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La télémédecine : une solution pour les Ehpad face au Covid-19

Cofondateur de la société Exelus et de la solution Nomadeec (télérégulation, télé-expertise et téléconsultation), le Dr Louis Rouxel, médecin urgentiste, fait le point sur cette solution de télémédecine, particulièrement utile en Etablissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) dans le cadre de la crise sanitaire Covid-19.

Par Laure Martin

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En quoi consiste votre solution ?

Nous commercialisons une plateforme de télémédecine mobile, ce qui nous permet d’équiper tous les acteurs en lien avec le Samu à savoir : les ambulanciers, les pompiers, les Smur. Avec notre solution, les acteurs de terrain peuvent faire de la télérégulation et envoyer les bilans des patients au centre 15, via une tablette afin que le régulateur dispose de l’ensemble des informations nécessaires pour une prise de décision optimale pour la prise en charge du patient. Depuis quatre ans, entre 25 000 et 30 000 actes ont été effectué depuis nos plateformes sur la partie Samu.

Les Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont également concernés ?

Effectivement, nous les équipons pour deux types de besoins : la téléconsultation courante et la télérégulation. À partir de notre solution sur tablette, les soignants de l’Ehpad sont en mesure d’adresser une demande de téléconsultation ou téléexpertise à un professionnel de santé et aussi de réaliser un bilan de télérégulation. Dans ce dernier cas, l’infirmière ou l’aide-soignante est guidée pour réaliser un bilan d’urgence sur la tablette : prise des paramètres vitaux via les dispositifs connectés (tension, électrocardiogramme), photos d’une plaie. Elle peut, de cette manière, réunir un maximum d’informations à transmettre au médecin régulateur du centre 15 avant de l’appeler. D’autant plus que notre dispositif est connecté au dossier du patient.

Comment se fait le lien entre l’Ehpad et le Samu ? 

Notre solution est présente dans une vingtaine de Samu en France, le Samu étant donc capable de récupérer les bilans des résidents. Dès lors que nous avons un client qui s’équipe sur le terrain, comme un Ehpad par exemple, nous prenons contact avec le Samu pour installer la solution, à qui cela ne coûte rien. Nous pouvons déployer notre solution en une demi-journée. Il s’agit d’une web application en ligne, ouverte dans un onglet de navigateur du centre de régulation. Notre solution répond d’ailleurs à la volonté du gouvernement qui, dans son pacte de refondation des urgences, plaide pour l’installation de solutions de téléconsultation dans tous les Samu. Nous assurons la formation initiale des personnes qui utilisent notre solution et dans les Ehpad notamment, nous dispensons un apprentissage médical de l’urgence avec une formation secouriste pour le personnel non infirmier.

Votre solution peut-elle être un outil efficace dans le cadre de la crise sanitaire actuelle ?

Nous avons monté une cellule de crise pour recruter les médecins généralistes autour des établissements équipés de notre solution afin de les équiper également. Afin de limiter les contaminations au Covid-19 et donc d’éventuelles hospitalisations des résidents, nous cherchons à cloisonner les Ehpad et à limiter les entrées des professionnels de santé dans les structures. Pour y parvenir, nous donnons aux médecins généralistes accès à notre solution pour qu’ils puissent continuer à suivre leurs patients en Ehpad à distance. Nous avons effectué une campagne de communication dans ce sens et déjà formé une centaine de médecins généralistes dans six départements. Nous faisons redescendre les informations via les Ehpad équipés.


Cette solution est-elle acceptée par les résidents ?

Tout à fait parce qu’ils sont accompagnés et ont leur infirmière et aide-soignante habituelles à leur côté. Selon le niveau de dépendance, on peut aussi mettre la tablette entre leurs mains. C’est vraiment un face à face. Ils s’adaptent très vite. Pour ceux qui ne sont un peu plus dépendants, c’est l’infirmière qui tient la tablette ou qui filme. Cela dépend des pathologies. La téléconsultation a beaucoup été appréhendée par un angle technologique mais il faut repartir du côté médical.

Pour le moment, nous avons des retours très encourageants de médecins mais nous n’avons pas encore de données statistiques. Néanmoins, les motifs de consultation sont souvent des renouvellements d’ordonnances, donc notre solution permet d’éviter les déplacements pour de telles demandes.

par Laure Martin