(c) M-soigner

#1 : Covid-19 / Les scénarios de sorties de crise : l'atténuation [VIDÉO]

COMME A LA FAC - Comprendre la crise coronavirus est animée par Maël Lemoine, professeur à l'Université de Bordeaux et chercheur dans une unité CNRS d’immunologie, ImmunoConcept. Voici le premier épisode de cette série vidéo* destinée aux étudiants en santé ou bien sûr à tout public intéressé. Son but est de prendre du recul sur les événements Covid-19 en vous livrant un éclairage court et posé de niveau universitaire. Dans le premier épisode le professeur aborde les stratégies de sorties de crise en examinant un premier scénario : l'atténuation.

Ci-dessous  UNE VIDEO de 3 minutes immédiatement  suivie D'UN ARTICLE

Voir l'épisode suivant #2 sur le scénario d'endiguement : https://youtu.be/OqKAk1Ybrhw

Les scénarios de sortie de crise :

#1 Pourquoi les mesures d’atténuation ne suffisent-elles pas ?


Le monde va sortir de cette épidémie de covid 19. Mais quand et dans quel état ? La gestion quotidienne de la crise nous absorbe. Les grands journaux, qui publient en flux tendu, ont signalé presque en passant l’étude des sorties de crise par les grands épidémiologistes.

L’équipe de Neil Ferguson à Imperial College (Londres) a rendu publique une note qui sert de référence, parmi d’autres études, aux choix que nous voyons nos responsables politiques prendre. Que dit cette étude ?

2 Stratégies : l’atténuation et l’endiguement

Elle distingue deux stratégies : l’atténuation et l’endiguement. La première consiste à laisser circuler le virus, mais en ralentissant la propagation. La deuxième consiste à tenter de réduire l’épidémie à quelques cas sporadiques sous haute surveillance, et à rester indéfiniment dans ce scénario.

C’est clairement vers ce deuxième scénario que la majorité des pays dans le monde se sont orientés ou sont en train de le faire. Malheureusement, en ordre dispersé.


L’équipe d’Imperial College part d’une simulation de l’absence de toute politique publique. Elle se focalise sur deux pays test, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis.

L'atténuation peut-elle suffire ?

Dans ces deux pays, le pic épidémique serait atteint à la mi-mai ou au début de juin. Le nombre total de morts serait de 510 000 pour la Grande-Bretagne et de 2 200 000 pour les Etats-Unis.

Voici maintenant l’impact des différentes mesures d’atténuation, pour la Grande-Bretagne. En ordonnée, on trouve le nombre de lits de soins intensifs occupés pour 100 000 habitants. Pour commencer, la fermeture des écoles et des universités. Puis la mise à l’isolement des cas déclarés. Ici, La mise à l’isolement des cas déclarés et la mise en quarantaine de tous les occupants du domicile. Enfin, voici l’impact de toutes ces mesures combinées, avec l’application de la « distanciation sociale » des plus de 70 ans.
 
On observe à chaque fois un double effet de réduction et de retardement du pic. Au mieux, on passe d’un pic de 250 lits à un pic de 100 lits pour 100 000 habitants. Or voici les capacités réelles en lits de soins intensifs de Grande Bretagne [la ligne rouge]. En faisant une extrapolation grossière, nous aurions besoins de 70 000 lits de soins intensifs en France pour faire face à ce pic, qui surviendrait fin juin.

Ces chiffres sont obtenus en faisant un certain nombre d’hypothèses dites « pessimistes ». Notamment, ils supposent que l’isolement des cas est respecté dans 70 % des cas, l’isolement de la famille proche dans 50% des cas, la distanciation sociale des plus de 70 ans dans 75% des cas et que 25% des écoles et universités restent ouvertes de fait.

On ne saurait être sûr que ces hypothèses sont pessimistes – ou simplement réalistes. Même si la conformation de la population aux mesures était plus stricte, l’amélioration serait marginale. Il est donc clair que les mesures d’atténuations ne peuvent pas suffire. C’est la conclusion à laquelle sont parvenus la plupart des gouvernements. L’étude est parue le 16 mars. Le confinement total a démarré en France le 17 mars à midi.
  

 

*Cette série est produite par m-soigner.com et soutenue par Groupe Pasteur Mutualité.

par M-Soigner