Le renfort de l’armée contre le coronavirus Covid-19
Mulhouse est au cœur de l’épidémie de coronavirus depuis fin février. Mardi 17 mars à 15 h 00, l’ARS Grand Est annoncait 1820 personnes confirmées biologiquement positives au coronavirus-Covid 19 en Grand Est – 277 nouveaux cas depuis la veille – et 61 décès depuis le début de l’épidémie.
Prenant compte de l’épuisement des personnels de santé qui font de la « médecine de catastrophe », et des services de réanimation en surchauffe, le Président Macron a annoncé lundi 16 mars le soutien actif du Service de santé des armées (SSA) pour renforcer les capacités d’accueil en Alsace et soulager les unités de réanimation saturées. « Un hôpital de campagne du service de santé des armées va être déployé dans les jours à venir en Alsace […]. Les armées apporteront aussi leur concours pour déplacer les malades des régions les plus affectées», a-t-il annoncé lors de son allocution télévisée. Retour sur l’aide que peut apporter le Service de santé des armées.
L’hôpital de campagne
Le ministère des Armées a précisé que le SSA allait créer et mettre à disposition un « Elément Militaire de Réanimation » du SSA (EMR-SSA) : une structure médicale modulaire sous tente dédiée à la prise en charge de patients Covid-19. Le lieu de déploiement de ces modules, décidé en coordination par la Direction générale de la Santé et par le ministère des Armées, sera le parking du centre hospitalier de Mulhouse. Le régiment médical de l'armée de terre (RMED), basé à la Valbonne (Ain) est chargé de son installation qui devrait être effective le 27 mars. Cinq tentes de six lits de réanimations accueilleront 30 patients en état critique ou post critique. Appliqué aujourd’hui au CoVid-19, ce système a fait ses preuves en Guinée pendant l’épidémie de fièvre Ebola. Cette structure, équipées de postes de réanimation, ventilation, sédation, anesthésie et monitoring sera armée par du personnel médical des armées et uniquement dédiée à la réanimation.
Je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu'on déplace autant de malades de réanimation d'un bout à l'autre de la France, Marc Noizet, chef du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse
Le transports des patients
« Je ne connais pas de situation sanitaire qui ait nécessité qu'on déplace autant de malades de réanimation d'un bout à l'autre de la France » dit Marc Noizet, chef du service des urgences de l'hôpital de Mulhouse. Afin de désengorger ce service, les armées ont mis en alerte le dispositif d’évacuation médicale aéroportée Morphée qui a fait ses preuves au Kosovo et au Pakistan. Utilisant des Boeing C-135 et A330 Phénix de l’armée de l’Air, ce module permet, en moins de six heures, d’intégrer du matériel médical dans les soutes et de transporter entre six et douze patients en soins intensifs sur une longue distance. Pendant le vol, en plus des six membres de l’équipage, des médecins anesthésistes-réanimateurs, médecins aéronautiques, infirmiers anesthésistes, infirmiers et des infirmiers convoyeurs de l’armée de l’Air sont à bord. Mercredi 18 mars, les six premiers patients, quatre de l'hôpital de Mulhouse et deux de Colmar, ont été évacués à bord d'un A330 Phénix équipé de cellules de réanimation. L’avion a décollé à 13 h 30 de l’aéroport de Bâle-Mulhouse et atterri, 50 minutes plus tard, à Istres. Les malades, intubés et ventilés ont été dirigés vers l’hôpital Sainte-Anne à Toulon et par trois ambulances des marins-pompiers vers l’hôpital militaire Laveran à Marseille.
Le ministère des Armées va mettre à la disposition du ministère de la Solidarité et de la Santé cinq millions de masques chirurgicaux issus de ses stock
Les masques chirurgicaux de l’armée
Enfin, devant la pénurie de masques, le ministère des Armées va mettre à la disposition du ministère de la Solidarité et de la Santé cinq millions de masques chirurgicaux issus de ses stocks. La ministre Florence Parly a aussi annoncé que le département spécialisé dans le domaine de la protection nucléaire, radiologique, biologique et chimique de la Direction générale de l’armement (DGA), testait des masques qui pourraient constituer des alternatives aux masques actuels.
Depuis les attentats de 2015, médecins civils et militaires ont appris à travailler ensemble. Les ministères de la Santé et de l’Armée font régulièrement des exercices en commun et les équipes médicales militaires peuvent s’intégrer sans aucun problème dans le dispositif du ministère de la Santé. L’appui du SSA est impatiemment attendu par toutes les équipes santé de la région alors que l’ARS Grand Est et les conseils de l’Ordre ont lancé un appel à la mobilisation de tous les professionnels de santé, y compris les personnels retraités depuis moins de cinq ans, en capacité de pouvoir se libérer dès à présent, pour venir renforcer sur les structures de santé et médico-sociales de la région.
- par Laurent Joyeux
