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Des avancées médicales décisives pour la santé de la femme

La robotisation, la miniaturisation et l’arrivée du numérique ont largement contribué à faire évoluer le paysage des technologies médicales au service de la gynécologie. Voici un aperçu de certaines des grandes avancées qui ont marqué un tournant décisif dans les prises en charge de la santé de la femme. Le 8 mars dernier à l’occasion de la journée de la femme, le SNITEM (1) a mis la santé de la femme à l’honneur, en s’intéressant aux progrès accomplis dernièrement grâce aux innovations des dispositifs médicaux.


Révolution de la chirurgie endo-utérine

L’hystéroscopie chirurgicale qui permet d’intervenir sur des anomalies de la muqueuse utérine (ex : polype, fibrome, cancer) s’est considérablement modernisée grâce à l’apport de techniques mini-invasives. Le petit diamètre des scopes  et l’utilisation de l’énergie bipolaire ainsi que d’instrumentation 5 et 7 Fr représentent une réelle amélioration des technologies permettant une prise en charge des patientes en ambulatoire.

Véritablement révolutionnaire, l’essor de la coelioscopie dans les années 80, prenant en charge les grossesses extra-utérines et les kystes aux ovaires, offre le grand avantage de ne plus devoir ouvrir l’abdomen des patientes mais de procéder au diagnostic et à l’acte opératoire en créant un tout petit orifice dans la cavité abdominale. Cet acte chirurgical nettement moins traumatique, pratiqué en ambulatoire, permet incontestablement de préserver les organes et les tissus de la patiente.

Progrès incontestables des techniques d’imagerie

A la fin des années 80, le passage progressif à la technique numérique apporta une amélioration notable aux équipements aussi bien en termes de qualité que de précision.
Quant aux avantages de la mammographie numérique ils sont multiples : les résultats sont meilleurs sur les seins denses, chez les femmes de moins de 50 ans, ou encore péri-ménopausées. Elle permet de voir les microcalcifications de manière plus fiable et de réduire les doses de rayons X. Enfin, l’archivage numérique constitue également une avancée car il permet de comparer chronologiquement les clichés et,donc, de détecter les plus petites évolutions. Ces progrès ont rejailli sur l’intérêt d’un dépistage précoce permettant une prise en charge des cancers du sein nettement plus en amont, ce qui a eu pour effet de diminuer la mortalité pour ce type de cancer.
Parallèlement, le développement de l’échographie mammaire permit d’établir de meilleurs diagnostics pour les patientes dont les seins denses rendaient la lecture des mammographies peu lisible, avec un bémol cependant : bien souvent les microcalcifications ne sont pas visibles dans ce type d’examen. L’IRM mammaire est, quant à elle, pratiquée sur les femmes à très haut risque de cancer du sein.
Enfin, dernière avancée incontestable dans le champ le l’imagerie : les premiers appareils de tomosynthèse mammaire (2010-2011) assurent une lecture en 3D offrant une image plus claire et plus nette du sein. Lorsqu’associée à la lecture 2D des mammographies traditionnelles, le taux de détection des cancers du sein augmente de 30%. Par rapport à la mammographie 2D seule.

Bénéfices relatifs aux programmes de dépistage organisé du cancer du sein

Lancé en 2004, le programme de dépistage organisé du cancer du sein proposé aux femmes âgées de 50 à 74 ans, tous les deux ans, a permis de réduire significativement la mortalité dans cette tranche d’âge. On estime qu’environ 18 000 cancers sont détectés chaque année grâce à ce programme. Les effets positifs du dépistage l’emportent donc largement sur les mammographies positives, le surdiagnostic et les cancers radio induits, principales critiques de ce grand programme de santé publique. Cependant le taux de participation à ces dépistages est tombé à 50,7% en 2016 alors qu'il était de 52,5% en 2008.

Le traitement de l’adénofibrome du sein par l’échothérapie de haute fréquence

Cette nouvelle thérapie utilisant des ultrasons focalisés de haute intensité sous guidage échographique consiste en un réchauffement tissulaire (à 85 °C) induisant une nécrose tissulaire au point focal, ce qui permet une ablation thermique des tumeurs localisées dans le sein ou l’utérus. Cette nouvelle technique se positionne comme une alternative intéressante à la chirurgie pour le traitement des fibroadénomes. Elle constitue une avancée notable car, conservatrice et non invasive, elle est très bien tolérée et ne génère pas d’effets secondaires (hormis des érythèmes transitoires).

Les nouveaux dispositifs intra utérins (DIU cuivre et DIU hormonal)

Dans le champ de la contraception, les dispositifs intra utérins ont aussi beaucoup progressé avec l’arrivée du DIU doté d’un filament en cuivre dans les années 70, puis du DIU aux hormones progestatives dans les années 2000.


Les avancées dans le domaine des dispositifs médicaux utilisés en gynécologie sont donc incontestables. Il est cependant étonnant de constater qu’encore aujourd’hui, peu de travaux sont consacrés aux spécificités des pathologies liées au sexe et au genre. Il existe des effets délétères non négligeables liés à l’incompréhension des mécanismes spécifiques propres aux femmes.

(1) Syndicat National de l’Industrie des Technologies Médicales

 

par Carole Ivaldi