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Santé environnementale : un appel pour protéger la ressource aquatique

Préoccupée de la santé environnementale des citoyens, l'Union fédérale des consommateurs (UFC) - Que choisir a fait part de sa préoccupation – à l'appui d'une étude –,  sur la qualité des eaux brutes dans l'espoir de redynamiser la politique de protection des nappes phréatiques contre la pollution.

par Cécile Menu.

Cecilemenu

La politique de protection des nappes phréatiques contre la pollution « donne des résultats triplement inquiétants » affirme Alain Bazot président UFC. Elle est :

coûteuse (les traitements des pollutions agricoles occasionnent un surcoût estimé entre 750 millions et 1,3 milliard d’euros par an),
injuste car les payeurs sont majoritairement les consommateurs domestiques,
imparfaite sur le plan sanitaire (l’eau du robinet est polluée pour plus de 2 millions de consommateurs).

Ainsi, « le principe pollueur-payeur se transforme en pollué-payeur pour une réussite qui n’est pas à 100 % ». Devant l’absence d’éléments d’évaluation de la pertinence des mesures de protection mises en place depuis 1964 ou de statistiques disponibles, l'UFC - Que choisir a lancé une étude dans 27 départements concernant 102 captages (1) représentatifs des infrastuctures nationales.

Un bilan mitigé au cas par cas mais globalement positif

81 responsables de captages ont accepté un rendez-vous avec les enquêteurs, ce qui a permis de mesurer précisément les pollutions de 76 points de captage. Alors que les différents textes législatifs prévoyaient un bon état général des eaux en 2015, l’étude met en évidence un résultat mitigé :
– 2/3 des pollutions baissent effectivement,
– 1/4 des pollutions sont stabilisés
– 11 captages sont en une hausse des pollutions.

La présence d’orthophosphates (engrais, eaux usées, résidus industriels) dans les cours d’eau a été divisée par deux en 20 ans et une réduction de 75 % de l’ion Ammonium observée, en revanche la norme est dépassée dans les eaux souterraines sur un tiers des territoires pour les pesticides et dans un quart du territoire pour les nitrates. Toutefois, des baisses très significatives des niveaux de pollutions en pesticides et en nitrates dans les eaux brutes ont été observées respectivement 70 % et 25 % en moyenne.

Des mesures de protection de l’eau qui peuvent être efficaces

Les facteurs de réussites identifiés sur 65 captages ont mis en évidence un niveau de baisse de pollution plus marquant quand le pilotage était effectué par les communes et les mesures d’application obligatoire mises en œuvre (baisse des taux de nitrates 3 fois plus importante par rapport aux mesures reposant sur le volontariat). Lorsque les mesures paysagères** (seulement 10 captages) ou l’ajustement des doses d’engrais en fonction de la nature des sols, étaient bien adaptés à la problématique, une baisse des nitrates significative était observée. En revanche, quand les acteurs s’appuient sur des référentiels régionaux ou nationaux, les résultats ne sont pas au rendez-vous.

L’UFC que choisir lance un appel
Fort de ses résultats, l’UFC - Que choisir lance un appel à l’extension et à la généralisation d’un état des lieux régulier des 35 000 captages au niveau national sur le modèle de son bilan, et au renforcement réglementaire des mesures de protection des captages en cas d’inefficacité, « le pouvoir de substitution du préfet ne doit pas rester lettre morte ». L’organisme souhaite que le pilotage soit réalisé par les collectivités locales plus aptes à prendre des mesures efficaces pour préserver la ressource. Concernant les 1 000 captages prioritaires les plus exposés, l’UFC que choisir réclame le développement de modes de production telle que l’agriculture biologique et enfin, la mise en place du principe pollueur-payeur (aujourd‘hui en tête des attentes des consommateurs). « Pour changer de comportement dans un plan d’accompagnement, il faut donner un signal fort qui n’existe pas encore » assène Alain Bazot. 

 Notes
(1) Lieu de prélèvement de l’eau : cours d’eau, nappe phréatique.
(2) Mesures paysagères : maintien ou développement de haies pour retenir les eaux pluviales et empêcher le ruissellement vers la nappe phréatique ou les cours d’eau, ou mise en place de couverture de sol à proximité des cours d’eau.

par Cécile Menu