[WEB-SÉRIE #9] SAMU 44 - Harmoniser et décloisonner entre Samus
Les Samus sont bien différents les uns des autres. Un programme de modernisation national appelé "SI-SAMU" vise à effacer cette hétérogénéité.
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« Le plateau est organisé en différents niveaux que vous avez pu identifier : le front-office niveau 1, le front-office niveau 2. Moi, je suis en niveau 2, donc je suis en régulation médicale. Mon rôle est découpé dans la journée en plusieurs parties. Ce matin, je régule les appels, je suis en position de médecin régulateur urgentiste. Tous les appels qui me sont passés et qui relèvent d’une urgence vitale potentielle ou avérée sont passés à la médecine d’urgence. Mon rôle, après la qualification et l’accueil par l’assistant de régulation médicale, c’est d’aller plus loin dans l’analyse et finalement, de déterminer la meilleure réponse par rapport à la demande de soins du patient. La réponse la plus adaptée, pour parler plus précisément. Finalement, ça part parfois du conseil médical simple, mais nous, on en fait quand même un peu moins, jusqu’à l’engagement d’un moyen de type SMUR, en passant par l’engagement de moyens opérationnels pompiers ou ambulanciers privés.
Donc, pour ce matin, moi je suis médecin régulateur urgentiste et on découpe la journée pour aussi sécuriser notre travail. Historiquement, je dis historiquement, parce que ça fait quand même quelques années, on avait des grandes plages de régulation, aujourd’hui, on a bien conscience qu’il faut limiter vu la pénibilité et la charge de travail que ça représente pour maintenir aussi des capacités de discernement au fil du temps, donc on coupe la journée et on passe de SMUR l’après-midi.
Par exemple, cette après-midi, je suis passé de SMUR et donc je suis du premier départ et s’il y a une décision d’engagement du SMUR par le médecin régulateur, je partirai avec une équipe qui est composée, parce qu’il faut aussi parler de l’équipe, d’un ambulancier et d’une infirmière.
Ici, nous avons un médecin junior en plus qui est un interne en formation, ce qui nous permet de partir à quatre.
On peut peut-être parler de la convergence qu’on a avec le programme national. Historiquement, les SAMU se sont développés à l'échelle départementale, donc de manière aussi un peu individuelle et hétérogène. Le rapport 2010 de modernisation a signalé qu'il y avait une très grande hétérogénéité des SAMU entre eux sur les plans de l'organisation et techniques. Il a été lancé un programme national de modernisation qui correspond aujourd’hui au programme SI-SAMU, qui vise à sécuriser les SAMU entre eux sur le plan technique, à mettre finalement beaucoup de technologies, mais aussi des processus métiers harmonisés de plus en plus pour qu’on puisse travailler de manière efficace et sécuritaire. Plein de SAMU en France participent à sa construction, parce que c’est vraiment aussi porté par le métier.
Ce qu’on met en place à Nantes particulièrement, parce que je vais parler du service dans lequel je travaille, est assez convergent en termes de pratiques aussi, vis-à-vis du programme national. J’entends par là qu’aujourd’hui, vous avez vu à travers l’articulation des SAMU, qu’on passe d’une régulation très départementale à un décloisonnement et à une pratique beaucoup plus territoriale. Donc aujourd’hui, les SAMU, en tout cas nos SAMU régionaux, et je pense que de plus en plus en France on est confronté à ça, décloisonnent et élargissent leur vision territoriale de pratiques.
C'est une première phase probablement pour nous. Il y a toute la conduite du changement à mener, c’est une phase inéluctable si on veut maintenir le niveau d’expertise par rapport à ce qu’il faut vraiment que vous preniez en considération, qui est une charge de travail énorme avec une augmentation tous les ans à deux chiffres en termes de nombre d’appels. Avec quand même le contexte médico-économique contraint qui est le nôtre de faire aussi bien, sinon encore mieux, à effectif constant, avec une charge de travail majorée. Il y a forcément des aspects organisationnels à aborder, et puis parfois, lorsque c’est nécessaire aussi, l’allocation de ressources, parce que vous avez pu aborder, avec Freddy Fouillet, la problématique d’adéquation à la charge. Aujourd’hui, quand on fait face à des pics d’activité, on n’a pas ou peu de capacité à allouer des ressources pour faire face et décrocher les gens parce que l’enjeu principal, c’est l’accessibilité au centre d’appel d’urgence. Il faut rentrer pour pouvoir être décroché, qualifié et obtenir une réponse. Si vous ne rentrez pas, eh bien vous pourrez toujours attendre. Donc nous, on travaille pour augmenter et performer l’accessibilité au centre d’appel. Il faut rentrer dans la boutique, entre guillemets. Et ça, c’est un point majeur. Il y a plusieurs organisations métiers, mais aussi techniques, qui sont possibles et qui nous permettront, je pense, de faire mieux dans le contexte.»
- par Carole Ivaldi & Guillaume Exer