L’activité physique adaptée, un enjeu de santé publique

Lancé en 2012 à Strasbourg, "Sport-Santé sur ordonnance" est une initiative prévoyant d’intégrer l’activité physique au traitement de certaines affections de longue durée (ALD), prescrite par le médecin traitant.Aujourd’hui, le réseau national des villes Sport-Santé sur Ordonnance qui dépend du Réseau Français des Villes santé de l'OMS, réunit 70 villes, dont 30 à 35ont déjà mis en place le Sport-Santé sur leur territoire. 

Par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

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« Le Sport-Santé est devenu une réalité pour beaucoup de territoires, de villes, de réseaux, mais malheureusement, il n’existe pas encore de modèle national »,déplore le Dr Alexandre Feltz, médecin généraliste, président du groupe de travail sport et santé des villes OMS, et adjoint au maire de Strasbourg. 

Un réseau de villes Sport-Santé qui s’étend

Par exemple, à Strasbourg, 400 médecins généralistes prescrivent une activité physique adaptée (APA)et ont déjà suivi plus de 3000 patients. À Biarritz, ce sont plus de 300 médecins généralistes qui sont impliqués dans cette dynamique.«  Quand on a des financements locaux, les médecins et les patients s’engagent, et on arrive à organiser et structurer le Sport-Santé sur Ordonnance. »,assure le Dr. Feltz 

Refus du gouvernement de financer cette dynamique

La loi du 26 Janvier 2016, dite de modernisation de notre système de santé,prévoit dans un articlela possibilité pourtous les médecins traitants de France de prescrire de l’APAà toutes les personnes ayant une ALD. « Mais en l’absencede décrets ou de textes d’application assez puissants pour le généraliser en France, on n’obtiendra pas un financement nationalC’est la sécurité sociale qui devrait s’engager avec les complémentaires de santé, et notamment les mutualistes, qui sont prêtes à le faire. Mais nous avons un blocage du gouvernement actuel, comme du précédent, qui refuse de s’engager sur une prise en charge mêmeforfaitairede quelques centaines d’euros,qui permettrait une généralisation sur tout le territoire de Sport-Santé sur Ordonnance.L’État s’engage parfois au travers de certaines ARS. C’est le cas de l’ARS Grand Est, par exemple, qui investit plusieurs millions d’euros par an dans le Sport-Santé. Cependant, cela pose ensuite un problème d’équité sur le territoire. », dénonce le Dr. Feltz 

Les ministres des sports ont toujours été favorables à cette initiative, car elles ont compris l’importance de l’activité physique pour la santé des personnes souffrant de certaines maladies. « Par contre, les ministres de la santé, Marisol Touraine, puis Agnès Buzin, sont réticentes car elles ont peur de « payer du sport ».  Or ce n’est pas du sport, c’est de l’APA à l’état du patient !» regrette le Dr. Feltz. « Des amendements ont été déposés dans le dernierPLFSS afin que l’AP soit prise en charge au moins pour le cancer, le diabète et l’hypertension. Mais le gouvernement a refusé ces amendements pourtant portés par des députés de sa majorité. » 

Enjeu de santé publique et gains économiques démontrés

« L’enjeu de santé représenté par Sport-Santé sur Ordonnance est pourtant de taille », poursuit le Dr. Feltz. « Les études montrent que les personnes à qui l’on prescrit une APAvont mieux, qu’elles prennent moins de médicaments, et ont moins de jours d’hospitalisationLes enjeux financiers sont aussi notables car l’investissement dans l’APA montre que l’on peut gagner des millions d’euros sur les prescriptions médicales, mais aussien évitant des complications. Investir dans l’APA pourrait permettre de réduire les dépenses de la sécurité sociale. », affirme le Dr. Feltz 

D’après l’étudeSport Eco(1)publiée sur site du ministère des sports, le coût total de la sédentarité en France est estimé à 17 milliards d’euros par an.  Aujourd’hui, seules25% des personnes remplissent les recommandations de l’OMS sur l’activité physique qu’il faudrait faire, c’est-à-dire l’équivalent de 30 minutes de marche par jour 

(1)http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/sporteco_sportsantefinancespubliques2018.pdf 

 

 

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