Obésité, chirurgie bariatrique et suivi postopératoire chez le médecin généraliste 

Dans un plaidoyer pour un regard plus bienveillant et plus juste sur les personnes obèses encore trop souvent culpabilisées, le Pr Guillaume Pourcher, chirurgien de l’obésité et responsable du centre de prise en charge de la maladie obésité à l’institut Montsouris, expose les techniques et les conditions de la chirurgie bariatrique. Quels en sont les conditions ? Les bénéfices mais aussi les risques ? Il insiste sur l'importance capitale du suivi pré et post opératoire. Notamment sur le rôle du médecin généraliste.

 

Guillaume Pourcher : Chirurgien de l’obésité et responsable du centre de prise en charge de la maladie obésité à l’institut Montsouris

Trois grandes techniques : l’anneau gastrique, le bypass, la sleeve gastrectomie

Le but : traiter les patients souffrant de maladie obésité

Les indications, obésité sévère et morbide : Pour ces patients, la chirurgie de l’obésité est le seul traitement à notre disposition.

Indice de masse corporelle (IMC) > 35 ou IMC > 40 d’emblée.

Critères d’âge entre 18 et 65 ans.

Les risques : un taux de complications chirurgicales tout à fait acceptable : 5%. Des risques de dénutrition, des risques de carences en certaines vitamines…

Les contre-indications : des situations de maladies psychiatriques évolutives, personnes en grand danger où une anesthésie ou une chirurgie est risquée. Des contre-indications en termes de préparation.

Les bénéfices : 30 à 40% de réduction de la mortalité. Disparition dans 80% des cas de l’apnée du sommeil, dans près de 70% du diabète, dans plus de 65% de la tension

Les effets : La chirurgie de l’obésité va modifier l’anatomie en profondeur et la physiologie puisqu’elle va jouer sur plein de cascades métaboliques notamment des cascades d’ordre microbiotique

% d’échec : 50% à plus de 10 ans. La réussite va être directement reliée au bon suivi du patient.

Suivi des patients :

La dépression doit être absolument réglée, contrôlée, maîtrisée, avant de partir dans ce parcours.

Avant : 1 an de préparation avec une hospitalisation de plusieurs jours

- bilan multidisciplinaire de santé de 6 mois ; ateliers avec un(e) psychologue, avec un(e) diététicienne, avec un(e) coach sportif, intervention du patient expert

- Une éducation thérapeutique pour mettre en place les nouvelles habitudes

Après : suivi organisé pendant 5 ans, avec des consultations, surtout la première année, tous les 2/3 mois puis suivi tous les ans par un hôpital de jour

Deux médicaments : 1- réapprendre à manger et à boire 2- réaliser au moins 2 à 3 heures d’activité physique par semaine

• Le suivi en pratique :

Par le médecin traitant : une prise de sang, un bilan nutritionnel annuel, avec une consultation médicale pour corriger les carences en vitamines quand elles sont présentes.

Par le diététicien : une consultation annuelle toute la vie afin de rééquilibrer le comportement du patient

• Rôle du médecin traitant : connaître la maladie et la dépister.

Seulement 5% de la population entrant dans le cadre des indications chirurgicales est soignée.

Dépister, c’est calculer l’IMC. Au-dessus de 35kg/m2, faire un bilan de santé dans une équipe spécialisée, ne pas rester seul.

• L’essentiel : le regard que l’on porte sur les personnes souffrant d’obésité est un facteur aggravant. Ces personnes ne sont pas responsables de leur maladie.

Les soignants doivent se battre, informer et faire évoluer les mentalités

par Cécile Menu