Téléconsultation #1 : Des professionnels de santé reliés à leurs patients [VIDÉO]

L'année 2018 a donné le véritable top départ au déploiement de la téléconsultation en France. Arnaud Billy, directeur général de Docavenue, laboratoire d’innovation de Cégedim, prestataire de solutions professionnelles dans le secteur de la santé numérique explique le cadre réglementaire de la téléconsultation et comment sa société ambitionne de tisser un maillage territorial entre partenaires professionnels de santé : médecins généralistes, spécialistes, pharmaciens, paramédicaux pour donner un ancrage de proximité à la téléconsultation.

Propos recueillis par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

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Témoignage d'Arnault Billy, directeur général de Docavenue


Téléconsultation #2 : Applications en cardiologie

Témoignage du Dr Adberrahmane Ameur, cardiologue libéral

 

Docavenue se lance dans la téléconsultation avec les médecins

Depuis septembre 2018, Docavenue a lancé sa solution de téléconsultation auprès des médecins et des patients. Pour Arnaud Billy, « il y a eu l’avant et l’après septembre 2018, date de lavenant n°6 à la convention médicale, qui entérine le remboursement de la téléconsultation par l’assurance maladie, lorsque certaines conditions prédéfinies sont respectées (1). Concrètement, cela offre la possibilité à un médecin d’effectuer des téléconsultations avec ses patients. Le patient peut utiliser son ordinateur ou son smartphone pour se connecter à son médecin, qui peut lui-même utiliser un smartphone en passant par un système d’application Docavenue simple et convivial. Cela permet à un patient de faire une téléconsultation avec ou sans rendez-vous durant laquelle il échange avec le médecin, partage éventuellement des documents (bilans sanguins et autres examens médicaux etc.). Le médecin va pouvoir délivrer une ordonnance au patient, et le facturer à distance via un système de carte bleue. C’est exactement la même chose qu’une consultation physique. » conclut Arnaud Billy.

Intérêts de la téléconsultation

« L’intérêt de la démocratisation de la téléconsultation par son remboursement est de lutter contre les déserts médicaux, de recréer du lien, et de réhumaniser la relation patient-praticien car de nombreux patients voient de moins en moins leur médecin géographiquement trop éloigné. » analyse Arnaud Billy. La téléconsultation peut être adaptée à des cas de maladies chroniques ou de longue durée, des suivis de bilans déjà demandés par le médecin lors d’une précédente consultation physique. « Il existe de multiples cas de consultations qui peuvent être opérés en vidéoconsultation, poursuit le dirigeant. Les patients diabétiques en sont un exemple. Ils doivent être suivis régulièrement par leur médecin mais ils ne sont pas toujours obligés de se déplacer pour voir leur médecin. »

Médecins et pharmaciens sont aidés financièrement pour s’équiper matériellement à la videoconsultation. « C’est vraiment intéressant car c’est un vrai changement dans la pratique médicale. Cela présente aussi un réel intérêt pour le médecin, le patient, et pour l’assurance maladie afin d’améliorer et de fluidifier le parcours de soins. L’accompagnement financier par l’assurance maladie est donc à mon sens une approche vertueuse pour déployer le modèle. » juge Arnaud Billy.

Docavenue étend la téléconsultation aux officines

En décembre 2018, Docavenue fait un partenariat avec Pharmagest et lance en mars 2019 la téléconsultation accompagnée en officine. Cette démarche a aussi été guidée par l’avenant n°15 à la convention pharmaceutique qui permet au pharmacien de rentrer dans la pratique de la vidéoconsultation tout en étant rémunéré. Il y a donc un contexte économique favorable incitant le pharmacien à s’équiper en vidéoconsultation et à accompagner cette évolution de la pratique médicale. « Vous êtes patient, vous allez à votre officine équipée en solution de vidéoconsultation, explique Arnaud Billy. Votre pharmacien va vous accompagner dans un espace de confidentialité créé à cet effet, et va effectuer un acte de vidéoconsultation avec un médecin équipé de Docavenue à distance. Le pharmacien dispose en plus d’instruments connectés, l’otoscope et le stéthoscope, ce qui va permettre de transmettre en direct des informations à distance au médecin ».

Stratégie d’expansion de Docavenue

Docavenue est le seul acteur du marché de la téléconsultation à avoir mis en place des solutions de téléconsultation pour les médecins et les pharmaciens. « La stratégie de déploiement chez nous passe par un maillage territorial le plus fin possible au travers des médecins et les pharmaciens, révèle Arnaud Billy. Aujourd’hui un peu plus de 1 000 médecins, répartis de manière homogène sur le territoire, sont équipés de la solution Docavenue téléconsultation, tandis qu’un peu plus de 200 officicines font de la téléconsultation accompagnée. On s’attend à avoir de plus de plus de médecins et de pharmaciens qui vont contribuer à constituer cette nouvelle communauté. C’est vraiment la philosophie de l’avenant n°6 de la convention médicale qu’il faut respecter : on recherche en premier lieu le médecin traitant, si ce dernier n’est pas disponible, on étend la recherche à un médecin dans un rayonnement géographique le plus proche possible du patient et dans la MSP ou la CPTS et qui puisse faire de la téléconsultation. Cette philosophie est très différente de celle des grandes plateformes de médecins salariés par une entreprise et dont l’objectif est de faire des actes de téléconsultation toute la journée, sur toute la France. Il n’est pas étonnant que ces actes ne soient pas remboursés par l’assurance maladie puisqu’ils ne respectent pas les conditions de l’avenant n° 6. »

« De nouveaux usages autour de la téléconsultation se déploient : les EHPAD en sont un bon exemple. Enfin, l’avenant n°6 à la convention infirmière, qui sera actif au 1er janvier 2020, réunira des conditions financières intéressantes pour qu’une infirmière accompagne un patient au cours de l’acte de téléconsultation à distance. Nous réfléchissons déjà à une solution de téléconsultation adaptée aux infirmières. » conclut Arnault Billy

Avenant n°6 à la convention médicale

https://www.legifrance.gouv.fr/eli/arrete/2018/8/1/SSAS1821639A/jo/texte

Article 28.6.1.2 La mise en place d’organisations territoriales pour le recours aux téléconsultations sans orientation par le médecin traitant.

Dans les situations dérogatoires au parcours de soins coordonné, telles que définies au dernier alinéa de l’article 28.6.1.1, les partenaires conventionnels s’engagent à accompagner la mise en place et la promotion d’organisations territoriales coordonnées.

Ces organisations doivent permettre aux patients :

- d’être pris en charge rapidement compte tenu de leurs besoins en soins,

- d’accéder à un médecin, par le biais notamment de la téléconsultation, compte tenu de leur éloignement des offreurs de soins,

- d’être en mesure dans un second temps de désigner un médecin traitant pour leur suivi au long cours et réintégrer ainsi le parcours de soins. Il peut s’agir de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), d’équipes de soins primaires (ESP), de maisons de santé pluri-professionnelles (MSP), de centres de santé (CDS) ou de toute organisation territoriale qui se proposent notamment d’organiser une réponse en télémédecine de manière coordonnée et ouverte à tous les professionnels de santé du territoire.

Dans ce dernier cas, la commission paritaire locale (CPL) ou régionale (CPR) saisie, valide l’organisation proposée afin de vérifier si celle-ci répond à l’organisation territoriale souhaitée par les partenaires conventionnels dans le cadre des téléconsultations.

par Carole Ivaldi