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Ambulancier : quel rôle sur le terrain ?

Olivier Rio, vice-président de l’Association française des ambulanciers Smur et hospitaliers (Afash), et ambulancier de Structures mobiles d’urgence et de réanimation (Smur) à l’hôpital de Toulon (Var) précise  le rôle et les compétences des ambulanciers dans les secteurs privé et public.

Par Laure Martin.

LaureMartin

olivier rio role ambulancier terrainQuelle est la formation des ambulanciers ?

Pour être ambulancier, il faut être titulaire du diplôme d’Etat d’ambulancier (DEA) donc avoir suivi une formation de 630 heures, sur six mois environ après avoir passé un concours d’entrée. Il faut, au préalable, avoir effectué un stage de 140 heures dans une entreprise ou avoir exercé un mois en tant qu’auxiliaire ambulancier. La formation se compose ensuite d’un enseignement théorique et clinique, et d’autres stages. L’ambulancier est titulaire de l’Attestation de formation aux gestes et soins d’urgence de niveau 2 (AFGSU 2), un diplôme qui doit être recyclé tous les quatre ans. 

Il est également possible de suivre une formation courte de 70 heures pour devenir auxiliaire ambulancier afin de réaliser seul des transports assis en Véhicule Sanitaire léger (VHS) ou d’être le deuxième équipier au sein d’une ambulance.

Quels sont leurs différents modes d’exercice ?

L’ambulancier peut exercer dans deux secteurs : le privé ou le public. Dans le secteur privé, il travaille au sein d’une entreprise de transport sanitaire. L’ambulancier est généralement affecté sur une ambulance et a sous sa responsabilité l’auxiliaire ambulancier. Il peut également avoir une fonction de régulation au sein de son entreprise ou en détachement dans un Centre de réception et de régulation des appels du SAMU (CRRA15) afin de faciliter l’intervention des ambulances privées.

Dans le public, l’ambulancier a le statut de fonctionnaire de catégorie C. Il doit alors passer un concours sur titre, assujetti au diplôme d’État, au permis B et au permis poids lourds ou transports en commun. Comme les ambulances de réanimation des Samu/Smur ont tendance à devenir poids lourds, les futurs ambulanciers s’orientent de plus en plus vers ce permis de conduire. Le candidat se présente devant une commission et la sélection des ambulanciers se fait en fonction des profils. Un test psychotechnique valide la nomination au grade de conducteur ambulancier. Il est également possible d’être contractuel dans l’attente d’un concours sur titre. Dans ce cas l’ambulancier n’a pas le grade de « conducteur ambulancier ». Dans la fonction publique, le statut d’auxiliaire ambulancier n’existe pas.

Quelles sont les compétences des ambulanciers ?

L’ambulancier a pour rôle d’assurer le transport et la surveillance d’un patient essentiellement sur prescription médicale. Il l’aide à la marche, il peut le brancarder s’il ne peut pas se déplacer. Il a également un rôle de premier intervenant en cas d’urgence. Il assure ainsi les gestes de premier secours. Il n’est pas médecin, ni infirmier mais est formé pour administrer de l’oxygène, contrôler les paramètres vitaux, arrêter des hémorragies, effectuer des gestes de réanimation… Toutes ces compétences font partie de son rôle propre. L’ambulancier est en mesure d’évaluer l’état de santé du patient et d’adresser un bilan au centre 15. Il doit également remplir les documents administratifs et comptables nécessaires à la prise en charge d’un patient.

Quels sont les secteurs d’intervention des ambulanciers dans le privé ?

Dans le secteur privé, l’ambulancier intervient sur un VSL ou dans une ambulance pour du transport de patient, hors cadre urgence. Par exemple, une personne diabétique qui doit se rendre à sa dialyse ou un retour à domicile après une hospitalisation. Cependant, les ambulances privées peuvent intervenir dans le cadre des missions d’urgence à la demande du Samu via le CRRA15. L’ambulancier va donc accomplir des missions de type secouriste. Dans ce cas, il est possible de comparer les missions des ambulanciers privés à celles des pompiers. Il s’agit de missions dans le cadre de l’Aide médicale d’urgence (AMU), il n’y a pas de notion de médicalisation. C’est le centre 15 qui régule et qui décide d’envoyer sur le lieu d’intervention soit une ambulance d’une entreprise privée, qui participe alors au système de garde préfectorale, soit les pompiers. En fonction des secteurs, une ou plusieurs ambulances de gardes préfectorales sont à disposition du Samu.

L’ensemble des actions des ambulanciers sont prises en charge par l’Assurance maladie. Les tarifs sont réglementés. Pour les transports programmés, les patients détiennent quant à eux des bons de transports délivrés par un médecin, qu’ils remettent aux ambulanciers avec leur carte vitale et leur carte de mutuelle s’ils en ont pour la facturation. Pour les missions dans le cadre de l’AMU, les ambulanciers reçoivent du CRRA15 un numéro de mission à reporter sur les documents administratifs.

L’ambulancier, lors d’une intervention d’urgence, est le premier acteur à agir, au même titre que les pompiers. Si nécessaire, son intervention peut être renforcée par les équipes médicales de la Smur.

Et dans le public ?

À l’hôpital public, l’ambulancier peut travailler au sein du transport interne afin d’assurer les déplacements des patients entre les hôpitaux ou entre l’hôpital et un lieu d’examen ou de soin. Cela ne concerne pas les soins d’urgence, il s’agit uniquement d’une notion d’accompagnement. À l’hôpital, l’ambulancier peut aussi être affecté à la Smur. Il doit, dans ce cas, disposer d’une formation d’adaptation à l’emploi et effectuer un stage de conduite rapide, car son rôle est de conduire et d'assister l’équipe médicale et paramédicale sur le lieu d’intervention. Dans ce cadre, on a tendance à estimer qu’il change de métier car son rôle est davantage de conduire l’équipe et d’aider à la prise en charge médicale des patients en préparant le matériel pour les perfusions ou pour l’intubation par exemple. Il est dans l’aide technique et médicale. Si la Smur possède ses propres ambulances de réanimation, les ambulanciers Smur assurent le transfert de patient grave nécessitant la présence d’un médecin, entre différents établissements de santé afin de trouver un plateau technique adapté à la pathologie du patient. Ces transferts peuvent parfois se faire sur de longues distances au-delà des départements limitrophes.

L’ambulancier a-t-il des liens avec les autres professionnels de santé ?

L’ambulancier, lors d’une intervention d’urgence, est le premier acteur à agir, au même titre que les pompiers. Si nécessaire, son intervention peut être renforcée par les équipes médicales de la Smur. Comme il assure les premiers secours, lorsque son intervention est renforcée, l’ambulancier assure les transmissions à l’équipe de la Smur qui va intervenir sur place. C’est le cas aussi à l’arrivée à l’hôpital auprès de l’infirmier d’accueil. Au quotidien lors des transports non urgents, il est en lien avec les infirmiers, les médecins urgentistes, les médecins de famille, les kinésithérapeutes, les auxiliaires de vie… 

Comment se déroule le recrutement ?

La majorité des ambulanciers exercent dans des sociétés privées. Dans ce secteur, le turn over est parfois important. La profession constate malheureusement des dérives liées à la rentabilité, les ambulanciers n’ont alors plus trop le temps d’écouter les patients, de les rassurer. Ils ont à peine le temps d’arriver sur place qu’ils sont appelés pour une autre mission. Les ambulanciers sont donc sous pression à devoir toujours en faire plus. Le salaire est généralement plus intéressant dans une société privée mais le volume d’heures est plus important par rapport à un agent du public.

À l’hôpital public, il y a peu d’ambulanciers. Nous estimons entre 3 000 et 3 500 ambulanciers dans la fonction publique hospitalière car tous les hôpitaux ne disposent pas de leur propre service d’ambulance ou d’une Smur. Et certains hôpitaux qui détiennent une Smur ne disposent pas tous, contrairement à la réglementation, d’ambulanciers pour assurer la conduite du véhicule. En psychiatrie, les transports internes disposent de leur propre équipe d’ambulanciers. Ils sont chargés de transporter les patients des unités psychiatriques et détiennent alors une spécialisation supplémentaire.

par Laure Martin

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