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Résilience #1 / Stress post traumatique : prévention des traumatismes chez les soignants

Confrontés à l’afflux massif de patients atteints du Covid-19 dans les services, à de nombreux décès ou encore au risque de contamination, les soignants peuvent basculer dans la souffrance. Comment prévenir et gérer ce stress ? Dans le cadre du cycle de webinaires "Résilience" organisé par le Groupe Pasteur Mutualité, le Pr Corinne Isnard-Bagnis, néphrologue, aborde la question avec le Pr Marion Trousselard, médecin chef de service au sein du service de santé des armées et professeur agrégé de l’école du Val-de-Grâce de sciences cognitives et neurosciences. Voici la synthèse des propos tenus au cours de l'épisode de ce cycle consacré à la prévention des traumatismes.

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« Pour visionner le webinar « Résilience #1 / Stress post traumatique : prévention des traumatismes chez les soignants » :  cliquez ici


« L’épidémie de Covid-19 engendre de nombreux changements dans le mode de vie professionnel et personnel des soignants, qui peuvent être confrontés à un risque augmenté de détresse psychologique »
, indique le Pr Isnard-Bagnis en guise d’introduction.

Qu’est-ce qui peut être particulièrement stressant pour les professionnels de santé dans l’épidémie actuelle ? « Ce qu’ils endurent actuellement regroupe l’ensemble de ce qui définit un stresseur », fait savoir le Dr Marion Trousselard. Dans le contexte actuel, « les quatre caractéristiques du stresseur (voir encadré « Définition » ci-après) sont présentes, en même temps, au quotidien, précise-t-elle. Il faut rajouter à ces caractéristiques l’importance de l’incertitude pour les soignants de comment sera fait demain en termes d’afflux de patients, de tri éventuel de patients, de matériels disponibles. L’incertitude est en soi anxiogène. »

C-I-N-E : Les 4 caractéristiques d’un « stresseur »

- absence de Contrôle,

- Impuissance,

- Nouveauté

- menace vis-à-vis de l’Ego.

Bon stress vs mauvais stress

« Comment savoir si son stress est normal ou pathologique ? », s’interroge le Pr Isnard-Bagnis. Le stress doit être considéré comme une fonction normale de l’organisme puisqu’il permet de libérer de l’énergie afin de s’adapter à un changement de l’environnement en termes de combat ou de fuite. « Il permet aussi la réflexion car l’énergie est libérée sous forme de glucose, fortement consommée par le cerveau », précise le Pr Trousselard qui poursuit : « En réalité, le stress n’est pas un problème. Il le devient lorsqu’il est mal ajusté, lorsque les stresseurs se répètent et que l’individu n’a pas le temps de récupérer ou qu’il génère lui-même des stresseurs internes. »

Les stresseurs internes sont « toxiques » ; il s’agit principalement des ruminations ou des pensées d’anxiété anticipatrice ; l’activité mentale de l’individu est alors dominée par ces persévérations cognitives, il a des difficultés à « faire avec » les émotions qui en résultent ; cette sollicitation mentale et émotionnelle constante use le fonctionnement de son organisme, sans qu’il ne s’en rende forcément compte.

« En réalité, le stress n’est pas un problème. Il le devient lorsqu’il est mal ajusté, lorsque les stresseurs se répètent et que l’individu n’a pas le temps de récupérer ou qu’il génère lui-même des stresseurs internes. »


Ainsi la situation de crise actuelle et la répétition des stresseurs favorise le stress chronique, un phénomène coûteux pour le corps car « face à une sursollicitation, l’individu ne parvient pas à ″récupérer″ », souligne le Pr Trousselard.

Souvent, c’est l’entourage de la personne sous pression qui perçoit les signes de son stress par des modifications de comportements (recours intensifié au défouloir sportif par exemple).

L’âge peut d’ailleurs interférer dans cette gestion du stress. « Il est démontré que l’empathie des jeunes soignants est bien plus grande que celles des anciens, qui peuvent être érodés par leur difficultés professionnelles, par des confrontations multiples avec les patients », rapporte le Pr Trousselard. Les jeunes professionnels de santé développent généralement une empathie affective, qui va avoir tendance à les amener dans la compassion, à être moins neutres face à la réalité qu’ils vivent, ce qui peut être générateur de stress.

En pratique, quelles solutions face au stress ?

Le stress s’exprime dans le champ des pensées, des émotions, du comportement et par des réponses physiologiques telles que l’accélération du rythme cardiaque. « Pour les personnes qui sont gênées par cette expression physiologique du stress, il est possible de prendre des bêtabloquants, mais ils ne vont en rien agir sans un travail cognitif sur les pensées », signale le Pr Trousselard.

Les exercices de respiration, généralement courts et à répéter plusieurs fois dans la journée, vont permettre de renforcer le frein émotionnel parasympathique pour revenir au calme.


Des solutions de recentrage autres que médicamenteuses existent pour sortir de l’inconfort du stress. Cependant, « il ne serait, par exemple, pas propice de commencer la méditation de pleine conscience si la personne n’en a jamais fait », souligne le Pr Isnard-Bagnis. « J’irais effectivement vers des méthodes plus simples, qui ont souvent une meilleure compliance, avec un ressenti positif plus rapide, comme des exercices de respiration, parmi lesquels ceux de cohérence cardiaque», conseille le Pr Trousselard.

Les exercices de respiration, généralement courts et à répéter plusieurs fois dans la journée, vont permettre de renforcer le frein émotionnel parasympathique pour revenir au calme. « Les professionnels de santé doivent avoir conscience qu’il n’est pas naturel de résister à tout ce qu’ils traversent et que des solutions existent, pour être plus résilients, conclut le Pr Trousselard. Il est possible de prendre des temps de pause, d’entraîner son frein parasympathique en respirant plus amplement et plus lentement pour revenir au calme efficacement dans les situations de stress. »
 

EN SAVOIR PLUS POUR AGIR

• Organisation mondiale de la santé 

Considérations liées à la santé mentale et au soutien psychosocial pendant la pandémie de COVID-19

• Plateforme d’écoute de Groupe Pasteur Mutualité

Tél : 01 40 54 53 77

Informations sur la plateforme d'écoute dédiée aux soignants sur le site du groupe : ici

• Bibliographie sur le site M-soigner.com

liens sociaux et maintien de la distance en temps de Covid 19

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par Laure Martin