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Les Maisons sport-santé : promouvoir la prévention par le sport

Les Maisons Sport-Santé (MSS) ont pour but d’accueillir et d’orienter les personnes souhaitant pratiquer, développer ou reprendre une activité physique et sportive à des fins de santé, de bien-être, quel que soit leur âge. En janvier 2020, les ministères des Sports et de la Santé ont dévoilé la liste des 138 premières Maisons Sport-Santé certifiées. Au CHU de Rennes, le Pr François Carré, cardiologue et médecin du sport, porte la mise en place d’une MSS certifiée. Le point.

Propos recueillis par Laure Martin.

LaureMartin

Pr Francois CARRE INTComment vous êtes-vous engagé dans la démarche d’une MSS ?  

Au service de médecine du sport du CHU de Rennes, nous sommes très investis dans le centre interdisciplinaire Bien être et santé, avec le recours à des thérapeutiques non médicamenteuses en prévention secondaire et tertiaire. Lorsque l’appel d’offre des ministères de la Santé et des Sports a été publié, la direction du CHU a souhaité que nous portions un projet pour créer une MSS.

L’objectif est d’aider les personnes souhaitant pratiquer une activité physique, qu’ils aient ou non une pathologie, à trouver des structures et des activités correspondant à leurs besoins et à leurs envies. Nous ciblons plus particulièrement les personnes en situation de précarité, ce qui implique une ouverture sur la ville pour agir en prévention primaire, secondaire et tertiaire.

J’ai donc proposé à différents partenaires comme la direction de la jeunesse et des sports, des associations loi 1901 - certaines prenant en charge des personnes en situation précaire comme des sans domicile fixe, d’autres des personnes en situation d’addiction - de nous réunir et de bâtir le projet.

Comment fonctionne la MSS ?

La MSS a pris un peu de retard en raison de la crise sanitaire. Néanmoins, d’ici la fin de l’année, les activités vont être lancées. Elle va se situer au sein de la Maison des sport de Rennes – cela nous paraît plus pertinent qu’au sein de l’hôpital – et va dans un premier temps fonctionner avec une secrétaire, qui répondra aux questions des appelants, et un enseignant en activité physique adaptée. Il pourra balayer les besoins et les capacités des personnes, et décider si elles doivent d’abord consulter un médecin ou si elles peuvent commencer une activité dans l’immédiat. Dans ce dernier cas, il les adressera à des structures ou associations partenaires.

Deux paramètres sont à favoriser pour encourager à l’APA : la proximité et le plaisir. Si une personne doit faire des kilomètres pour participer à une APA, cela ne va pas fonctionner. C’est pour cela que nous avons de nombreux partenaires répartis sur toute la ville.

Deux paramètres sont à favoriser pour encourager à l’activité physique adaptée (APA) : la proximité et le plaisir. Si une personne doit faire des kilomètres pour participer à une APA, cela ne va pas fonctionner.

La MSS a également vocation à faire de la formation et de l’information au grand public ainsi qu’aux professionnels médicaux et paramédicaux. Nous devons par exemple informer et former les médecins à la prescription de l’APA, car aujourd’hui ils sont encore peu nombreux à le faire. Les infirmières libérales et les pharmaciens d’officine peuvent également faire passer le message à leurs patients.

Enfin, nous nous sommes positionnés sur la recherche. Avec l’accord des personnes ayant démarché la MSS, nous allons récupérer leurs données, les anonymisées et analyser les activités qui fonctionnent, évaluer leur qualité de vie, leur capacité physique, etc. L’évaluation est essentielle car elle permet de s’adapter et de progresser.

L’initiative des Maisons sport-santé

Les ministères de la Santé et des Sports ont lancé comme projet la mise en place de 500 maisons santé-sport d’ici 2022 sur tout le territoire français, avec une priorité donnée aux quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ces structures sont une mesure du Plan « Priorité prévention – rester en bonne santé tout au long de sa vie » et de la Sport Santé (SNSS).
L’objectif est de promouvoir les bénéfices de la pratique d’activité physique et sportive, en termes de santé et de bien-être, déterminant majeur de l’état de santé des individus et des populations à tous les âges de la vie. Une pratique régulière, même à intensité modérée, permet de diminuer la mortalité et d’augmenter la qualité de vie. Elle est aussi un levier majeur de prévention et de traitement des principales pathologies sévères (cancers, maladies cardiovasculaires, diabète…) et des facteurs de risque des maladies chroniques (surpoids et obésité, hypertension artérielle).

Les Maisons Sport-Santé (MSS) ont pou mission d’accueillir le public, de renseigner sur les offres de pratiques d’activités physiques et sportives disponibles localement, d’informer et conseiller sur les bienfaits de l’activité physique et sportive et de l’APA, et d’orienter vers des professionnels qualifiés.

Qu’en est-il des financements ?

C’est toute la question ! Pour le moment, nous avons obtenu un financement du ministère des Sports. Mais notre objectif est de pérenniser l’existence de la MSS. Nous allons devoir répondre à des appels d’offres de l’Agence régionale de santé, de mutuelles, pour obtenir des fonds.

Du côté des bénéficiaires, certains vont disposer d’une prescription de leur médecin généraliste et vont être pris en charge pour l’APA. Mais pour d’autres, qui ne sont pas malades, nous réfléchissons aux aides que nous pourrons leur apporter.

Du côté des bénéficiaires, certains vont disposer d’une prescription de leur médecin généraliste et vont être pris en charge pour l’APA. Mais pour d’autres, qui ne sont pas malades, nous réfléchissons aux aides que nous pourrons leur apporter. Nos partenaires ont déjà mis en place des systèmes pour obtenir des financements pour les bénéficiaires.

Quelques chiffres

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) :

  • la sédentarité cause 2 millions de décès/an dans le monde, et de nombreuses pathologies chroniques

  • l’inactivité physique est la cause de :

- 5 %des cardiopathies coronariennes

- 7 % du diabète de type 2

- 9 % du cancer du sein

- 10 % de cancer du côlon


Visionner l'interview du Pr François Carré sur l'impact du manque d'activité physique chez les jeunes
: ici