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[VIDÉO] Dépression, suicide... comment les outils numériques viennent en appui d'une psychothérapie

Identification des idées négatives, objectifs comportementaux, évaluation des fluctuations de l'humeur, éducation thérapeutique pour éviter le manque d'observance... Le Pr Pierre-Michel Llorca, chef de service psychiatrie au CHU de Clermont-Ferrand, directeur des soins responsable du réseau des centres experts de FondaMental, décrit comment un outil numérique (l'application Moodbuster ou Emma) peut venir en appui d'une prise en charge psychothérapeutique dans la dépression ou les pulsions suicidaires. 

Pour visionner l'interview du Pr Pierre-Michel Llorca : cliquer ici

Et pour compléter :

#1Dépression résistante : nouvelles pistes thérapeutiques : cliquer ici

#3 Emma, l'application qui détecte les signes avant-coureurs de suicide / Pr Philippe Courtet cliquer ici

Moodbuster : une déclinaison numérique de la thérapie cognitivo-comportementale

Dans le cadre du projet européen E-compared, l’efficacité d’un traitement mixte associant la TCC traditionnelle (thérapie cognitivo-comportementale) à la i-TCC (TCC par Internet ou smartphone), a été comparée à celle de la seule TCC traditionnelle (face-à-face) dans la prise en charge de la dépression.

Le Pr Llorca explique : « nous avons utilisé une application « moodbuster » (1), très simple d’utilisation, pour aider les patients à identifier leurs pensées négatives dépressives (pensées noires, incapacité à évoluer ou à se projeter, etc.). Cet outil permet de définir en collaboration avec le médecin des objectifs comportementaux à atteindre (ex. : programmation de choses à faire), et mesure également la fluctuation du sommeil, de l’anxiété, de l’état d’humeur. » La finalité de cet outil est d’aider le patient à fournir un travail constant de compréhension et de lutte contre la dépression. Cet outil donne également des conseils d’éducation thérapeutique sur la bonne observance des traitements antidépresseurs et des éventuels médicaments associés aux antidépresseurs.

ImpleMentAll : évaluation de la i-TCC

Autre projet d’envergure européenne, ImpleMenAll, a dans un premier temps pour objectif d’observer comment professionnels et patients vivent l’utilisation d’une application comme Moodbuster. L’idée est d’identifier les éléments facilitateurs ou les freins à l’utilisation de ce type d’application d’i-TCC.

Dans un deuxième temps, les résultats de la première étape doivent permettre de définir le type de public et de psychiatres auxquels l’application peut être proposée, de quelle manière elle doit être prescrite et comment elle s’articule avec les autres types de prise en charge. Les résultats concernant les freins d’utilisation de l’application seront autant de pistes pour son évolution.

Ce projet de large envergure s’achèvera en mars 2021.

Des applications payantes, ou non ?

Pour le Pr Llorca, l’utilité et le mode d’utilisation de ces applications doivent être démontrés, validés, afin de déterminer si elles peuvent être considérées comme un outil médical. « Si c’est le cas, il faudra que cet outil médical soit payant et remboursable. Il y a tout le modèle économique à construire car c’est un coût pour la collectivité et pour ceux qui les ont développées. On peut souhaiter que ces applications deviennent de véritables outils au même titre que les médicaments ou que les psychothérapies, et qu’elles soient employées et remboursées parce qu’elles constituent un facteur d’accès aux soins. »

Note

(1) Moodbuster : lutter contre la dépression ou booster l’humeur

par Carole Ivaldi - Guillaume Exer