Fausse hyperglycémie avec des cosmétiques blanchissants

 

Cette interaction a été évoquée chez deux patientes africaines consultant pour un diabète insulinodépendant mal équilibré. Malgré un ajustement soigneux des doses d’insuline, des augmentations des taux de glycémie et d’acétone dans le sang capillaire prélevé au doigt restaient inexpliquées. Ces résultats biologiques faisaient craindre une aggravation du diabète mais les taux d’acétone et de glucose n’étaient pas augmentés dans les urines ou le sang veineux. Les deux patientes utilisaient dans un but esthétique, comme fréquemment les Africaines, un produit éclaircissant cutané, Skin Light. Son rôle dans une interaction entre cette pommade et les dosages dans le sang capillaire a été exploré chez ces deux patientes et chez 11 volontaires sains avant puis après application manuelle de la pommade, et enfin après lavage des mains. Les taux de glycémie et d’acétone ont augmenté après application mais se sont normalisés après lavage des mains [1]. Ce même résultat a été retrouvé avec les principaux glucomètres disponibles en France (One Touch de Lifescan, Free Style d’Abott, Accu-Chek de Roche).


Les pommades blanchissantes contiennent principalement de l’hydroquinone, agent oxydatif, également utilisé en dermatologie pour l’effacement des hyperpigmentations résiduelles après une grossesse ou un traitement œstroprogestatif. Devant un risque de cancérigenèse cutanée, l’Union européenne a limité à 2 % la concentration de cet oxydant dans les cosmétiques éclaircissants, mais un marché parallèle continue à vendre des cosmétiques avec des concentrations non contrôlées d’hydroxyquinone. En cas de diabète sucré, un lavage des mains suffit à éviter l’artefact gênant la mesure de la glycémie.


1. Bouché C. et al. Falsely elevated capillary glucose and ketone levels and use of skin lightening creams. BMJ, 2015, 351:h 3879.