Le manque d’activité physique réduira l’espérance de vie de nos enfants

Le Professeur Carré, cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes, tire la sonnette d’alarme sur le réel danger que représente la sédentarité croissante des enfants et des adolescents.

Par Carole Ivaldi.

Carole Ivaldi

 

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Des recommandations sur l’activité physique non respectées  

Enfants de moins de 2 ans 

« Aussi surprenant que cela puisse paraître, aujourd’hui, il faut faire des recommandations aux parents pour leurs tout-petits, c’est-à-dire pour que des enfants de moins de deux ans bougent assez », souligne le Pr. François Carré« Alors que les recommandations sont de trois heures d’activité physique par jour pour cesenfants-, nombreux sont ceux qui ne les font pas, car ils sont devant des écrans. Or les écrans sont interdits pour les moins de deux ans. » 

Enfants de 2 à 6 ans

Pour cette tranche d’âge, les recommandations sont aussi de faire trois heures d’activité physique par jour, au sens de bouger, et moins d’une heure d’écran par jour.  

Enfants de 6 à 17 ans 

Enfin pour les enfants de 6 à 17 ans, il faut faire une heure d’activité chaque jour. Or, moins de 5% des enfants de cette tranche d’âge le font.   

L’activité physique des jeunes diminue

Les chiffres d’une récente étude de l’OMS publiés dans la revue médicale The Lancet Child & Adolescent Health(1) montrent que le niveau d’activité physique des jeunes a encore baissé.La prévalence de l’inactivité physique des jeunes en France est ainsi passée de 85% en 2016, à 87% aujourd'hui « Nous ne sommes pas parvenus à casser cette tendance car les parents n’ont pas réalisé le risque que cela représentait pour leurs enfants qu’ils ne bougent pas », analyse le Pr. François Carré. « Lorsqu’on ne bouge pas, le risque de développer un diabète ou d’autres maladiesaugmente, la capacité physique diminue, les résultats scolaires sont moins bons, l’estime de soi aussi. On parle aujourd’hui de dépression chez des enfants de douze ans.  Il y a vingt ans, cela ne concernait pas des enfants si jeunes. C’est aussi dû aux écrans qui déconnectent nos enfants du monde réel. » 

«  Sittingis the new smoking  »

Le professeur Carré est catégorique : « il faut que les parents se rendent compte du risque qu’encourent leurs enfants. Aujourd’hui on dit que « sittingis the new smoking » : la sédentarité c’est le nouveau tabac. On ne savait pas il y a soixante ans que le tabac était dangereux. Tout le monde fumait. On ne sait pas aujourd’hui que de ne pas bouger, c’est dangereux. Personne ne bouge. Il faut absolument qu’il y ait une prise de conscience de la population. À nous de proposer des solutions, en faisant de la prévention auprès des parents et des enfants. À l’éducation nationale d’encourager l’activité physique car elle favorise aussi de meilleurs résultats scolaires. Aux acteurs politiques d’encourager l’activité physique avec des parcs, des voie aménagées en ville. Il n’y a que comme ça que l’on parviendra à renverser la tendance avant que l’on ait une génération de perdue. » 

Les jeunes filles, encore plus en danger 

Dès l’âge de dix-onze ans ans, une vraie différence quant à l’activité physique se creuse entre les garçons et les filles. L’étude de l’OMS montre qu’en 2017, 85% d’entre elles ne suivaient pas les recommandations en matière d’activité physique, contre 78% des garçons au même âge. « Et le problème est qu’on ne sait pas exactement pourquoi. Elles consommeraient plus d’écranset on a l’impression que ce n’est pas tendance pour une adolescente de faire du sport. Il ya d’ailleurs beaucoup plus de diabétiques chez les jeunes filles que chez garçons du même âge. » 

La capacité physique et donc l’espérance de vie des jeunes diminuent ! 

La capacité physique, qui est le marqueur permettant d’évaluer l’espérance de vie, est en nette régression«  Plus je monte d’étages sans être essoufflé, meilleure est ma capacité physique », simplifie le Pr. Carré« En 2011, les collégiens avaient une capacité physique inférieure de 25% à ceux de 1971.Nos enfants ou nos petits enfants risquent donc de vivre moins longtemps que nous, car leur capacité physiquelorsqu’ils sont jeunes est plus basse, et ensuiteelle diminue avec l’âge. Cependant, note optimiste, la capacité physique s ‘améliore dès lors que l’on pratique une activité physique. On peut donc facilement changer la donne et prolonger son espérance de vie. À tout âge, il faut entretenir notre capacité physique et bouger suffisamment. »,conclut le Professeur François Carré.

(1)https://www.thelancet.com/journals/lanchi/article/PIIS2352-4642(19)30323-2/fulltext

 

Le sport comme arme face au traumatisme

  • Engagement pour que les femmes victimes de violences aient une pratique sportive
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