A. NOOR / BSIP

Autorité et pratique médicale : une relation qui doit faire bon ménage

Quel est le rapport entre l’autorité et la pratique médicale ? C’est à cette question qu’ont cherché à répondre Dominique Le Guludec, présidente de la Haute autorité de santé (HAS), et le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) lors des Contrepoints de la santé du 25 avril, dont Groupe Pasteur Mutualité est partenaire.

L’objectif annoncé par la ministre de la Santé est de réduire les coûts et les actes médicaux inutiles. Comment ? « Il faut se mettre d’accord sur la pertinence, a soutenu Dominique Le Guludec. On parle de sur-prescription, mais la sous-prescription est tout autant délétère car elle conduit à un nombre insuffisant de vaccinations, à un manque de dépistages, donc à des détections tardives de maladies, qui peuvent être tout aussi coûteuses. » La pertinence repose à la fois sur la prise en charge du malade et sur l’efficience du système. Du côté des professionnels de santé, plusieurs leviers sont possibles pour améliorer cette pertinence : la formation continue des médecins et la recertification, les incitations financières à la qualité, le regard des patients et leur avis sur les soins, qui sont responsabilisant pour les médecins.

Evaluation des médecins

« Aujourd’hui, la démarche qualité a pénétré la pratique médicale et n’est pas remise en cause, a fait savoir Jean-Paul Ortiz. Les médecins généralistes sont imprégnés. L’évaluation de la pratique professionnelle est indispensable si on souhaite progresser. » Néanmoins, pour le président de la CSMF, cette évaluation doit être gérée par la profession, en toute transparence.

"L’évaluation de la pratique professionnelle est indispensable si on souhaite progresser."

« Les indicateurs doivent être travaillés avec les professionnels de santé, a également assuré Dominique Le Guludec. On ne peut rien créer s’il n’y a pas un lien avec la réalité du terrain. Ce serait un peu absurde sinon. » Les Conseils nationaux professionnels (CNP) peuvent d’ailleurs faire émerger des éléments de la pertinence. « Même si certains CNP ont encore une maturité à acquérir, il est évident que nous ne pouvons pas nous passer d’eux, a ajouté la présidente de la HAS. Ils sont une alchimie entre le monde libéral et hospitalier. »

 La recertification, une demande sociétale

Concernant la recertification des médecins, « nous réfléchissons, au sein du Comité de pilotage [qui doit rendre son rapport en juillet, NDLR] à la manière d’élaborer un mécanisme pragmatique qui mette en relief l’amélioration des pratiques professionnelles, sans pour autant faire une usine à gaz, a indiqué Dominique Le Guludec. Nous devons trouver un consensus pour un mécanisme efficace. » Elle insiste sur l’importance de cette recertification à l’heure où la médecine et les médicaments évoluent très vite.

 "A l’heure où la médecine et les médicaments évoluent très vite, la recertification est primordiale"

Du côté de la CSMF, l’adhésion à cette recertification va dépendre de la manière dont elle est mise en place. « Si l’idée est de repasser des examens pendant toute notre carrière professionnelle, nous n’allons pas l’accepter, a soutenu le Dr Ortiz, en précisant que la démarche, qui devra être simple, devra aussi reposer sur le volontariat. Pour nous, ce sujet est important car il s’agit d’une demande sociétale. Les patients ont besoin de cette transparence, tout comme les médecins et notre système de santé, si nous souhaitons améliorer la coordination, développer la pertinence et aller vers une culture de qualité et d’efficience. »


La télémédecine : un guide pour la fin d’année

Autre sujet abordé lors des Contrepoints de la santé, la télémédecine. Un projet d'accord entre les syndicats et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), qui doit être validé en mai, donnerait à tous les patients l'accès, dès le 15 septembre, aux téléconsultations avec leur médecin généraliste ou leur spécialiste déjà consultés, grâce à un système de vidéo transmission sécurisé.

La HAS a annoncé le 20 avril, qu’aucune situation clinique ne serait a priori exclue de la téléconsultation et de la téléexpertise. « Dans tous les pays où elle a été introduite, c’est une révolution, donc oui, elle fait partie des outils qui vont se développer », a assuré Dominique Le Guludec. La HAS va d’ailleurs produire un guide, qui sera disponible en fin d’année, sur le bon usage de la télémédecine. Rédigé avec les professionnels de santé, il sera composé de recommandations sur la prise en charge du patient, la technique, la traçabilité, le consentement ou encore la réalisation des actes.


   

 

 

 

par Laure Martin