La Sèche, en guerre contre le surpoids

Malbouffe, écrans, stress, manque d’exercice : le surpoids est multisource. Beaucoup de programmes en ligne proposent une aide diététique ou un coaching sportif. En combinant les deux, la petite start-up « La Sèche » a réussi à toucher une clientèle constituée pour 20 % de soignants. Interview d’Arthur Benhamou, un de ses fondateurs.

Propos recueillis par Laurent Joyeux.

Les chiffres sont sans appel. Plus d’un européen sur deux est en surpoids ou obèse. 20 % de la population mondiale le sera en 2025, avec la cohorte de maladies associées. Les enfants sont particulièrement touchés par ce problème de santé publique. La prévention et l’apprentissage d’une nourriture équilibrée sont deux armes incontournables dans le combat qui s’engage. Les parents seront en première ligne pour jeter les bases d’une bonne hygiène alimentaire dans leur famille. D’autant qu’à ce jour l’éducation nationale n’agit pas directement dans les écoles. Entretien avec Arthur Benhamou, un des co-fondateurs de La Sèche, une start-up dédiée aux problèmes de surpoids.

Visionnez l'interview d'Arthur Benhamou :

Pourquoi ce projet de La Sèche ?

L’idée est née il y a trois ans lorsque mon épouse a rencontré des problèmes de poids et de santé. Nous avons vu beaucoup de programmes de remise en forme à l’étranger, peu en France. Je sortais d’HEC, nous avons décidé de partager notre expérience et de créer une start-up : La Sèche. Elle est hébergée à Station F, l’incubateur d’HEC. Nous proposons un programme nutritionnel et sportif.

Comment sont étudiés vos menus ?

Nous nous sommes entourés de nutritionnistes. Une microbiologiste nutritionnelle et un diététicien valident tous nos menus. Nous proposons trois repas par jour du lundi au dimanche. Nous veillons à l’équilibre des macro et des micro-nutriments ainsi qu’à celui des calories et des bons aliments. Les repas sont toujours simples à cuisiner, économiques et ils respectent la saisonnalité. Quelques clics suffisent pour commencer. Un espace personnel est créé lors de l’inscription. Le candidat renseigne ses objectifs et son régime alimentaire : normal, végétarien, flexitarien ou vegan. Nous lui envoyons une liste de courses et de recettes du petit déjeuner au dîner. Ce régime est combiné avec des séances de sport en ligne.

Notre cœur de clientèle est les professions médicales et para médicales. Elles représentent 20 % de nos participants. Parmi eux, beaucoup d’infirmiers et d’aides-soignants. Nous leur proposons un rééquilibrage alimentaire pour toute la famille.

La gym à la maison, ça se passe comment ?

Là aussi nous avons recruté un expert. Charlotte Fromenteau, notre coach sportif, est championne de France de musculation. Elle a mis au point quatre programmes adaptés en fonction du surpoids à perdre. Ils sont gradués du niveau expert au niveau « surpoids important » et durent 45 minutes en moyenne. Les exercices des personnes en surpoids important ménagent la fragilité de leurs genoux. Nous proposons quatre à cinq séances inédites chaque semaine, d’une durée de 45 minutes. Aucun matériel requis, juste un tapis et deux bouteilles de 1,5 l en guise d’haltères. Deux à trois mois en moyenne sont nécessaires pour atteindre les objectifs. Après le temps de « sèche », nous proposons un temps de stabilisation.

Qui est votre public ?

90 % de nos clients sont des femmes, 70 % des mères de famille et l’âge moyen est de 39 ans. Notre cœur de clientèle est les professions médicales et para médicales. Elles représentent 20 % de nos participants. Parmi eux, beaucoup d’infirmiers et d’aides-soignants. Nous proposons un rééquilibrage alimentaire pour toute la famille. Il faut avoir 18 ans pour s’inscrire mais beaucoup d’adolescents et d’enfants en surpoids bénéficient du programme. Le rôle des parents est primordial. En 2019, nous avons eu 25 000 participations dont 12 à 13 000 participants uniques.

Quelle est votre stratégie pour entretenir la motivation ?

Nous avons été nous-même confrontés à des alternances de motivation et de manque de motivation et nous avons eu l’intuition de renforcer cette motivation au cœur de la communauté. La première motivation c’est le goût et le plaisir de bien manger. Les participants redécouvrent la saveur des céréales, des pâtes au blé complet, des légumineuses ou des légumes oubliés. Beaucoup partagent sur le site leurs petites victoires : « J’ai fait manger des brocolis à mes enfants… »

Les challenges utilisent une autre forme de motivation. Les participants mettent en ligne des photos d’eux Avant/Après. Nous présentons une dizaine de duos et la communauté vote en fonction de la transformation. Le gagnant remporte un voyage au bout du monde.

Quels sont les pièges de la vie quotidienne ?

Un des facteurs du surpoids est la consommation de produits trop transformés. Les carottes râpées industrielles par exemple. Elles ne contiennent que 80 % de carotte pour 20 % d’huile ! La nourriture des repas du midi, quand on ne mange pas à la cantine, est beaucoup trop riche. Sans parler de la publicité qui fait l’éloge de la malbouffe avec des tacos toujours plus gros, des burgers toujours plus longs. La vie de plus en plus sédentaire, le stress et le manque de temps sont aussi un problème. Nous conseillons de préparer des petits plats le dimanche pour toute la semaine.

Quel impact a eu le confinement sur la Sèche et ses participants ?

Nous n’avons pas souffert en tant qu’entreprise. Nos programmes étaient adaptés au confinement. Beaucoup de Français ont pris de bonnes habitudes alimentaires pendant cette période. Ils ont redécouvert le plaisir de cuisiner, et les bonnes pratiques continuent.

Quels sont vos projets ?

Nous espérons participer à la semaine du goût et nous travaillons à un projet pour toute la famille : « Sèche family ». Ce sera un programme nutritionnel pour les petits et les grands. Adapter les menus aux âges et aux croissances, tout en rendant les choses plus gourmandes… pas simple !