[INTERVIEW ] « Coronavirus : chacun de nous a un rôle pour la santé publique »

 
Écrit en 48 heures pour faire taire les rumeurs, "Coronavirus, 50 questions/réponses pour mieux se protéger" rédigé par le Dr Gérald Kierzek, médecin urgentiste à l’hôpital Hôtel Dieu et chroniqueur santé  (TF1, LCI) rappelle aussi le rôle de chacun pour endiguer la pandémie.  
 
Propos recueillis par Laure Martin

LaureMartin
 

2 KIERZEK CORONAVIRUS Plat1 INTPourquoi ce livre ? 

J’en avais marre d’entendre tout et n’importe quoi au sujet du coronavirus. Les fake news sur le sujet sont anxiogènes. Il était temps de remettre les pendules à l’heure. Ce livre est pragmatique, factuel, et documenté sur la base des recommandations officielles, des informations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ce livre est un anxiolytique. L’objectif est de dire qu’il ne faut pas tomber dans une psychose, une peur de l’autre. Mais il ne faut pas non plus être dans un angélisme béat. Il faut faire les bons gestes au bon moment, et prendre de bonnes décisions. On informe, on apporte des réponses précises. Il s’agit d’un livre d’utilité publique qui vise à permettre à la population de décrypter le flot d’informations qu’elle reçoit. Mon objectif est d’informer pour comprendre et pour sauver.  
 
Ce livre est un anxiolytique. L’objectif est de dire qu’il ne faut pas tomber dans une psychose

Quel message essentiel souhaitez-vous faire passer au grand public ?  

Le coronavirus n’est pas la peste ! Mais il est très difficile de communiquer sur le sujet et certains éléments sont difficiles à faire comprendre aux Français. Certes 99 % des patients vont guérir et 1% seulement présente un risque de mourir ou d’avoir des complications sévères. Mais lorsqu’on communique sur ces chiffres, les patients se disent alors que ce n’est pas grave. Or, si, ça l’est ! Car si 15 millions de personnes sont touchées, 1 % de cas graves, c’est donc 150 000 personnes qui seraient concernées. Or, en France, nous n’avons que 12 000 à 15 000 places en réanimation. Il ne s’agit donc pas d’un problème de santé individuelle, car oui, à titre individuel, nous allons en guérir. Mais chacun de nous à un rôle à jouer pour la santé publique notamment en respectant les mesures barrières. C’est encore très difficile à faire comprendre. C’est pourquoi dans ce livre je rappelle les symptômes, la durée d’incubation, les modes de transmission. Il faut savoir que le port des masques pour le citoyen lambda qui n’est pas malade ne sert à rien. C’est le cas aussi du port des gants qui donne l’impression d’une fausse sécurité. Car les gants n’empêchent pas les gens de se toucher le visage. Ou encore, lorsqu’ils les mettent dans la poche de leur manteau et qu’ensuite ils mettent les mains dans leur poche, ils peuvent attribuer le virus. Il faut donc se laver les mains régulièrement.  
 
Si 15 millions de personnes sont touchées, 1 % de cas graves, c’est donc 150 000 personnes qui seraient concernées. Or, en France, nous n’avons que 12 000 à 15 000 places en réanimation.

Et aux professionnels de santé ?  

Le message ils l’ont compris. Les généralistes étaient également sur un optimisme béat avant de comprendre le risque de contagion. Ils doivent donc porter des masques. Il ne faut pas prendre la contagion à la légère. Nous sommes des contaminateurs. Il faut donc se protéger pour protéger les patients.  

De quoi les médecins français ont-ils besoin immédiatement ?  

En ville, ils ont besoin de masque. À l’hôpital, ils ont besoin de lits. En aval de la réanimation, pour l’accueil des patients, en réanimation, et post-réanimation. C’est tout le management hospitalier des lits qu’il faut revoir. Il va falloir en récupérer là où l’on peut. Nous avons moins de lits en réanimation que l’Italie. Nous sommes à environ 11 lits pour 100 000 personnes, l’Italie est à 12.5, la Belgique à 15, l’Autriche à 22, le Luxembourg et l’Allemagne à 25. Cette crise est celle de la pénurie, de lits, de tests, de masques, de solutions hydroalcooliques. C’est une question de moyens que nous n’avons pas.  
 
Où se procurer l'ouvrage ? (2,99 E version numérique)
Chroniqueur pour LCI et TF1, le Dr Gérald Kierzek a aussi écrit "101 conseils pour ne pas atterrir aux urgences" (Robert Laffont, 2014) et" Ayez les bons réflexes" (Fayard, 2016).

 


par Laure Martin