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La confiance des Français en leur système de santé

L’institut Viavoice et le Global Center for the Future ont récemment livré les résultats de leur étude sur les grandes tendances d'évolution de la société française et en particulier de la perceptionde la santé.

par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

 

Balkanisation des modes de vie

L’éclatement des modes de vie et des groupes sociaux constituent une tendance de fond, illustrée par les réseaux sociaux. « Chacun recherche quelqu’un qui lui ressemble », ajoute François Miquet-Marty, directeur associé de Viavoice. « De plus en plus, les modes de vie sont mis en concurrence. Nous allons vers des clivages de plus en plus forts les dix prochaines années : entre les générations, dans l’entreprise, en Europe, à l’international… » poursuit François Miquet-Marty. Ces évolutions se traduisent culturellement et économiquement, nous l’avons constaté avec les gilets jaunes l’hiver dernier. « Dans ce contexte, la question est de savoir comment établir des institutions pérennes, des pratiques qui rassemblent un maximum plus qu’elles ne différencient ou divisent », conclut François Miquet-Marty.

La guerre des normes

Dans l’ensemble, 77 % des sondés estiment que les « interdits, contraintes ou surveillances constituent des atteintes importantes à leurs libertés individuelles ». Depuis les années 70, on constate une accumulation des textes normatifs en France. Aujourd’hui, cette vague de normes est perçue comme contraignante, qu’il s’agisse des nouvelles limitations de vitesse sur les routes, ou des multiples niches fiscales… En réaction, les Français adoptent une attitude de « détournement et d’opposition ».

Érosion de la raison et comportement de défiance croissant

Remarquée également, l’érosion de la raison au profit de l’affectif. « On apprend que 77 % des Français se forgent un avis d’abord sur leur expérience et leur vécu, loin devant les arguments et le débat (34 %). Devant un raisonnement argumenté, on se positionne d’entrée de jeu en opposition contre « l’autre ». Cela peut expliquer la remise en cause des experts et des journalistes dernièrement » explique François Miquet-Marty.

La santé tire son épingle du jeu !

Dans ce climat sociétal désenchanté, les Français restent 88 % à faire confiance aux professionnels de santé, car ils rassurent et défendent l’intérêt général. Suivent, à égalité, la gendarmerie et les hôpitaux : 80 % des Français leur font confiance.

Parmi les raisons expliquant la confiance envers les professionnels de santé : leur formation solide, le fait qu’ils se consacrent au bien-être des gens, qu’ils sont à l’écoute des patients et qu’ils ont une bonne expérience professionnelle. Les Français reconnaissent la performance de ces professionnels et sont 74 % à souligner comme principaux dysfonctionnements du système de santé l’épuisement professionnel du personnel soignant et le manque de moyens financiers.

Que pensent les Français des différentes évolutions proposées dans « Ma Santé 2022 » ?

Dans l’étude d’opinion réalisée par Viavoice pour HEC, Le Figaro et BFM Business en juin dernier, les décideurs comme le grand public plébiscitent le développement des maisons de santé respectivement à hauteur de 92 % et 91 %. La fin du numerus clausus en première année de médecine est appréciéee par 88 % des décideurs et 81 % du grand public. La création des 4 000 postes d’assistants médicaux est perçue comme une mesure positive pour 86 % des décideurs et 81 % du grand public. Enfin, 82 % des décideurs soutiennent la création des Communautés professionnelles territoriales de sanét (CPTS), contre 80 % du grand public.

Certaines mesures ont été reçues avec davantage de retenue : l’extension du pouvoir des pharmaciens dans la dispensation de médicaments aujourd’hui vendus uniquement sous prescription médicale (76% des décideurs y sont  favorables, contre 64 % du grand public). De même concernant les infirmiers et la possibilité d’étendre leurs compétences à l'adaptation des traitements en fonction des résultats d’examens de biologie médicale ou à la signature des actes de décès (53 % des décideurs sont pour contre 45 % du grand public).

  • Installation des médecins

Alors que le plan « Ma santé 2022 » ne prévoit aucune mesure contraignante pour réguler l’installation des médecins dans les zones sous-dotées, l’étude montre que 71 % des décideurs et 60 % du grand public y seraient favorables.

  • Hôpitaux de proximité

La spécialisation de certains hôpitaux (gériatrie, soins de suite, réadaptation, urgences, etc.) est bien reçue par les décideurs et le grand public : les deux sont pour à 74 %.

En revanche, la fermeture de certains services hospitaliers qui ne réalisent pas suffisamment d’actes (maternité, chirurgie), etc. est très mal reçue : seuls 40 % des décideursn'y voient pas d'inconvénients contre 26% du grand public. ■

 

Source : Café Nile du 17 juillet 2019 / Étude d’opinion Viavoice réalisée du 13 au 18 novembre 2018 auprès d’un échantillon de 1 005 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.

 

Global center for the futur est un organisme de prospective consacré à l’entreprise

Cet organisme présidé par l'économiste François Miquet-Marty, constitué d’experts en économie et politique a pour objectif de décrire les scénarios possibles que vont connaître les entreprises dans un futur à court, moyen et long terme. La révolution de la gestion des données (big data), l’intelligence artificielle, réseaux sociaux, la block-chain, les techmeds... sont des thématiques récurrentes de ce centre.

par Carole Ivaldi