Collectif Femmes de santé : s'entraider et remettre l’humain au cœur de la santé

Le Collectif Femmes de santé a pour objectif de promouvoir les actions initiées par des femmes dans le secteur de la santé et de remettre l'humain au cœur du système de santé. Le point avec sa fondatrice, Alice de Maximy.

Propos recueillis par Laure Martin.

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Alice de MaximyComment est née l’idée de créer ce collectif ?

J’ai créé il y a deux ans une start-up dans le domaine de la santé, hkind. Et c’est par cet intermédiaire qu’est née l’idée du collectif. Je suis ancienne responsable communication de l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France et ancienne coordonnatrice du programme des urgences sanitaires majeures de l’Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes). J’ai donc toujours travaillé dans le domaine de la santé et j’ai depuis toujours conscience du problème de cloisonnement dans ce secteur.

Un soir, lors d’un dîner, j’ai découvert l’initiative d’une maraude, portée par une sage-femme, qui allait à la rencontre des femmes sans domicile fixe afin qu’elles n’accouchent pas dans la rue. Je n’avais jamais entendu parler de cette initiative et j’étais sûre que de nombreuses personnes étaient dans le même cas que moi. Preuve que l’information ne circule pas correctement dans le domaine de la santé, et que les acteurs du secteur ne sont pas au courant d’initiatives qui leur permettraient pourtant de gagner du temps.

C’est pour cette raison que j’ai souhaité créer hkind, une application qui met en relation les acteurs de la santé entre eux, par le biais des initiatives. C’est en développant mon projet que je me suis rendue compte que les femmes ne se mettaient pas suffisamment en avant. D’ailleurs, parmi les 1000 personnes les plus médiatisées en France, seules 18,4 % sont des femmes. C’est surprenant ! Et inacceptable… Lorsque j’en ai pris connaissance, j’ai décidé de rédiger un Livre Blanc pour pousser uniquement des initiatives de femmes et ainsi rectifier cette inégalité.

C’est compliqué d’aller dire « regardez-moi » pour une femme car notre société est construite autour des hommes dans l’action et des femmes dans l’attente.

Comment votre projet s’est-il concrétisé ?

Pour créer hkind, j’ai intégré un incubateur, Willa, dédié à l’entrepreneuriat au féminin, et dans la tech. Par ces intermédiaires, j’ai fait des rencontres et j’ai pu concrétiser mon idée notamment avec cinq élèves d’une école de digital, qui m’ont accompagnée dans mon projet.

En parallèle, j’ai lancé un appel sur les réseaux sociaux pour qu’on me nomme des femmes ayant réalisé des projets dans le secteur de la santé, utiles et humains. Plus de 40 femmes ont été nommées par d’autres. Emmanuelle Pierga, directrice de la communication d’Orange Healthcare m’a contactée après avoir pris connaissance de mon projet et m’a fait part de sa volonté de me soutenir. Ensemble, nous avons choisi 15 femmes parmi les 40, et 13 ont répondu oui.

La sélection s’est faite – et se fait toujours – sur la base de l’initiative mais c’est ensuite bien la femme qui la porte que nous souhaitons mettre en valeur. Nous les avons interviewées en vidéo et avons organisé un événement – une exposition audio – pour mettre en lumière les femmes dans la santé. En communiquant sur l’événement, j’ai eu plus de 100 inscriptions. C’est là que j’ai eu l’idée de créer le collectif. J’ai d’ailleurs obtenu le soutien de la Région Ile-de-France. Aujourd’hui, nous avons environ 380 membres dont 4 hommes. Nous ne pouvons pas plaider pour une égalité des genres, et exclure un genre…

En novembre, nous avons présenté notre deuxième promotion de 13 femmes, que nous avons sélectionnées en lançant un appel à nos femmes dans notre réseau.

Quels sont les points communs de toutes ces femmes ?

Elles sont humbles. Elles ne font pas la démarche de se mettre en avant mais elles sont contentes d’être choisies. C’est compliqué d’aller dire « regardez-moi » pour une femme car notre société est construite autour des hommes dans l’action et des femmes dans l’attente. Il faut changer cette tendance. Les femmes essayent d’ailleurs de promouvoir leur projet, mais elles ne cherchent pas à se mettre en avant. Moi, c’est ce que je souhaite car je veux que nos enfants vivent dans un monde égalitaire, sans stigmatiser un genre.                                  

Quelles sont les missions du collectif ?

Nous voulons remettre l’humain au cœur de la santé. Nous voulons aussi nous entraider entre femmes de la santé. D’ailleurs, nous avons un réseau fermé où chaque membre peut poster des annonces, une demande d’aide, des offres d’emplois. Par le partage de réseau et le partage d’expériences, nous nous formons et nous aidons.

par Laure Martin