
#11 Convalescence sur les flots
Les voiliers m’ont toujours fascinée. Un rapport au voyage, à l’indépendance, à la liberté, à la découverte... Alors quand je suis sortie de l’hôpital, mon coloc et moi sommes allés flâner sur les quais du centre-ville et nous y avons fait une rencontre surprenante…
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Sortant d’une des péniches, une femme vient à notre rencontre :
- Bonjour, je vois que vous regardez mon bateau. Comment allez-vous ?
- Heu… bien, merci !
- Je m’appelle May. Vous m’avez l’air sympathique et vous dégagez une belle énergie. Qu’est-ce que vous faites dans la vie, vous êtes étudiants ?
- Erik étudie l’informatique et moi, la médecine.
- La médecine ? Incroyable, le soin, ça me passionne…
- Vous êtes pressés ?
- Non, pas spécialement.
- Alors, venez vous réchauffer à l’intérieur ! Je vais vous faire visiter le bateau et on prendra un thé, si ça vous dit.
- Oui, d’accord, pourquoi pas, c’est gentil.
On a découvert un intérieur chaleureux tout en bois, avec un salon central, deux cabines à l’avant et deux cabines à l’arrière. Vaste logement. Ensuite, nous sommes remontés dans le roof donnant sur l’extérieur et y avons bu un thé.
- Est-ce que vous vous sentez bien sur ma péniche ?
- Oui, c’est très confortable.
- Vous savez, c’est une coïncidence incroyable, que vous soyez passés par là. Je dois m’absenter la semaine prochaine une quinzaine de jours, je retourne en Australie… J’aurais besoin de quelqu’un de confiance qui prendra soin du bateau...
Et s’adressant à moi :
- ... et toi Honorine, tu m’inspires confiance. J’ai toujours aimé les soignants, l’attention qu’ils portent aux autres. Ça t’intéresse ?
- Heu… D’accord !
- Dans ce cas, viens jeudi prochain à 18h. Les clés seront cachées sous le paillasson. Je ne te demande qu’une chose : d’être présente sur le bateau, rien de plus. Vous pouvez venir tous les deux, si vous le souhaitez. Le bateau est grand…
Une semaine après cette rencontre mystérieuse, je quittai la résidence universitaire et ses barres d’immeubles sinistres pour le « May boat ». Je passai ma convalescence en plein centre-ville de Stockholm au milieu des voiliers, des étoiles, bercée par le clapotis de la mer sur la coque du bateau.
Sommaire
Billet #01 - Les quatre naissances d’Honorine Cosa
Billet #02 - La 1ère année de médecine : l’anatomie
Billet #03 - La 1ère année de médecine : dans l’amphithéâtre
Billet #05 - Mon premier patient
Billet #06 - La déformation professionnelle
Billet #07 - L’externat ou mon premier stage hospitalier
Billet #08 - Séjour prématuré en maison de retraite
Billet #09 - L’externat ou la vie nocturne
Billet #10 - La Suède ou une société idéale
Billet #11 - Convalescence sur les flots
Billet #13 - Étudier la médecine en Suède
Billet #14 - À la recherche du système d’enseignement idéal
Billet #15 - La pharmacienne et les mots magiques
Billet #16 - La peur et ses remèdes
Billet #17 - Vrai faux départ pour l’Argentine
Billet #18 - L’Argentine ou la rencontre entre l’art et la médecine
Billet #19 - Mon quotidien à Buenos Aires
Billet #22 - Crise nationale, fin de la parenthèse
- par Honorine Cosa