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1ère année de médecine : fin du concours, maintien de la sélection

La réforme des études de santé est en cours. Mais certains points demeurent encore flous. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation est venue apporter quelques éclaircissements lors des Contrepoints de la santé organisés le 19 février.

 

Par Laure Martin

LaureMartin

« Il faut partir d’un constat, a lancé la ministre en guise d’introduction lors des Contrepoints de la santé. Aujourd’hui, nous avons énormément de jeunes qui sont inscrits en première année commune aux études en santé, la PACES, car ils étaient des lycéens brillants. Mais ils se retrouvent en échec lors du concours de la première année. Nous sommes donc dans un système qui encourage des jeunes à venir en PACES, à travailler tout en leur faisant comprendre que ce n’est pas pour autant qu’ils vont se retrouver dans une situation de réussite. » La réforme, qui concerne les quatre filières de la PACES à savoir médecine, chirurgie-dentaire, maïeutique et pharmacie, vise à mettre un terme à ce fonctionnement qui porte atteinte à l’estime de soi et à la confiance en soi. L’objectif est d’envisager une entrée dans le premier cycle universitaire, au sein d’un grand champ disciplinaire. Il est prévu que les étudiants s’inscrivent sur Parcoursup, dans l’une des premières années indiquées pour être une voie d’entrée dans les études de santé. Ils pourront ainsi choisir des unités d’enseignements en majeur et en mineur.

Maintien de la sélection

La PACES tout comme le concours en première année disparaissent, mais ce n’est pas le cas de la sélection. « A l’issue de la première année étude, l’excellence académique de l’étudiant va être analysée à savoir les résultats qu’il a obtenu à la fin de sa première année, dans les différentes unités d’enseignements choisies, a expliqué la ministre. Une liste d’étudiants admissibles va être élaborée, et ils seront soumis à un examen, qui concernera donc qu’une partie réduite des étudiants. » La façon dont la liste d’admission sera déterminée est encore en cours de définition, un oral sera peut-être organisé. « Nous avons besoin de jeunes et futurs médecins ayant des profils divers, a soutenu Frédérique Vidal. Jusqu’à présent, le concours ne sélectionnait que de manière uniforme, sur certaines capacités. » Avec la réforme, tous les étudiants iront en deuxième année, mais une partie seulement en deuxième année de santé. « Nous plaçons les étudiants en situation de réussite, a estimé la ministre. Ainsi, si l’étudiant n’est pas admis en santé, il pourra s’appuyer sur les autres unités d’enseignements qu’il a suivi pour se réorienter. »

Une application locale

Les règles vont être nationales mais ce sont les universités et les Agences régionales de santé qui vont décider, en fonction des besoins du territoire et de la capacité de formation des établissements, du nombre d’étudiants sélectionnés. La première et la deuxième année pourront se faire dans n’importe quelle université. En revanche, l’étudiant devra rejoindre une faculté de médecine pour la suite de son cursus. Les lieux de stage vont également être élargis : hôpital, libéral, maisons de santé pluriprofessionnelles. L’idée est de participer à la diversification des lieux d’installation des futurs professionnels de santé afin de contribuer à une réduction de la désertification médicale. Concernant le calendrier de la réforme, l’accès à la première année d’études devrait être modifié dès la rentrée 2020 avec une phase de transition entre la méthode actuelle et la nouvelle méthode.

Les Français et la formation de leur médecin 

Selon un sondage BVA réalisé pour les Contrepoints de la santé(1) auprès du grand public concernant la formation des médecins, 89 % des Français se disent convaincus de leur niveau de formation et dressent un portrait élogieux de leur médecin. Ils estiment à 94 % qu’il est compétent pour soigner les symptômes, à 92 % qu’il est à leur écoute, empathique et très humain, et 86 % considèrent qu’il sait bien communiquer avec les autres médecins et professionnels de santé pour leur parcours de soins. Néanmoins, seuls 60 % estiment qu’il est disponible au téléphone et 50 % qu’il utilise des outils numériques pour sa pratique. Les Français ont avant tout des attentes vis-à-vis de leur médecin en termes de compétences et d’empathie. De même qu’ils sont très largement en faveur d’un investissement plus massif dans la recherche médicale publique. 

(1)1001 Français âgés de 18 ans et plus ont été interrogés pour ce sondage réalisé du 8 au 11 février 2019.

par Laure Martin