VOISIN/PHANIE

Vers la création de 600 établissements de santé communautaires ?

Dans son dernier rapport rendu public le 6 juin, le Haut conseil de l’assurance maladie préconise un nouveau modèle de l’organisation territoriale des hôpitaux. A la clé : la création de 550 à 600 établissements de santé communautaire.

par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

Vers une approche  territorialisée des soins

Ce rapport, demandé par le Premier ministre, devrait participer à définir la stratégie de transformation de notre système de santé prévue pour février 2019. Il synthétise les propositions des représentants des caisses de sécurité sociale, des directeurs d’hôpitaux et des syndicats. Ce rapport présente un véritable « scénario de rupture ». La structuration de l’organisation des soins  hospitalocentrée qui prévalait jusque-là serait abandonnée, au profit « d’une approche territorialisée à partir des bassins de vie (au sens de l’Insee) de la population à laquelle correspond la mise en place d’un réseau territorial de proximité destiné à répondre aux besoins de la santé globale. » Cette vision met fin au cloisonnement entre prévention, soin et médicosocial.  En bref, on change de postulat en passant d’un raisonnement basé sur l’analyse de l’offre, à un modèle reposant sur les services à rendre à la population.

Les hôpitaux de proximité : le maillon manquant

Les quelques 600 établissements de santé communautaires publics ou privés seraient avant tout « centrés sur des activités de médecine polyvalente, en particulier la gériatrie ». Ils seraient le maillon manquant entre la médecine de ville et les établissements hospitaliers de pointe, assurant l’accès à un médecin traitant en urgence et à une ligne d’hospitalisation de premiers recours. Leur existence permettrait aux établissements de pointe (CHU et centres anti-cancer) de se recentrer sur leurs missions principales (plateaux techniques de pointe, cancérologie, etc.). Ces nouveaux hôpitaux de proximité travailleraient main dans la main avec tous les professionnels de santé libéraux du même bassin de vie.

En ambulatoire, le regroupement devient la règle

La médecine ambulatoire est au centre de cette nouvelle organisation du réseau de proximité. Chaque profession doit pouvoir se recentrer sur son cœur de métier :
-    Les compétences propres des infirmiers et le développement des pratiques avancées joueront un rôle central dans la transformation proposée.
-    Le rôle des médecins généralistes sera recentré sur l’expertise médicale, en créant des postes d’assistant en cabinet.
-    Les médecins spécialistes devront, au delà de leurs missions d’expertise et de prise en charge spécialisée des patients, faciliter leur orientation vers des plateaux techniques spécialisés.
-    Le rôle des pharmaciens doit intégrer davantage de conseil associé à la dispensation de médicaments, dans le cadre d’une coopération renforcée entre pharmacies de ville, établissements de santé et établissements médicosociaux.
-    La place des aides-soignants dans le champ ambulatoire doit se développer.
Les structures regroupant différentes professions seront créées. Parmi les objectifs : la délégation de tâches et la réduction du temps passé aux tâches administratives.

Les structures actuelles liées à la permanence des soins perdurent

La prise en charge de proximité s’articule autour de diverses structures déjà existantes : des structures pluri-professionnelles de soins primaires (MSP, Centres de santé, équipes de soins primaires) ; des structures libérales spécialisées de proximité ; des structures d’exercice regroupé (cabinets libéraux de médecins, d’infirmiers, de kinési- thérapeutes) ; les établissements médicosociaux ainsi que tous les professionnels libéraux.

Disparition des plateaux techniques à faible activité

Soixante à soixante dix établissements  publics (blocs opératoires et salles d’accouchement) à faible activité seront fermés. Leur activité sera « redéployée en faveur des établissements plus importants du territoire. »

 

 

par Carole Ivaldi