La blockchain en santé : la panacée de la sécurité des données ?

La thématique du numérique dans le secteur de la santé est revenue en force avec les 6e rencontres du progrès médical du Snitem, organisées à l’Institut Pasteur, le 11 septembre dernier. Parmi les nombreux sujets abordés, une question peu évidente : « la blockchain en santé, quesaco ? ». 

Par Carole Ivaldi

Carole Ivaldi

La blockchain, tentative de définition !

En résumé, la blockchain est une base commune de données numériques transparente et sécurisée qui met fin à l’intermédiation qui dominait le système précédent des échanges de données numériques. La blockchain est infalsifiable pour deux raisons. Tout d’abord, elle marque la fin des organes de contrôles et des tiers de confiance. Ce sont les ordinateurs de tous les particuliers qui participent à cette blockchain en mettant à disposition la puissance de calcul de leur processeur.  
De plus, la blockchain est un moyen de transférer des données de manière non réplicable : on peut envoyer des données, mais sans en garder de copies. Il faut imaginer une chaîne de blocs liés les uns aux autres dans chacun desquels une liste de données va être stockée et sécurisée de manière cryptographique, ce qui rend impossible la modification des données déjà enregistrées. L’anonymat des données est assuré par ce système de cryptographie asymétrique. Il faut deux clés (l’une privée, l’autre publique) pour avoir accès à l’ensemble des informations. Les données standardisées sur la blockchain sont anonymes et limitées à certains types de données.

Intérêt de la blockchain dans le secteur de la santé

M.Chu

Pour Robert Chu, fondateur de la société leader dans le domaine
de la blockchain en santé Embleema,l'objectif  est de réussir à chaîner
tout l'historique des données des soins du patient.

Pour Robert Chu, fondateur de Embleema, les données de santé étant particulièrement sensibles, plusieurs défis sont à relever. Le premier est la confidentialité des données qui touche à la vie privée des patients. La blockchain apparaît aujourd’hui comme le moyen le plus sûr pour assurer fiabilité et sécurité des données puisqu’elles sont infalsifiables.  Le deuxième défi est de réussir à « chaîner » tout l’historique des données des soins du patient qui constitue son dossier médical. Chaque patient ayant fait une multiplicité d’examens médicaux dans des centres de soins différents, et vu de multiples professionnels de santé, rassembler toutes les données afférentes est complexe.  L’architecture même de la blockchain est adaptée à cette fragmentation de l’historique médical. Enfin, il faut résoudre une inégalité d’informations entre le patient et les professionnels de santé. « Un médecin a des informations sur la santé du patient que ce dernier n’a pas, alors qu’il s’agit pourtant de la vie et de la santé du patient. Dès lors, comment le patient peut-il discuter du choix de traitement décidé par le médecin puisqu’il n’a pas les informations suffisantes pour le faire ? », s’interroge Robert Chu. « C’est là où la blockchain devient une aide incomparable : elle rend le pouvoir au patient, et rétablit l’équilibre nécessaire pour qu’il ait la main sur sa santé. La blockchain est l’outil de partage sécurisé assurant une véracité des données de santé et qui rend le patient seul décideur de celles qu’il souhaite partager. Son consentement est en effet requis pour le partage de ses données de santé. »

 

par Carole Ivaldi