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L'actu des think tanks santé - 4e trim. 2017

par Maël Lemoine.

MaelLemoine

Pertinence : du concept à l’action, Haute Autorité de Santé, 14 novembre 2017.

Ce colloque, qui a rassemblé scientifiques, professionnels, usagers et représentants des pouvoirs publics, s’est tenu sur la base des résultats d’une démarche participative visant à définir les contours de la notion de soin pertinent : « adapté aux besoins du patient et à son environnement de vie ; administré suite à un véritable échange avec le médecin/professionnel ; ayant une balance bénéfice/risque favorable ; utile et juste scientifiquement ; (…) accessible à tous les citoyens aussi bien au plan géographique que financier. »
La HAS a défini à cette occasion ses objectifs : engagement au sein du groupe national « pertinence », production de fiches pertinences avec les professionnels de santé, élaboration de message courts intégrés à termes dans les systèmes d’aide à la décision, développement d’outils à destination des patients pour renforcer la notion de décision partagée pertinente, et renforcement de sa politique d’indicateurs par le développement d’indicateurs de pertinence.

Homeopathic products and practices: assessing the evidence and ensuring consistency in regulating medical claims in the EU, European Academies’ Science Advisory Council, 20 septembre 2017. 

Le conseil consultatif des académies des sciences européennes rappelle que l’homéopathie n’est pas une pratique plausible et qu’elle est incohérente au regard des connaissances scientifiques. Il reconnaît que l’homéopathie peut avoir un effet placebo, mais constate qu’il n’existe aucun effet établi de l’homéopathie au-delà de l’effet placebo. Outre que le public n’en est pas clairement informé, la persistance des discours sur l’homéopathie nuit à la crédibilité de l’information scientifique et à la confiance des patients. Le conseil recommande qu’aucun produit de santé ne puisse être commercialisé ou promu sans avoir établi la preuve de son efficacité, de manière vérifiable et objective, qu’aucun ne soit remboursé par les institutions publiques, et que la composition soit indiquée sur l’emballage.

Rapport d’évaluation du dispositif des réseaux de soin, IGAS, 20 septembre 2017.

En 2016, ces réseaux rassemblaient des dizaines de milliers de professionnels de santé et étaient accessibles à 45 millions d’assurés, notamment, dans le secteur de l’optique et des aides auditives. Dans ces réseaux, les prix sont inférieurs d’environ 20% pour les verres et 10% pour les montures, mais elle est plus réduite dans le secteur dentaire. Le contrôle de la fraude y est efficace. L’accès aux soins y est favorisé, notamment par la réduction du reste à charge. La qualité des soins est difficile à apprécier, et la restriction de la liberté de choix est modérée pour les usagers, tandis que la liberté de prescription est très restreinte pour les professionnels.

Etude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition (ESTEBAN), Santé publique France, 26 septembre 2017.

Entre 2006 et 2015, la proportion de femmes physiquement actives a baissé de 16% (-22% chez les 40-54 ans), tandis que chez les hommes, elle a augmenté de 10%. Environ la moitié des femmes et 70% des hommes satisfont aux 150 mn d’activité d’endurance d’intensité modérée, ou 75 mn d’activité d’endurance d’intensité soutenue, recommandées par l’OMS.
On constate une baisse importante de la pratique sportive chez les femmes. Parallèlement, le temps passé devant un écran a augmenté de 44% chez les hommes et de 66% chez les femmes, en moyenne de 3h10 à 5h07 par jour. Le pourcentage d’enfants inactifs s’est considérablement accru, bien que 90% des parents considèrent leur enfant comme actif.

Quelles perspectives pour les dépenses sociales en France ? Terra nova, 6 octobre 2017.

La situation financière du système de santé français devrait revenir à l’équilibre dans la prochaine mandature et rester sous contrôle sans ressources supplémentaires. Son efficacité est toutefois inégale, pour un niveau de dépense élevé. Terra Nova préconise de s’interroger sur la répartition entre prestations sociales et autres missions publiques (éducation et formation, sécurité…). Les dépenses de santé, notamment, sont les seules qui devraient notablement augmenter à moyen et long terme. Il s’agit de s’assurer que la maîtrise des coûts ne se fasse pas au détriment de l’efficacité des prestations, et de veiller à une répartition équilibrée des dépenses, qui bénéficient de manière croissante aux plus âgés.

Panorama de la santé, OCDE, 10 novembre 2017.

Si la moyenne d’espérance de vie est de 80,6 ans dans l’OCDE, elle est de 82,4 ans en France. Le taux de mortalité par crise cardiaque est ainsi particulièrement bas, 39 pour 100000 contre 112 dans l’OCDE. En revanche, 9% des enfants d’un an ne sont pas vaccinés contre la rougeole contre 5% dans l’OCDE, et la vaccination infantile contre l’hépatite B est à la traîne. La consommation de tabac est préoccupante avec 19% des jeunes de 15 ans déclarant fumer, contre 12% dans l’OCDE, et la France se classe parmi les pays consommant le plus d’alcool avec 11,9 litres d’alcool pur par an et par habitant, contre 9 litres dans l’OCDE.

La viande au menu de la transition alimentaire, Terra Nova, 23 novembre 2017.

En divisant par deux les consommations de viande et de poisson dans les vingt ans qui viennent, les Français pourraient inverser les proportions actuelles du régime alimentaire moyen, composé de deux tiers de protéines animales et d’un tiers de protéines végétales. Cette transition, qui respecterait les traditions alimentaires et les intérêts économiques, aiderait à atteindre les objectifs environnementaux et de santé publique affichés par la France.

L’avenir de l’assurance maladie, Cour des Comptes, 31 novembre 2017.

La Cour des Comptes considère que l’organisation actuelle du système de soins ne saurait permettre d’améliorer les prestations et de réduire les coûts, et qu’une organisation alternative permettrait d’économiser des milliards d’euros à qualité constante : gouvernance, répartition des compétences, décloisonnement des professions, répartition territoriale et installation des professionnels, déconcentration hospitalière. Au-delà, elle invite l’assurance maladie à réfléchir à la répartition entre couverture obligatoire et complémentaire et à la maîtrise des dépassements tarifaires, et à opérer un véritable virage en direction de la prévention, par la responsabilisation des patients et des professionnels.
Concrètement, le rapport préconise :

  • L’absence de conventionnement des médecins qui s’installeraient dans des zones bien couvertes ;
  • Le conditionnement d’une partie de la rémunération des médecins libéraux à une permanence étendue les soirs et week-ends et à la prise en charge d’une partie des urgences ;
  • Une rémunération au forfait pour les patients atteints d’affections chroniques ;
  • L’exclusion du conventionnement pour dépassement d’honoraires ;
  • L’augmentation du poids de la prévention dans la rémunération sur objectif de santé publique ;
  • Un système de recertification périodique des médecins ;
  • La généralisation de l’ordonnance électronique et son contrôle automatique par un système d’analyse de la qualité des soins ;
  • La création d’un bouclier sanitaire pour réduire le reste à charge des patients ;
  • La création d’une agence nationale de santé qui surmonte la séparation des hôpitaux (sous responsabilité de l’Etat) et des libéraux (sous responsabilité de l’Assurance Maladie).

Recours aux soins palliatifs hospitaliers des personnes décédées en 2013 en France selon leurs caractéristiques et pathologies, Santé Publique France, 12 décembre 2017.

Sur les 347253 décès identifiés en 2013, 84% avaient été hospitalisés une fois au moins dans l’année qui précède, 60% sont morts lors d’une hospitalisation et 29% ont bénéficié de soins palliatifs hospitaliers. Il existe des variations importantes selon les pathologies : le recours aux SPH est de 52% dans le cancer, mais de 17% dans l’insuffisance cardiaque. Ce taux de couverture est jugé élevé par les auteurs du rapport.

par Mael Lemoine