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"Mon Soutien psy" : un dispositif de plus en plus utilisé par les jeunes

L'Assurance maladie a fait le point, le 1er avril 2025, sur le déploiement de son dispositif "Mon Soutien psy". Ce programme, opérationnel depuis 2022, permet la prise en charge de séances avec un psychologue pour les personnes en souffrance psychique légère à modérée. Trois ans après son lancement, le dispositif progresse, même si de nombreux freins persistent.

"On a aujourd'hui plus d'une personne sur cinq qui sera touchée par un trouble psychique au cours de sa vie", a rappelé Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée à l'Assurance maladie. S'appuyant sur les données de Santé publique France et de l'OMS, la Cnam observe une augmentation continue des troubles anxieux et dépressifs dans la population générale depuis la crise sanitaire.


"Chez les 18-34 ans, les états dépressifs
sont passés de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021."

Les jeunes adultes et les personnes en situation de précarité sont les plus concernés. Chez les 18-34 ans, les états dépressifs sont passés de 11,7 % en 2017 à 20,8 % en 2021. Les données internes de la Cnam signalent aussi une hausse significative de la consommation de psychotropes chez les 12-25 ans : +60 % de jeunes sous antidépresseurs et +38 % sous antipsychotiques entre 2019 et 2023, avec une nette surreprésentation des jeunes filles : +91 % de prescriptions d'antipsychotiques chez les filles de 16 à 19 ans, contre une moyenne de +38 % chez les jeunes en général.

"Mon soutien psy" : une offre de premier recours en santé mentale

L'expérimentation initiée en 2021 a donné naissance au dispositif national "Mon Soutien psy" en avril 2022. Son principe : proposer jusqu'à 12 séances annuelles, dont une évaluation préalable, avec un psychologue conventionné, au tarif unique de 50 €, entièrement remboursées (60 % par l'Assurance maladie obligatoire, 40 % par les organismes complémentaires).

Depuis juin 2024, l'accès est direct, sans prescription médicale, pour les patients à partir de 3 ans, présentant un trouble anxio-dépressif léger à modéré. Les cas plus sévères ou les patients relevant d’un suivi psychiatrique sont exclus du dispositif.

MÉDECINS : SE FORMER AU REPÉRAGE DES TROUBLES ANXIO-DÉPRESSIFS DES JEUNES

L'organisme de formation M-Soigner organise une journée de formation "Repèrage et prise en charge des troubles anxio-dépressifs chez l'enfant et l'adolescent" pour les médecins de premiers recours.

Intervenants : Dr Lola Fourcade, pédopsychiatre ; Dr Hervé Lefèvre, pédiatre
Lieu : Paris 15e - Villa M
Public DPC : médecins généralistes, pédiatres, urgentistes (indemnisation 315 E)
Durée : 1 journée
Pédagogie : exposés, cas cliniques

EN SAVOIR + cliquez ici ► M-Soigner ados

Une montée en charge progressive

Au 28 février 2025, près de 587 000 patients ont bénéficié du dispositif, encadrés par 5 600 psychologues partenaires. Un psychologue conventionné suit en moyenne 120 patients et réalise 611 séances par an. La durée moyenne de prise en charge est de cinq séances.

Bien que les troubles addictifs sévères constituent un critère d'exclusion du dispositif, certains cas de mésusage, notamment liés à l'alcool, peuvent néanmoins être repérés au fil des entretiens. "Dans la pratique, il arrive que le dispositif joue un rôle de porte d'entrée vers une prise en charge plus spécialisée, notamment lorsqu'on identifie des signaux de consommation problématique", a souligné Marguerite Cazeneuve. Une orientation vers des structures d'addictologie ou un suivi psychiatrique peut alors être proposée, en lien avec le médecin traitant.

"La patientèle est majoritairement féminine (70 %) et jeune :
22 % ont moins de 25 ans."

 

La patientèle est majoritairement féminine (70 %) et jeune : 22 % ont moins de 25 ans. "Le dispositif a trouvé son public de manière universelle", a observé Vernessa Vectu, responsable adjointe au département prestations et maladies chroniques.

Mais l'offre reste inégalement répartie : 90 % des psychologues sont en zone urbaine, et certains territoires restent faiblement couverts. La Cnam entend renforcer ses efforts de prospection pour atteindre l'ensemble des 16 000 à 18 000 psychologues éligibles


Freins à l'accès : stigmatisation, méconnaissance, perception du coût

L’enquête BVA réalisée pour la Cnam révèle que 1 Français sur 4 est en mauvaise santé mentale, mais seule une minorité est suivie (6 %) ou s'identifie comme souffrant (60 % des personnes concernées).

"1 Français sur 4 est en mauvaise santé mentale,
mais seule une minorité est suivie (6 %) - enquête BVA/Cnam"


Carlos Cazorla, directeur du département santé de BVA, souligne : "Un tiers des Français interrogés ne consulteraient pas un psychologue même en cas de souffrance". Les raisons invoquées ? La peur de paraître faible, le doute sur l'efficacité du suivi, et surtout, le coût : 47 % pensent que consulter un psy est réservé à ceux qui ont des revenus confortables.

Une campagne nationale pour changer les représentations

L'Assurance maladie a lancé, le 30 mars 2025, une vaste campagne de communication sur le thème : "Ne restez pas seul avec votre mal-être". Spots TV et radio, affichages, relais sur les réseaux sociaux, opérations avec des podcasteurs : tous les canaux sont mobilisés.

"Ce que nous voulons, c'est que chacun puisse se reconnaître dans une situation de souffrance psychique et sache qu'une solution existe, gratuite et immédiate", a expliqué Gladys Furet, directrice de la communication de la Cnam. Le spot montre des personnes ordinaires traversées par un mal-être invisible, symbolisé par une nébuleuse.

Quelles évolutions pour demain ?

Le dispositif est appelé à évoluer encore. La Cnam souhaite :

  • Renforcer le nombre de psychologues partenaires, en particulier dans les zones sous-dotées ;

  • Développer des outils pour faciliter le tiers payant et la facturation numérique ;

  • Suivre l'efficacité à moyen terme via des croisements de données (psychotropes / psychologues) ;

  • Réduire les écarts d'accès selon le territoire, l'âge, le genre ou la situation sociale.

Comme l'a rappelé Marguerite Cazeneuve : "Ce dispositif n'est pas l'alpha et l'oméga de la santé mentale, mais il constitue une pierre utile à un édifice plus large". La Grande cause nationale 2025 consacre la santé mentale : l'occasion de faire de Mon soutien psy un levier durable d'accès aux soins psychiques.

Marina Kolesnikoff
Source : Conférence de presse Assurance maladie « Nouvelle campagne nationale « Mon soutien psy » 30 mars 2025
Avec l'assistance de CGPT