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Un guide pour aider les médecins à prendre en charge la souffrance au travail des patients

En 2014, l’Union régionale des professionnels de santé (URPS) Médecins de la région Provence-Alpes Côte d’Azur, a publié un guide sur « le médecin libéral face à la souffrance au travail de ses patients ». Objectif : aider le praticien à orienter au mieux le patient en souffrance pour une prise en charge optimale. Une aide plus que jamais d’actualité.

« L’URPS a notamment pour mission de mener des projets pour aider nos confrères à pratiquer au mieux leur métier et leur simplifier la vie », explique Isabelle Leclair, médecin généraliste à Toulon, élue de l’URPS PACA. Et d’ajouter : « Face à la souffrance au travail, le médecin traitant peut vite se retrouver démuni car il a souvent l’impression d’être réduit à ne prescrire que des arrêts de travail. » Il arrive également que le praticien se résolve à un arrêt de travail pour son patient car il n’a pas trouvé de solution à son problème. Il piétine, ne l’aide pas à redevenir acteur de sa santé et à sortir de sa souffrance. « Il ne faut pas non plus oublier que les médecins sont contrôlés par les Caisses primaires d’assurance maladie dans l’émission des arrêts de travail, rappelle le Dr Leclair. Il faut y faire attention. »

"L'URPS a rédigé ce guide afin de recréer du lien entre le médecin généraliste,
le patient, le médecin du travail et les autres professionnels concernés par la souffrance au travail."

Pour remédier à la situation, l’URPS a rédigé ce guide afin de recréer du lien entre le médecin généraliste, le patient, le médecin du travail et les autres professionnels concernés par la souffrance au travail. « Nous souhaitons aider les praticiens à mieux prendre en charge et accompagner les personnes victimes de souffrances au travail aussi bien morales que physiques », rapporte le Dr Leclair qui rappelle que la santé au travail est une spécialité à part entière avec le médecin du travail. 

Les aides à destination du patient

Le guide commence par faire un point sur la définition de la souffrance au travail ou Risques psycho-sociaux (RPS). « Puis nous énumérons les sept ressources du patient en souffrance », indique le Dr Leclair. A savoir : le médecin traitant, le médecin du travail, le médecin conseil (ou médecin expert), les organisations syndicales et les Instances représentatives du personnel (IRP), l’inspection du travail et la consultation de pathologie professionnelle. « Bien entendu, ces ressources varient suivant le statut du patient qui peut être salarié du secteur privé, agent de la fonction publique ou indépendant », précise le Dr Leclair.

Le document détaille ensuite à chaque étape, le rôle que peut jouer le médecin traitant vis-à-vis du patient et des autres acteurs. « S’il n’y avait qu’un message à retenir, en cas de suspicion de souffrance au travail d’un patient, il faut prendre contact avec la médecine du travail », explique le Dr Leclair. S’il n’y a pas de médecin du travail, quelle qu’en soit la cause, le praticien doit alors orienter son patient vers l’inspection du travail.

"S’il n’y avait qu’un message à retenir, en cas de suspicion de souffrance au travail d’un patient,
il faut prendre contact avec la médecine du travail"

Le guide donne aussi des conseils de rédaction de l’arrêt de travail « car les médecins sont encore nombreux à mal les rédiger et peuvent se mettre en difficulté», met en garde le Dr Leclair. Un certificat médical se doit de rester descriptif et clinique. Il a pour fonction d’aborder la pathologie et non la cause. Le médecin ne doit donc pas, par exemple, écrire « harcèlement » dans l’arrêt de travail, au risque d’émettre un jugement, de se substituer à la justice et d’être accusé de diffamation.

Mise à jour prochaine

Le guide, qui remet le patient au centre du dispositif, rappelle également le cadre législatif et donne des liens utiles aux médecins. Chaque partie a été écrite par les personnes concernées à savoir un médecin du travail, un médecin de la sécurité sociale ou encore l’inspection du travail.

L’URPS est en train de travailler à sa mise à jour en raison de la publication de la loi du 8 août 2016 relative au travail, à la modernisation du dialogue social et à la sécurisation des parcours professionnels, dite loi Travail ou loi El Khomri. Le texte a apporté des modifications sur l’organisation interne des entreprises concernant les Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), les délégués du personnel ou encore les comités d’entreprise avec des mises en application entre 2018 et 2020. « Des modifications ont également été apportées dans le statut du médecin du travail et de l’inspection du travail », précise le Dr Leclair. La nouvelle version devrait être disponible d’ici l’été.

L'essentiel

COUV guide souff trav
http://www.urps-ml-paca.org/wp-content/uploads/2016/06/GUIDE-SOUFFRANCE-AU-TRAVAIL-1.pdf

 

 

 

 

par Laure Martin