous l’offre. Telle est sa vocation de cinéaste.
Son film, écrit en trois « mouvements », est habité par la clairvoyance du poète Yves Bonnefoy.

Que saisir sinon qui s’échappe,

Que voir sinon qui s’obscurcit,

Que désirer sinon qui meurt,

Sinon qui parle et se déchire ?

Yves Bonnefoy
Du mouvement et de l’immobilité de Douve
© Éditions Mercure de France, 1953


Bande annonce


Réalisation : Nicolas Philibert
Avec : Formatrices et formateurs, étudiantes et étudiants en soins infirmiers de l’IFPS de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon, Montreuil
Durée : 1h 45

par Pascal Pistacio

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