Violences faites aux femmes : les médecins en première ligne
La HAS a publié début octobre sa liste de recommandations visant à renforcer l’implication des professionnels de santé dans la lutte des violences faites aux femmes en favorisant le repérage et la coordination entre professionnels.
Par Carole Ivaldi.
Les violences conjugales : importance du repérage
L’année dernière, 219 000 femmes âgées de 18 à 75 ans ont été victimes de violences conjugales physiques et/ou sexuelles. Seules 19 % d’entre elles ont porté plainte à la police. Ces violences ont été responsables de la mort de 121 femmes et de 21 enfants mineurs.
Les médecins ont un rôle clé car ils sont bien souvent en première ligne. De nombreux autres professionnels comme le pédiatre, le gynécologue, la sage-femme, le psychiatre, le médecin du travail, les infirmiers, le chirurgien-dentiste, et le kinésithérapeute sont aussi concernés.
Deux fiches outils à l’attention des professionnels de santé « Comment repérer et évaluer ? »(1), l’autre sur « Comment agir ? »(2). |
Les dix recommandations de la HAS
· Montrer son implication, grâce à des affiches et des brochures mises à disposition des patients dès la salle d’attente.
· Questionner systématiquement, même en l’absence de signes d'alerte. En effet, un repérage précoce est primordial car les faits de violences s’aggravent et s’accélèrent avec le temps. De plus, la violence au sein du couple concerne tous les âges de la vie et tous les milieux sociaux et culturels.
· Repérer certains facteurs précipitants de la violence comme la grossesse, le post-partum, un handicap, une maladie chronique etc. Dans tous les cas, adopter une attitude empathique et bienveillante sans porter de jugements.
· Prendre en compte l’impact sur les enfants du foyer pour les protéger : toute situation de violence au sein du couple constitue une situation de maltraitance pour les enfants qui y sont exposés.
· Expliquer les spécificités des violences au sein du couple pour déculpabiliser la patiente et l’aider à agir.
· Évaluer les signes de gravité et mettre en place des mesures de protection en cas de besoin.
· Établir un certificat médical ou une attestation professionnelle, qui peut être utilisé pour faire valoir les droits de la victime et obtenir une mesure de protection.
· Le cas échéant, faire un signalement : avec l’accord de la victime, porter à la connaissance du procureur de la République les sévices ou privations constatés, sans nommer l’auteur des faits (accord non indispensable si la victime est un mineur ou une personne vulnérable).
· Informer et orienter la victime en fonction de la situation : droit de déposer plainte pour des faits qui sont de nature pénale, orienter vers les structures associatives, judiciaires et sanitaires d’accompagnement.
· S’entourer d’un réseau sanitaire multidisciplinaire.
- par Carole Ivaldi