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Pontarlier : un cabinet éphémère pour pallier le manque de médecins

Face au départ de neuf praticiens, les médecins généralistes de Pontarlier (Doubs) se sont retrouvés en difficulté pour prendre en charge la patientèle dépourvue de médecin traitant. L’Union régionale des professionnels de santé (URPS) médecin Bourgogne-Franche-Comté et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) Franche-Comté a suggéré l’ouverture d’un cabinet éphémère, en place depuis le mois d’octobre.

Par Laure Martin.

LaureMartin

« A la suite du départ de leurs confrères, les dix médecins exerçant à Pontarlier ont vite été épuisés face à la prise en charge d’une patientèle plus nombreuse, explique le Dr Stéphane Atal, président de la CSFM Franche-Comté, élu à l’URPS Bourgogne-Franche-Comté et élu ordinal départemental. Ils ont contacté la mairie, l’Ordre des médecins et l’URPS. C’est à la suite d’une réunion avec l’Agence régionale de santé (ARS) que nous avons cherché une solution. » Le Dr Atal suggère la création d’un point de consultation où des médecins viendraient donner du temps médical. « L’objectif était d’avoir un cabinet supplémentaire pour gérer la patientèle en errance », précise-t-il.

"L’objectif était d’avoir un cabinet supplémentaire pour gérer la patientèle en errance"

L’idée plait et c’est ainsi qu’ouvre le 2 octobre 2017 un cabinet éphémère tenu par cinq médecins : trois médecins en exercice et deux médecins jeunes retraités de moins de deux ans. « Les médecins en exercice viennent une demi-journée deux fois par semaines, indique le Dr Atal qui exerce au cabinet éphémère. Et les médecins retraités pratiquent deux journées par semaine. »

Négociations

Les consultations concernent à 95 % de la médecine générale, le reste correspondant aux urgences que les médecins installés ne peuvent pas prendre en charge. Une certaine régularité s’est installée car les médecins du cabinet éphémères consultent toujours les mêmes demi-journées ou journées.
Paradoxalement, les confrères installés ont craint, malgré leur incapacité à répondre à la demande, que le nouveau cabinet ait un impact sur leur patientèle. « En ouvrant ce cabinet éphémère, nous nous sommes engagés à ne pas signer de contrat de médecin traitant », rapporte le Dr Atal. Cependant, le praticien a négocié avec la Caisse primaire d’assurance maladie la possibilité pour les médecins généralistes de coter aux patients des consultations d’urgence, sans appliquer les majorations d’urgence, afin qu’ils ne pâtissent pas d’être hors parcours de soins pour leur remboursement.

« La mairie nous prête les locaux et paie tous les frais de fonctionnement. Le médecin vient simplement donner de son temps et n’a pas à faire d’investissement. »

En tant qu’élu URPS, le Dr Atal a également négocié avec l’ARS que l’exercice au sein de ce nouveau cabinet ne coûte rien aux médecins. « S’ils n’effectuent pas au moins 25 consultations, l’ARS complète le différentiel, souligne le Dr Atal. Elle indemnise aussi les frais kilométriques pour les médecins installés dans une autre ville qui se déplacent jusqu’au cabinet éphémère. » Il a également convenu avec l’Ordre des médecins la possibilité pour les confrères actifs de se faire remplacer dans leur cabinet principal sans que cela ne soit considéré comme de la gérance de cabinet, dérogation qu’aucun n’applique pour le moment. Enfin, il a été convenu avec la mairie qu’elle mette à disposition le point de consultation. « La mairie nous prête les locaux et paie tous les frais de fonctionnement, indique-t-il. Le médecin vient simplement donner de son temps et n’a pas à faire d’investissement. »

L’expérimentation devrait se terminer lorsque la mairie aura fini de construire la nouvelle maison médicale qui va permettre l’installation de deux à trois médecins. La livraison est prévue pour mi-2019, « mais le premier coup de pioche n’a pas encore été donné », précise le médecin. Trois jeunes praticiens seraient prêts à s’y installer. « J’aurais bien aimé avoir plus de confères volontaires afin d’ouvrir un deuxième poste de consultation et faire intervenir des spécialistes, qui manquent également », conclut le Dr Atal.

 

 

par Laure Martin