Microbiote #1 : Le microbiote et les traitements anticancéreux

La Mutuelle du Médecin, en partenariat avec Groupe Pasteur Mutualité, a organisé la conférence "Microbiote : un partenaire-clé pour notre santé" à l'Institut Pasteur. Parmis les chercheurs et experts du domaine figurait le Dr Bertrand Routy, oncologue du CHUM de Montréal. Il étudie le rôle que peut jouer la composition du microbiote sur la prise en charge, en particulier en immunothérapie, de certains cancers.

Propos recueillis par Laurent Joyeux.

LaurentJoyeux


Si vous voulez vous présenter en quelques mots.

Je suismédecin chercheur, spécialiste en oncologie du Centre Hospitalier de l’Université de Montréal au Canada.

Quel est le sujet que vous avez présenté aujourd’hui ?

Aujourd’hui, on a parlé de microbiome en oncologie, surtout avec les nouveaux traitements d’immunothérapie et le rôle du microbiome comme biomarqueur de réponse, et surtout de pouvoir modifier le microbiome des patients afin d’augmenter l’efficacité de l’immunothérapie.

Quelles sont les grandes avancées dans ce domaine ?

Les grandes avancées, on a montré d’une part que la prise d’antibiotiques, avant de débuter l’immunothérapie, diminue l’efficacité de ces nouveaux traitements. On a aussi montré qu’on pourrait peut-être prédire la réponse à l’immunothérapie en séquençant le microbiome des patients. Et finalement, on est en train de faire des études cliniques afin de modifier le microbiome des patients avec des capsules de selles de donneurs ou des capsules de bactéries qui sont actuellement testées dans plusieurs pays au monde.

Et si on devait retenir deux éléments ?

Deux éléments importants à retenir aujourd’hui, c’est que le microbiome est là pour rester en oncologie et qu’on comprend encore peu de choses et donc, il y a un énorme effort de recherche fondamentale, translationnelle et clinique, afin de mieux comprendre le rôle du microbiome en oncologie, surtout dans l’aire de l’immuno-oncologie.

On a aussi montré qu’on pourrait peut-être prédire la réponse à l’immunothérapie en séquençant le microbiome des patients.

Qu’attendez-vous d’une conférence comme celle d’aujourd’hui ?

C’est de partager avec les collègues les différentes avancées dans le microbiome, que ce soit en gastro-entérologie, en pédiatrie et en oncologie. Aussi de faire une valeur éducatrice aux médecins, spécialistes de la santé, patients qui veulent apprendre plus sur le microbiome, puisque c’est un nouvel organe qu’on ne connaissait pas, qu’on n’a jamais étudié pendant nos études et de comprendre comment ce nouvel organe joue dans notre quotidien en médecine et en santé.

Juste une dernière question, vous avez évoqué le fait qu’il y a quelques années, vous étiez très mal reçu par les autres du corps médical.

C’est vrai qu’il y a quelques années, parler de microbiome en oncologie était très difficile. Les gens étaient un petit peu moqueurs, de par la nature des échantillons, mais dans les cinq dernières années, de moqueries, on est passé à études cliniques. Les grandes compagnies pharmaceutiques investissent énormément dans le microbiome, énormément de biotechs françaises, internationales s’intéressent au microbiome. Donc d’un organe obscur, ça devient peut-être le prochain paradigme dans l’immuno-oncologie pour augmenter l’efficacité de ces traitements pour nos patients.

 

Lors de cette conférence, trois interviews post-interventions ont été menées. En plus du Dr Bertrand Routy, vidionnez celles du Pr Gérard Eberl sur l'importance du microbiote dès l'enfance et celle de Nathalie Rolhion sur l'impact du microbiote dans les maladies inflammatoires chroniques de l'intestin. Voir l'intégralité des interviews de chercheurs experts en microbiote
par Laurent Joyeux