À Challans en Vendée, une classe maternelle dédiée aux enfants avec autisme

Ouvrir une classe maternelle adaptée aux enfants avec autisme : un challenge réussi grâce une collaboration étroite entre l'ARS Pays de la Loire, l'association AREAMS, la mairie de Challans et le rectorat de l'académie de Nantes.

par Cécile Pivot.

CecilePivot

Combattre les troubles du spectre autistique dès le plus jeune âge

Le plan autisme 2013-2017 prévoyait la création d’unités d’enseignement autisme en école maternelle pour améliorer l’inclusion scolaire des enfants avec troubles du spectre autistique (TSA) dès la petite enfance, en s’appuyant sur des interventions pédagogiques, éducatives et thérapeutiques telles que recommandées par la Haute autorité de santé (HAS). La stratégie nationale pour l’autisme au sein des troubles du neurodéveloppement 2018-2022 poursuit cet engagement en triplant au niveau national le nombre d’Unités d’enseignement en maternelle (UEMA) afin de proposer une modalité de scolarisation alternative à la scolarisation de droit et effective en classe ordinaire. Cette démarche permet d’apporter une réponse globale plus ajustée aux besoins particuliers de ces enfants et toutes les études confirment qu’une scolarisation précoce augmente l’autonomie de l’enfant et améliore ses acquisitions. Dont acte.

Personnalisation, adaptation et inclusion

À Challans, ville située à quelques minutes de la côte atlantique et au cœur du marais breton, l’école de La Mellière a vécu une rentrée pas tout à fait comme les autres. Une nouvelle classe a vu le jour au sein de son établissement, une UEMA qui accueille quatre garçons entre trois et cinq ans avec autisme. Elle est dédiée à en accueillir sept mais hélas, trois d’entre eux, qui auraient pu profiter de cette classe, habitent trop loin (plus de 1 h 30 de trajet aller et retour). « La faiblesse du réseau et des structures de diagnostic demeure un point préoccupant et explique le faible nombre de situations notifiées », explique Bruno Lezeau, directeur adjoint du SESSAD (Service d'éducation spéciale et de soins à domicile) AREAMS 0-20 ans.

Les enfants atteints de TSA sont présents à l’école comme leurs compagnons neurotypiques. Ils partagent d’ailleurs avec eux les récréations, la cantine et les sorties scolaires. Des temps d’inclusion sont aussi mis en place avec les autres classes. L’UEMA a travaillé sur un programme adapté à chaque enfant et établi par une équipe interdisciplinaire et les familles. Certaines interventions peuvent se dérouler au domicile familial s’il faut aider les parents et la fratrie dans leur quotidien. Quant à l’enseignant spécialisé, considéré comme le pilote du dispositif, il a été nommé par l’Éducation nationale. Il organise l’emploi du temps de ses élèves et assure la cohérence des interventions pédagogiques, éducatives et paramédicales propres à chaque enfant. L’objectif pédagogique de ces UEMA est semblable à celui des autres classes de maternelle : mobiliser le langage dans toutes ses dimensions, construire les premiers outils pour structurer sa pensée et explorer le monde.

Aller à l’école publique maternelle comme n’importe quel enfant, mais avec des aménagements spéciaux, est une chance immense pour ces enfants-là.


Une association de compétences bienvenue

C’est l’Agence régionale de santé des Pays de la Loire qui a confié à l’AREAMS la constitution d’une équipe. Celle-ci se compose d’un éducateur spécialisé, d’un psychologue, d’une psychomotricienne et de trois accompagnants éducatifs et social. Récemment encore, l’éducateur ou éducatrice spécialisé(e) n’avait pas été recruté(e). « Ce genre de recrutement, précise Bruno Lezeau, est difficile car les professionnels formés sont peu nombreux et généralement en poste. Ou bien ils s’installent en libéral. Dans les cursus de formation, que ce soit pour les médecins, les éducateurs ou les psychomotriciens… les cours sur les troubles du spectre autistique sont inexistants ou représentent très peu d’heures. Les professionnels doivent se former par eux-mêmes ou intégrer une structure qui leur permet de se former. C’est ce que nous faisons à l’AREAMS en proposant chaque année des formations dédiées à l’autisme. »

Ouvrir une UEMA comme à La Mellière est un travail de longue haleine qui exige de nombreuses compétences diverses ainsi qu’un investissement non négligeable des services publics et régionaux qui se doivent d’œuvrer main dans la main pour que le projet soit mené à son terme dans les meilleures conditions. Les Pays de la Loire n’en sont pas à leur coup d’essai, l’école de l’Angelmière à La Roche-sur Yon (Vendée) accueillant une UEMA depuis 2016. Les enfants y ont réalisé de vrais progrès et la plupart d’entre eux poursuivent aujourd’hui une scolarisation en milieu ordinaire. Le premier but des UEMA est d’intégrer ces enfants dans l’école publique, ce qui serait impossible dans les dispositifs existants, du fait de leur handicap.

L’investissement de l’ARS des Pays de la Loire

Sept autres UEMA seront créées en 2020, 2021 et 2022, deux en Loire-Atlantique, une en Maine-et-Loire, une en Mayenne deux en Sarthe et une autre en Vendée. L’ARS travaille quotidiennement sur le terrain avec les différents acteurs ayant un rôle à jouer dans une école davantage inclusive : le secteur médico-social et sanitaire et les établissements scolaires, ainsi que les municipalités. La Ville de Challans a par exemple été l’un des acteurs clés du projet. Outre la mise à disposition des locaux, elle a organisé la formation des personnels municipaux qui interviennent dans l’école (cantine, périscolaire,…) aux spécificités des troubles du spectre de l’autisme. Cette UEMA a bénéficié d’un double financement : le poste d’enseignant spécialisé est financé par l’Éducation nationale et l’ARS alloue au service médicosocial auquel est rattaché l’UEMA une enveloppe annuelle de 280 000 €.

 

 

 

par Cécile Pivot